Avec la menace persistante venant depuis la Libye où la présumée organisation Daesh continue de développer ses bases en toute liberté et sans être combattue, l'Algérie n'est pas encore sortie de la situation d'insécurité. Aussi, multiplie-t-elle les efforts et le déploiement de ses troupes pour sécuriser au maximum ses frontières. Il y a deux ans, la France lançait son opération militaire «Serval» au nord du Mali. Ensuite s'en est suivie l'opération «Barkhane». Les troupes françaises sont à bout du souffle. Mais les groupes et milices armés sévissant dans cette région du Sahel n'en sont pas anéantis pour autant. Cet échec ne fait que confirmer ce que l'Algérie n'a cessé de ressasser des années durant. La lutte antiterroriste ne se fait pas seulement avec des troupes bien équipées et des avions. Une préparation préalable au combat terrestre face à un ennemi, connaissant parfaitement le terrain et préparé à toute attaque, est nécessaire. L'Algérie, qui a réussi à mettre à néant la menace terroriste sur son sol, continue cependant de subir les menaces venant des pays voisins, notamment dans la région de l'extrême-sud. Au Mali, l'échec enregistré par les Français dans leur deux opérations, à savoir Serval ensuite Barkhane, a des conséquences sérieuses sur nos frontières sud. D'une part, l'Algérie se retrouve non seulement obligée de gérer un flux important de populations sub-sahariennes fuyant les zones de combat, et de l'autre, voit la menace grandissante des groupes armés qui pullulent au Nord-Mali. Les conséquences pour la sécurité de notre pays peuvent être sérieuses. Ces derniers trouvent leur compte avec le trafic de drogue, d'armes ou encore en profitant des conditions de vie misérables des populations locales pour y trouver refuge sans aucun problème. Ce phénomène est à la fois une menace sérieuse pour la sécurité et la stabilité du pays, mais aussi de l'ensemble de la région. L'absence de toute structure étatique dans le Nord- Mali fait que le terrorisme y prolifère en toute quiétude. Le terrorisme est une menace globale, requérant une mobilisation internationale, n'a cessé de rappeler l'Algérie. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, lors de son passage à la Radio, Chaîne 3 dernièrement, l'a affirmé en disant que pour faire face à cette menace quotidienne, «une riposte globale» est plus que nécessaire. L'Algérie a la lourde tâche de sécuriser et de déployer des troupes le long de ses 6 400 km de frontières devant être surveillés en continu. «Les forces de sécurité mènent aussi une lutte implacable contre le terrorisme, mais là il faut rappeler de rester vigilant», a insisté M. Messahel. Pour ce faire, un travail de coordination et de lutte a été entamé entre les pays du Sahel, plus particulièrement dans le cadre du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc). Mais garantir la stabilité dans le Sahel, et l'Algérie, est totalement dépendant de la stabilisation de la Libye. C'est un fait. M. Messahel dira à ce propos que «la sécurité de l'Algérie dépend d'abord de nos capacités, il n'en reste pas moins vrai qu'on ne peut pas rester indifférents par rapport à ce qui se passe à nos frontières». Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, avertissait dès octobre dernier que les groupes terroristes et leurs alliés feront tout pour que l'accord de paix au Mali ne soit pas appliqué. Dans son interview accordée au journal français Le Monde, il a fait savoir qu'au Nord- Mali, des défis s'imposaient. «Evidemment, il y a des défis : une économie criminelle s'est installée dans le nord du Mali, dont les tenants, alliés à des groupes terroristes, feront tout pour que cet accord ne soit pas appliqué», a-t-il affirmé. A la bande frontalière algéro-malienne, de nombreuses tentatives d'intrusions et d'introductions de différentes marchandises de contrebande allant des drogues aux armes, ont été déjouées à maintes reprises par les éléments de l'Armée nationale populaire. Le rôle incontournable de l'Algérie dans la région du Sahel n'est plus à discuter. Et elle l'a démontré à plusieurs reprises. Le chef d'état-major général des Armées maliennes, le général de division Mahamane Touré, était à Alger, hier, dans le cadre des relations de coopération militaire algéro-malienne pour justement discuter de la coopération militaire bilatérale, en sus des questions d'intérêt commun. M. B.