Nasser Hannachi La 9e édition du Festival international du malouf de Constantine (du 25 au 31 octobre), qui se tient cette année sous le slogan «Malouf, héritage des générations» et dédiée à Ahmed El Fitachi, a été inaugurée dimanche soir dernier au Théâtre régional (TRC). Salim Fergani, Rim Hakiki et la diva du maqam iraquien Farida, se sont alternés sur la scène pour cette première soirée, en présence d'un public nombreux, d'invités et d'autorités locales. Outre la présence des responsables de la culture, dont le représentant du ministère de la Culture, Ismail Oulebsir. Le maestro luthiste, Salim, le fils du pionnier El hadj Mohamed Tahar Fergani, subjuguera les mélomanes à travers une présentation de haute qualité. Son œuvre, une nouba sika, a été interprétée magistralement. Les adeptes du genre ont tout simplement apprécié les prouesses instrumentales du groupe. Les istikhbars, tantôt au luth tantôt au violon, seront nuancés par la flûte qui exhumera tout le charme séduisant du malouf, celui des puristes. Salim, qui est un habitué du festival, dédiera ce prélude à son maître ainsi qu'à son père, et s'est dit «heureux d'avoir pris part à cette manifestation internationale qui se tient dans son propre fief, Constantine, en présence d'un public connaisseur de cette musique savante». Il estimera que l'hommage rendu à son père est mérité étant donné son parcours artistique. Et «ce n'est pas parce qu'il est mon père...», ironise-t-il. De l'école Constantine à celle de Tlemcen. Rim Hakiki animera la deuxième partie de la soirée. Elle s'est distinguée avec la nouba Rasd dil. Accompagnée d'un orchestre académique, la chanteuse prend part pour la deuxième fois à ce festival universel, étalera toute sa classe vocale teintée de rebab, violon, Oud. La mandoline en rajoutera en solo un zest assez plaisant. «J'ai aimé cette première soirée pourvu que toutes nos fêtes soient ainsi... Merci aux organisateurs d'avoir pensé à moi et de m'avoir invité», dira l'artiste. El Maqam El Iraqi achèvera cette première soirée. Le théâtre s'est pratiquement vidé. «C'en est trop pour la première soirée. Les organisateurs ont surdosé l'inauguration», devait commenter un mélomane. La manifestation qui s'étalera jusqu'au 31 du mois en cours, devait se poursuivre hier avec trois formations, l'une de Tunisie avec le chanteur Soufian Ezaidi et les deux autres de Constantine (Mohamed Bentabet et la troupe de Nasri Mmohamed Cherif). On notera que, pour la soirée d'ouverture du moins, l'engouement du public était modeste. Les observateurs restent toutefois sceptiques pour la suite et ne misent pas beaucoup sur l'impact que générera ce festival qui pourtant, après huit éditions, a mûri. «Il vaudrait mieux le maintenir au TRC. Au Zénith, avec ses 3 000 places, l'écho des sièges vides retentiraient», dira un spectateur avec lequel s'accordent ses compagnons. Lors de son intervention, M. Oulebsir a réitéré les aspirations de son secteur, via le ministère, à préserver le capital culturel national immatériel. «La classification du malouf est une priorité pour le ministère de la Culture, comme c'était le cas pour les autres formes déjà inscrites patrimoine immatériel (l'imzad par exemple)», a souligné l'orateur et de faire éloge des chouyoukhs (Bentobal, Hamou Fergani, Cheikh Toumi,...). «Mohamed Tahar Fergani et Kadour Darsouni avaient appris le malouf et l'ont transmis aux générations à travers les écoles qui ont vu le passage de plusieurs artistes», dira-t-il. Ces deux figures marquantes de l'histoire de cette musique andalouse ont été honorées avant l'émission de la première note. Bouquets de fleurs, certificat de gratitude et dotation financière. «Une récompense à la dimension de leur contribution dans l'enseignement et dans la préservation de cette musique. Il n'y a pas de ‘‘prix'' pour cela», ont souligné tour à tour le commissaire du Festival et le représentant du ministère. «J'ai 87 ans et cela fait longtemps que j'attends cet hommage. Merci», dira Mohamed Tahar Fergani. Cheikh Darsouni, alité, n'a malheureusement pas assisté à l'hommage qui lui est rendu. Sa famille présente au premier rang a reçu un fort message de soutien de la part du commissariat du festival et de M. Oulebsir. N. H.