Par Noureddine Khelassi Colossale performance ! Ils sont Champions du Monde deux fois de suite nos Verts militaires ! 2011 et 2015, deux repères lumineux pour le foot algérien. On pourrait ergoter au sujet de cette prouesse, dire par exemple que la médaille de l'honneur est en chocolat. Mais qu'importe finalement, les Fennecs de l'ANP sont les meilleurs du monde ! Les footeux civils, embourgeoisés qu'ils sont, n'ont guère fait mieux. En foot de sélection, la primauté et la victoire sont donc militaires. En Algérie, les premiers lauriers du ballon rond sont militaires. Lorsque, pour la première fois depuis l'Indépendance, une sélection accéda à la phase finale d'un Mondial, le pays le dut alors à ses militaires finalistes en Grèce, en 1969. 42 ans plus tard, c'est au tour d'une autre EN militaire d'être sur le toit de la planète en devenant le 43e champion du monde. Quatre ans plus tard, l'EN entrainée comme sa devancière par un technicien du cru et avec des joueurs du terroir, devient le 44e Champion du monde ! En remportant deux fois de suite le trophée des champions, les Algériens, joueurs amateurs ou semi-professionnels, issus tous des différents championnats nationaux, sont entrés dans le club huppé des pays qui ont raflé la Coupe du monde militaire. L'Algérie figure donc dans le gotha mondial du foot militaire où sont inscrits l'Italie, la Grèce, la France, l'Egypte, l'Irak, le Koweït, l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne et le Portugal. Dans le monde arabe, l'Algérie est le 4e pays champion du monde et le premier à l'échelle maghrébine. Comme en 2011, cette belle victoire couronne une excellente préparation dans la joie collective, la bonne humeur et la convivialité qui n'ont pas été bridées par le sens de la discipline militaire. La fameuse rigueur des hommes en armes n'a pas empêché la joie de vivre ensemble, tous tendus vers la victoire finale. Tout comme ce fut le cas avec Abderrahmene Mehdaoui, champion du monde en 2011, cet exploit est à mettre à l'actif du sélectionneur Younes Ifticène. L'homme savoure une victoire qu'il doit à ses qualités indéniables de technicien de valeur, mais aussi au talent insolent d'une génération de joueurs de qualité. Des amateurs au comportement professionnel. Des soldats du foot qui ont fait la différence sur les valeurs de l'effort, l'abnégation, le don de soi pour le collectif, la disponibilité pour l'effort, le sacrifice et la discipline sur le terrain et en dehors. Qualités qui ont servi de socle pour leur talent et dont on a vu les manifestations techniques, physiques et tactiques sur les terrains sud-coréens. Hocine Benayada, Abdelkader Salhi, Mohamed Benkablia, Oussama Derfalou et Zakariya Haddouche, entre autres djounoud méritants, ont fourni le contre-exemple sur le terrain. Vrai exemple d'une équipe authentiquement locale, formée de joueurs non expatriés, modestes, désargentés mais dotés d'un enthousiasme et d'une force de caractère qui ont fait que l'impossible footballistique ne fut pas algérien. À l'opposé de leurs homologues civils, des professionnels issus essentiellement de championnats européens. En donnant à l'Algérie son second titre mondial de foot, même militaire et peu médiatique, les joueurs d'Ifticène ont à leur tour mérité grandement du pays et gagné son respect. Au même titre que leurs glorieux aînés de l'équipe du FLN de l'Algérie combattante. Et même si la médaille de vermeil qu'ils ont ramenée de Corée du Sud n'a pas le brillant d'un Mondial civil, leur victoire signifie tout de même qu'Algérien ne rime pas avec rien. Et ce n'est pas rien de souligner que leur titre contribue à propager dans le pays une culture de la gagne et de la performance. Celle qui doit gouverner le pays, son administration et ses entreprises. Celle dont l'armée donne encore aujourd'hui l'exemple. N. K.