La France et l'Algérie sont étroitement engagées au Sahel de manière générale et plus particulièrement au Mali. Mercredi prochain et alors que s'ouvrira à Alger la «phase initiale du dialogue inter-malien» qui réunira le gouvernement malien et des mouvements armés du Nord Mali, à quelques milliers de kilomètres, à Bamako, aura lieu, le même jour, la signature du côté français par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d'un accord de défense franco-malien qui prendra la relève de l'opération «Serval». Ce qui ne signifie nullement le désengagement de la France du Sahel. Il ne s'agit en fait que d'«une réorganisation de nos forces dans la zone du Sahel, avec «l'opération Barkhane» -du nom d'une dune prenant la forme d'un croissant sous l'effet du vent- dont l'objectif est essentiellement du contre-terrorisme dans toute la région», a déclaré Jean-Yves Le Drian à la radio «Europe 1». L'opération Serval est terminée. Elle a servi à stopper la progression des terroristes partis du Nord en direction de la capitale Bamako. L'opération fut lancée par le président français François Hollande le 11 janvier 2013. Depuis, le Mali a un président de la République élu mais un problème de réconciliation et de rassemblement entre la population du Nord et le pouvoir central persiste. Ce à quoi s'est attelée précisément l'Algérie qui a offert ses bons offices aux parties maliennes qui se retrouveront autour de la table, mercredi à Alger. Tandis qu'Alger poursuit ses efforts pour faire aboutir la solution politique, la France se redéploie dans tout le sahel pour une opération plus large et permanente de lutte contre le terrorisme. L'état-major de cette opération baptisée «Barkhane», sera situé à N'Djamena et disposera de 3000 hommes grâce à la participation militaire de cinq pays de la zone que sont la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Le Président Hollande sera dans la région à partir de jeudi prochain. Il est attendu en Côte d'Ivoire, au Niger et au Tchad pour lancer officiellement l'opération «Barkhane». On remarquera que l'Algérie, fidèle à ses principes de non-ingérence, ne fait pas partie du dispositif «Barkhane». Il reste tout à fait clair que lorsque les terroristes, poursuivis depuis le massif des Ifoghas par les militaires français, essayent de pénétrer le territoire algérien, l'armée algérienne ne reste pas les bras croisés. Beaucoup d'observateurs citent le cas du groupe de terroristes interceptés et décimés, en mai dernier, par l'Armée algérienne près de Tinzaouatine, non loin de Tamanrasset. Les efforts diplomatiques livrés par l'Algérie pour permettre le dialogue inclusif entre Maliens qui s'ouvre mercredi prochain est tout aussi déterminant pour la suite des opérations de lutte contre le terrorisme dans toute la région du Sahel. En cas d'accord de paix entre Maliens à Alger et tenant compte du nouveau dispositif militaire français, les terroristes n'auront plus aucune chance d'évoluer sur toute la bande sahélo-sahélienne. La simultanéité des deux événements qui auront lieu mercredi, à Alger et à Bamako, démontre l'étroite coopération entre Alger et Paris dans ce dossier. A ces deux volets sécuritaires (dialogue et force militaire) devra s'ajouter un troisième qui est le développement social et économique des pays de la région. Ce troisième volet est indispensable pour une solution durable. Bien sûr que tous ces efforts que déploient aussi bien la France que l'Algérie ne sont pas du goût de tout le monde. Y compris dans la région. Ce qui explique les quelques résistances enregistrées au début du processus d'approche des belligérants. Mais tout semble être rentré dans l'ordre depuis. Le dialogue inclusif inter-malien peut commencer à Alger!