Désormais, on en sait un peu plus sur le combat de la France contre le djihad au Sahel grâce à un reportage diffusé par le Figaro. Les soldats français sont en perpétuelle mission de fouille et de recherche d'armes au nord du Mali lorsqu'ils ne sont pas occupés à traquer les relais logistiques des groupes terroristes qui empruntent, du Sud libyen au Nord malien, l'«autoroute du djihad», avec armes, argent et combattants. C'est en ces termes que le Figaro décrit les quelques tâches de l'armée qui n'hésite pas non plus à faire feu pour abattre des terroristes. Barkhane, nom du dispositif militaire français dans le Sahel, déploie aussi en ligne quatre drones, basés à Niamey, dont deux sont capables de voler 24 heures sans discontinuer et qui sont dirigés vers un secteur sélectionné pour son intérêt. Satellites ou avions de chasse et renseignement humain sont aussi en oeuvre dans cette guerre. Selon le général de brigade aérienne Jean-François Ferlet, le commandant adjoint de l'opération Barkhane, l'arrivée des drones a marqué une rupture dans la façon d'appréhender les opérations avec la combinaison des différents moyens de renseignement. Quelques exemples: en octobre dernier, un drone détecte au sud de la Libye, un convoi suspect filant vers le nord du Mali et des pick-up chargés de plus de deux tonnes d'armement qui sont détruits par un raid alors qu'une quinzaine de djihadistes sont alors tués ou capturés. Dans le récit, il est aussi indiqué que l'adversaire se joue des frontières et le fait de le combattre exige de s'adapter en permanence ce qui a d'ailleurs conduit, le 1er août dernier, l'opération Serval, centrée sur le Mali à céder la place à Barkhane qui est un dispositif régional commandé de N'Djamena, et couvrant cinq pays (Mauritanie, Tchad, Mali, Niger, Burkina Faso). Trois mille hommes et des moyens mutualisés sur un territoire grand comme près de dix fois la France, «qui irait du Portugal à la Sibérie». Le dispositif est qualifié de plus vaste champ de bataille depuis la Seconde Guerre mondiale. A terme, ces cinq pays doivent assurer eux-mêmes leur sécurité, explique encore au Figaro le général Ferlet. «Avec Serval, on a mis fin à l'industrialisation du terrorisme. Mais la menace est toujours présente et la guerre n'a pas été gagnée complètement», relève un officier supérieur affecté au poste de commandement de Barkhane, qui regroupe 150 militaires à N'Djamena. D'autant que «l'ennemi a changé ses modes d'action. Il se déplace, il a des caches difficiles d'accès», poursuit cette source. Les groupes terroristes savent qu'ils n'auraient pas l'avantage en attaquant frontalement. Alors, ils misent sur la discrétion, la mobilité et la tactique du «faible au fort», en ayant recours au harcèlement et à des mines. Ils évitent de rouler en convoi sur les grands axes, privilégient les messagers et les motards plutôt que le téléphone. Leur nombre, difficile à évaluer, n'excéderait pas quelques centaines, ajoute le quotidien. Le Sahel ressemble à ce que les stratèges militaires appellent un «champ de bataille vide. «Vingt-trois heures et cinquante-cinq minutes par jour, l'ennemi ne se montre pas. Mais pendant cinq minutes, il sort. Et là, il faut être présent et ne pas le lâcher», explique le général Ferlet. D'où l'importance du renseignement. «Il faut tout connaître des modes de comportement de l'adversaire: comment il se déplace, où il bivouaque, comment il prie, quels sont ses points de fragilité», analyse un autre officier supérieur. Dans cette guerre, il y a aussi les Maliens. Mais les défis restent nombreux. Les forces armées maliennes, sévèrement battues à Kidal en mai dernier, ont dû quitter le Nord où elles ne sortent plus guère de leur cantonnement. «Les Maliens ont bien revu leur copie. Ils reprennent du poil de la bête après avoir pris une grosse claque», affirme un officier de Barkhane au journal. Il y a également la Mission des Nations unies pour le Mali avec 8200 militaires. Malgré tout ce dispositif, le quotidien admet que la stabilité dépendra d'un accord politique et de l'issue des discussions engagées à Alger. L'Algérie et la France ne sont pas seules car il y a le soutien espagnol (pour le transport) et des Etats-Unis (pour le ravitaillement en vol et le renseignement).