Pendant plus d'une décennie, l'Algérie, isolée, a alerté le monde entier sur la menace du terrorisme. Il aura fallu attendre les attaques du 11 septembre pour que ses mises en garde soient prises en compte. Aujourd'hui et forte de l'expérience que ses enfants ont acquis en luttant, seuls, contre ce fléau, l'Algérie est très sollicitée pour apporter son aide. Sans ménager aucun effort et tout en poursuivant l'éradication du terrorisme sur le plan interne, l'Algérie participe activement à la lutte antiterroriste sur le plan international. En fait, les dirigeants ont pris conscience du fait que la sécurité du pays reste indissociable de celle de la région et du monde. Au Sahel, l'éclatement de plusieurs foyers d'instabilité menace la stabilité et la sécurité des pays voisins et donc celle de l'Algérie qui sait pertinemment qu'il n'est plus possible de poser la problématique sécuritaire du pays en l'isolant de la région sahélienne. C'est la raison pour laquelle l'Algérie travaille ardemment à résoudre la crise des Etats voisins dont les faibles capacités conjuguées à des zones frontalières immenses, a conduit à la porosité des frontières, rendant possible les déplacements incontrôlés des personnes et des biens divers ce qui a facilité le développement des bandes terroristes et des trafiquants. Cela a été le cas au Mali et en Libye. L'intervention de l'Algérie pour le dénouement des crises dans ces deux pays est primordiale car le Mali est un pays très fragile sur le plan sécuritaire avec la montée en puissance de l'Aqmi et du Mujao alors que le chaos qui règne en Libye, a créé de nouvelles menaces exercées par l'apparition des groupes liées à Daech et le groupe de Bako Haram. Selon des experts, des djihadistes libyens ont développé des liens avec les groupes radicaux du nord du Mali et avec Boko Haram au Nigeria. Mais pas seulement, la crise libyenne a eu des répercussions catastrophiques et sans précédent sur la sécurité des pays de la région avec notamment la dispersion d'un grand nombre d'armes (fusils, roquettes, mines, kalachnikov, obus, armements chimiques, missiles sol-air...) et le retour des mercenaires dans leur pays d'origine. Cette grande quantité d'armes a été introduite au sahel et même dans les pays du Maghreb dont l'Algérie. Ce qui a permis aux groupes d'Al Qaïda au Maghreb Islamique de reprendre du poil de la bête et de mener plusieurs attentats aux frontières dont à titre de rappel l'attaque meurtrière sur le site gazier de Tiguentourine. Le risque a grandi donc avec l'apparition de ces nouveaux groupes se revendiquant de Daech et avec cette montée en puissance du terrorisme, l'Algérie a décidé de faire dans la prévention à tous les niveaux. Pour l'Afrique, des responsables des services de renseignements et de la sécurité algériens, tunisiens et égyptiens se sont rencontrés pour évaluer les risques et étudier les moyens de lutte commune. Il y a également lieu de citer la création du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) qui est une structure militaire d'état-major regroupant des forces armées du Mali, du Niger et de la Mauritanie sous l'égide de l'Algérie. Ce comité a le rôle d'assurer la coordination et la conduite des opérations combinées dans la lutte contre le terrorisme et les trafics transfrontaliers illicites. Il y a eu également la création du le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) dont le principale rôle est l'échange de renseignements pour coordonner les actions transsahéliennes. L'Algérie active sur plusieurs autres plans. Il y a lieu de citer à titre d'exemple son étroite coopération avec Interpol. En effet selon les déclarations des premiers responsables de cette organisation, l'Algérie est un «membre essentiel et incontournable». Il faut rappeler à ce propos qu'Oran a abrité la 22e conférence régionale africaine d'Interpol qui a été une occasion pour la présidente d'Interpol de souligner que «l'expertise et la vision de l'Algérie nous sont précieuses». Elle a affirmé que «l'Algérie est très présente, dans le cadre d'Interpol, pour apporter son aide et son soutien nécessaires aux pays qui en ont besoin. C'est une coopération fructueuse qui mérite d'être approfondie davantage, notamment en matière de lutte contre le terrorisme». Toujours dans le cadre de sa lutte sur un plan externe, l'Algérie abrite et participe à de nombreuses rencontres portant sur la lutte contre le terrorisme. Dernièrement et à juste titre indicatif et non quantitatif, l'Algérie a abrité la réunion sur le Sahel du Forum mondial de lutte antiterroriste (Fgct). Le Fgct est un mécanisme multilatéral lancé à New York en septembre 2011. Il vise à renforcer l'architecture internationale de lutte contre le terrorisme transnational et à établir une coopération internationale renforcée en mobilisant l'expertise et les ressources nécessaires. Membre fondateur du Forum qui comprend 28 pays et deux organisations internationales (Nations unies et Union européenne), l'Algérie co-préside avec le Canada le groupe de travail régional sur le Sahel. La rencontre de ce Forum abritée par Alger a porté notamment sur l'évaluation de la situation sécuritaire dans le Sahel et sur l'examen des pistes de collaboration dans le cadre de ce Forum. D'autres questions importantes ont également été abordées lors de cette rencontre dont particulièrement celles inhérentes à la lutte contre le financement du terrorisme et l'assèchement de ses sources de financement. D'ailleurs le Fgct a adopté «le Mémorandum d'Alger sur les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre rançon par des terroristes et d'élimination des avantages qui en découlent». Et sur cette question, l'Algérie mène un combat diplomatique des plus ardus. L'Algérie a d'ailleurs souligné à plusieurs reprises à l'ONU que la lutte antiterroriste intégrait «l'action résolue pour l'assèchement des sources de financement au terrorisme». Elle a fini par avoir gain de cause puisque le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l'initiative de la Grande Bretagne, une résolution demandant aux Etats membres de ne pas verser de rançon, financière ou politique aux terroristes en cas d'enlèvement ou de prise d'otages. L'Algérie est donc engagée de façon résolue dans une coopération antiterroriste avec ses voisins et les puissances mondiales car elle reste la puissance régionale du Maghreb et son expertise sécuritaire après une décennie de guerre civile est indéniable. H. Y.