Madani Mezrag menace l'Etat et son chef de représailles au cas où il serait finalement empêché de créer son FARES, le Front algérien de réconciliation et de salut. On ignore cependant ce qu'il ferait concrètement le cas échéant. Pour l'instant, il s'est contenté de dire, sur un ton assez acrimonieux, qu'il ferait alors entendre «ce que le président de la République n'a pas entendu jusqu'alors». Il est manifestement en colère l'ex-chef de l'Armée islamique de Salut (AIS), la branche armée du FIS. Comme s'il avait besoin de dire qu'il se sentait floué du fait même que des promesses politiques qu'on lui aurait faites n'auraient pas été tenues. Parmi ces promesses, il y en a une bien importante : créer son propre parti qui regrouperait notamment une partie des anciennes bases du FIS dissous. Sur la chaîne de télé privée El Watan (proche du MSP), il a même cité les noms des auteurs de ces promesses. Entre autres, celui d'un ancien directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika. Reste que la prestation télévisuelle de Madani Mezrag a fait le buzz médiatique et suscité déjà une première réaction du pouvoir. Le directeur de cette chaîne a en effet été invité à s'expliquer au ministère de l'Information et à la Dgsn. Convocation pour le moins curieuse car ce ne sont pas les intervieweurs qui doivent fournir des explications, mais l'interviewé lui-même ! Car, il faut bien en convenir, Madani Mezrag est un cas politique qui pose des problèmes politiques auxquels il faudrait bien trouver une solution finale. L'ex-chef d'un groupe terroriste repenti et amnistié, auteur de crimes de sang et partie prenante de «la Tragédie nationale», a-t-il, oui ou non, le droit de faire de la politique ? Non, a tranché récemment le président de la République qui l'a fait savoir par communiqué dûment estampillé. Et qui, du coup, a levé définitivement cette ambigüité, ce malentendu, découlant du fait d'avoir bel et bien, par directeur de cabinet présidentiel interposé, discuté avec Madani Mezrag au sujet de la prochaine révision constitutionnelle. Et considéré, de facto, comme une personnalité politique qualifiée et légitime ! Reste alors le fond de la question qui relève de la loi, qu'elle soit bonne ou mauvaise, juste ou injuste. Pour l'instant, et sous réserve d'un nouveau droit constitutionnel, la loi empêche le retour du FIS sur la scène politique, sous quelque forme que ce soit. L'article 26 de l'ordonnance relative à l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est clair à ce sujet. Il stipule que «l'exercice de l'activité politique est interdit, sous quelque forme que ce soit, pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale». Et qu'il est «interdit également à quiconque, ayant participé à des actions terroristes refuse, malgré les dégâts commis par le terrorisme et l'instrumentalisation de la religion à des fins criminelles, de reconnaître sa responsabilité dans la conception et la mise en œuvre d'une politique prônant la violence contre la Nation et les institutions de l'Etat». Justement, c'est le cas de Madani Mezrag et de ses acolytes de l'AIS, repentis ou pas, amnistiés ou non. N. K.