L'ex-«émir» de l'AIS Madani Mezrag, qui a fait parler de lui ces derniers temps en organisant illégalement une université d'été et en annonçant la création de son parti n'a pas, du point de vue juridique, le droit de créer un parti. «L'exercice de l'activité politique est interdit sous quelque forme que ce soit pour toute personne responsable de l'instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale. L'exercice de l'activité politique est interdit également à quiconque ayant participé à des actions terroristes et qui refuse, malgré les dégâts commis par le terrorisme et l'instrumentalisation de la religion à des fins criminelles, de reconnaître sa responsabilité dans la conception et la mise en œuvre d'une politique prônant la violence contre la Nation et les institutions de l'Etat», stipule l'article 26 de la Charte pour la réconciliation nationale. C'est sur la base de cette charte que Madani Mezrag, «émir» national de l'ex-armée islamique du salut (AIS) a pu réintégrer la société en quittant les maquis. C'est en enfreignant cette charte qui lui a permis de réintégrer la société que Madani Mezrag cherche à créer un parti politique. Pourtant, toutes les conditions pour l'application de l'article 26 de cette charte sont réunies pour empêcher l'«émir» national de l'ex-AIS, bras armé du parti politique de Abassi Madani, de mettre son projet à exécution, notamment le fait de «refuser de reconnaître sa responsabilité dans la conception de la violence». Cet ex-«émir» a multiplié les déclarations médiatiques dans lesquelles il «justifie» le terrorisme auquel il a recouru, et a même proféré des menaces dans le cas où le droit à l'exercice politique ne lui est pas accordé. Madani Mezrag a cru choisir le bon moment pour exprimer son chantage ; lui qui faisait l'objet d'un avis de recherche avec récompense de 3 millions DA pour sa capture dans les années 1990 tente d'obtenir ce que d'autres responsables de l'ex-front islamique du salut (FIS) ont échoué à obtenir, à savoir le retour de ce parti dissous sur la scène politique, oubliant qu'il lui est impossible d'arriver à ses fins puisque les lois de la République le lui interdisent clairement, ainsi qu'à ses acolytes. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, a réagi de manière très diplomatique Interrogé sur une éventuelle réaction officielle après l'annonce faite le 27 août 2015 par Madani Mezrag de création d'un parti politique, le ministre a annoncé que «le gouvernement ne réagit pas sur la base de déclarations faites par les uns et par les autres», et a rappelé que «la République est gérée par des lois» et que «ces lois s'appliquent dans toute leur rigueur». Le ministre de l'Intérieur a ajouté que Madani Mezrag n'a pas déposé de dossier pour demander un agrément de son prétendu parti politique. Certes, il reste l'article 47 de la charte pour la réconciliation nationale qui accorde le droit au président de la République de prendre n'importe quelle décision dans le dossier de la repentance, mais il reste la législation promulguée il y a quelques années interdisant toute instrumentalisation de la religion à des fins politiques. «En vertu du mandat qui lui est conféré par le référendum du 29 septembre 2005 et conformément aux pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution, le président de la République peut, à tout moment, prendre toutes autres mesures requises pour la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». Même si des modifications étaient faites concernant la charte, la loi promulguée il y a quelques années est là pour empêcher la création du parti politique de Madani Mezrag.