L'idée de créer ce mécanisme, une initiative d'Alger, a été admise en 2013. Depuis, un comité Ad-hoc a été créé afin de concrétiser le projet et hier, à Alger, s'est tenue une réunion des directeurs et inspecteurs généraux de police africains afin d'entériner les textes juridiques relatifs au lancement de ce mécanisme de coopération policière africaine (Afripol). Un lancement annoncé au courant de l'année 2016, après présentation des textes adoptés hier, au prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement Africains (prévu au mois de janvier prochain). La rencontre a également été une occasion d'inaugurer le siège d'Afripol, sis à Ben Aknoun, à Alger. Lors de cette rencontre à laquelle a assisté le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Mohamed Badoui ainsi que le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA) et le secrétaire général du Conseil des ministres de l'Intérieur arabes, le directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général Abdelghani Hamel a, dans une allocution d'ouverture, affirmé que «le projet africain dont la pertinence se mesure aux enjeux sécuritaires non seulement en Afrique, mais également en rapport avec les autres continents, constituera un instrument incontournable de coopération policière internationale dans la riposte collective contre les nouvelles menaces attentatoires à la paix et à la sécurité, auxquelles sont confrontés nos pays respectifs». Le Dgsn n'a pas manqué de revenir sur l'ensemble du processus d'opérationnalisation d'Afripol depuis le lancement de l'initiative en 2013, affirmant que cela traduit «notre détermination et notre volonté à œuvrer conjointement avec la communauté internationale, dans le cadre d'une vision basée sur une réponse policière globale, pour relever les défis de la sécurité et la stabilité dans le monde en perpétuelle évolution». Il a également expliqué qu'Afripol, à l'instar d'autres mécanismes de part le monde comme Europol ou Asiapol, aura des pouvoirs décisionnel, exécutif et opérationnel. Ce mécanisme qui agira en consultation permanente avec le comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité de l'Union africaine (Ctsdss) aura pour mission principale d'assurer le leadership en ce qui concerne toutes les questions de police en Afrique. Il devra prévenir et lutter contre toutes les formes de la criminalité transnationale et du terrorisme, y compris la lutte contre la cybercriminalité, le trafic illicite d'armes et de drogue, la traite des personnes, les atteintes aux espèces sauvages et à l'environnement ainsi que la gestion des frontières. Le Dgsn a tenu, dans son discours, à remercier le président Bouteflika d'avoir soutenu le processus de mise en œuvre du projet d'Afripol, ainsi que le département Paix et Sécurité de la Commission de l'UA et Interpol pour leur expertise, appui et assistance à l'initiative africaine. Dans le même sillage, des remerciements ont été formulés par Assan Kasangye, le coprésident du comité Ad-hoc de la mise en œuvre d'Africom, ainsi que par le Commissaire Paix et Sécurité du Conseil des ministres de l'Intérieur arabes, M. Ismaïl Chergui. Le ministre de l'Intérieur, Mohamed Badaoui qui est intervenu brièvement avant de lancer la séance de travaux à huis clos de la réunion d'hier, a affirmé la détermination de l'Algérie à poursuivre son soutien à Afripol. Le ministre a ajouté que l'Algérie qui accorde un «vif intérêt» au renforcement de la coopération sécuritaire «met à profit notamment son expérience et ses capacités en la matière», ce qui transparaît, a-t-il dit, à travers «notre soutien et les moyens matériels et organisationnels que nous apportons et qui sont à même d'assurer la bonne marche de ce mécanisme». De nombreuses menaces pèsent sur la sécurité du continent notamment la criminalité sous toutes ses formes, le terrorisme et le trafic d'armes et de drogues, a indiqué M. Bedoui insistant sur la nécessité d'une «plus grande coopération entre les pays africains en matière de lutte contre le crime et d'une action plus cohérente dans le domaine de lutte contre le terrorisme devenu désormais un phénomène transnational». Selon le ministre, Afripol constitue le cadre idoine pour la mise en place des règles d'une action commune et solidaire entre les pays africains pour aller vers des stratégies harmonisées et un échange de vues sur les modalités de lutte contre la criminalité, en particulier le terrorisme et le trafic de drogues. Notons enfin que plus de 40 pays ont pris part aux travaux de la réunion des chefs de police africains qui a pour principal objectif de finaliser le processus de création d'Afripol dont la création ambitionne de parvenir à une vision globale permettant d'améliorer l'efficacité des services de police africains, à travers le renforcement des capacités organisationnelles, techniques et opérationnelles. H. Y. Encadré Afripol, processus de création L'idée de la création d'Afripol avait commencé à se matérialiser, réellement, lors de la 22ème conférence régionale africaine d'Interpol, tenue du 10 au 12 septembre 2013 à Oran, qui avait vu l'adhésion unanime des 41 chefs de police africains présents. Cette initiative a été confortée en marge de la 82ème session de l'AG de l'OIPC-Interpol tenue du 21 au 24 octobre 2013 en Colombie. En janvier 2014, à Adesa-Abeba, la proposition faite par Alger a été soutenue par le Comité spécialisé de la défense et de la Sûreté et la Sécurité (STCDSS) de l'Union Africaine. La conférence africaine des directeurs et inspecteurs généraux de police sur Afripol, organisée à Alger les 10 et 11 février 2014, a constitué la principale ligne de démarcation ayant traduit dans les faits les aspirations légitimes des chefs de police, à travers l'adoption unanime du document conceptuel et de la déclaration d'Alger. A l'occasion du 23ème sommet de l'Union africaine qui a eu lieu à Malabo en Guinée Equatoriale du 20 au 27 juin 2014, les chefs d'Etat et de gouvernement africains ont adopté «la vision commune partagée par les chefs de police à travers la déclaration d'Alger». Deux réunions, tenues à Adesa-Abeba et à Alger, ont été consacrées à l'élaboration et l'examen des projets de statuts et de l'architecture d'Afripol, son programme d'action ainsi que les options de son financement. Une dernière réunion tenue en juin 2015 à Adesa-Abeba a permis de finaliser le processus avec la mise en place des domaines du programme de travail d'Afripol. Encadré Les efforts de l'Algérie salués par l'Afrique Les efforts de l'Algérie pour la création d'une synergie permettant une lutte plus efficace contre le terrorisme et le crime organisé dans le continent africain et dans le monde, ont été salués hier par des participants à la réunion des chefs de police africains. Pour le co-président du Comité ad-hoc pour la création d'Afripol, Assan Kasangye, l'Algérie constitue une «locomotive» et une «force mobilisatrice» pour la consolidation de la paix et de la stabilité dans le continent africain. «Je salue les efforts consentis par les autorités algériennes pour l'épanouissement du continent», a-t-il déclaré. De son côté, le secrétaire général du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, Mohamed Benali Koman a mis en exergue les «énormes» et «soutenus» efforts de l'Algérie pour la création d'Afripol, affirmant que «les défis, auxquels nous faisons face sont similaires, notamment la drogue, la migration clandestine, nécessitent la coordination de toutes les énergies». Pour M. Koman, attribution d'un siège de l'Afripol par l'Algérie, une fois créé, n'est pas «un hasard», mais cela résulte du fait que ce pays «a toujours été pour la promotion des relations entre les pays africains et pris part à tous les combats du contient notamment contre le terrorisme».