Le vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), Mustapha Mekidèche, a jugé hier que la situation économique en Algérie n'est pas alarmante, mais préoccupante. «On ne peut pas dire alarmant, mais préoccupant. On a connu un choc externe extrêmement violent en termes de durée et de volume de perte de recettes extérieures», a reconnu l'expert économique, lors de son passage à la Radio nationale. Pour lui, «les instrument mis en place pour absorber la crise, tels que le Fonds de régulation des recettes (FRR), et les avoirs extérieurs font qu'il y a un répit». Bien qu'il ait tenté de relativiser l'impact de la chute des prix du pétrole sur l'économie, Mekidèche a estimé que «le problème, c'est de faire en sorte que ce répit puisse être utilisé pour mettre en place les réformes qui vont diversifier l'économie». Et dans ce sens, le vice- président du Cnes a jugé que l'objectif de 9% de réduction des dépenses prévu dans la prochaine loi de Finances 2016 est insuffisant. «Il va falloir aller plus loin que les 9% avancés par le Premier ministre. Ce n'est pas assez pour pouvoir participer à la réduction du déficit budgétaire. Il va falloir aussi afficher la grille d'arbitrages selon certains secteurs», préconise l'invité de la Radio. Il explique, à ce titre, que les pouvoirs publics sont appelés à «revoir la typologie des investissements qui seront lancés sur financement budgétaire», outre la révision du budget de fonctionnement «qui n'est pas encore à l'ordre du jour», ajoute Mekidèche. Analysant la situation globale de l'économie nationale, l'expert économique juge que sur le plan financier, «nous n'avons pas de problèmes de devises et d'équilibres de nos moyens extérieurs à moyen terme. La balance de paiement peut tenir le coup» aussi. Mais, soutient la même source, c'est sur le plan interne que des défis se posent. «Le problème réside au niveau des équilibres internes, dont le déficit budgétaire, d'autant que l'alimentation du FRR des recettes ne va pas se faire, en volume et en vitesse, avec les mêmes quantités que nous avions avant», regrette l'invité de la Radio. Quant aux capacités de financement des déficits, elles peuvent couvrir «deux exercices ou au maximum trois», prévoit Mekidèche. Par conséquent, il estime que «ce n'est pas assez, donc il faut aller vers une rationalisation des dépenses publiques et trouver d'autres financements de ces déficits autre que le recours au seul FRR». En d'autres termes, il faut aller vers le marché financier pour certains types de projets. Il recommande aussi de revoir le train de vie de l'Etat de manière à réduire les gaspillages et revoir le dossier des transferts sociaux. Justement, au sujet des subventions, il s'est dit pour un dispositif de ciblage. Quant à la prochaine rencontre qu'organisera le Cnes, le 15 septembre prochain à Alger, pour aborder l'état de l'économie nationale, Mekidèche a préconisé d'aller vers «des réflexions académiques, institutionnelles, sociales et politiques pour pouvoir trouver un plan de sortie de crise qui soit à la fois efficace et remportant le consensus le plus large». S. B.