Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a officiellement installé le chercheur et musicien Nourredine Saoudi à la tête de l'Opéra d'Alger, un projet en cours de parachèvement devant être réceptionné début 2016. M. Mihoubi a déclaré à cet effet que «l'expérience de Nourredine Saoudi dans le domaine artistique et de la recherche aura un impact positif sur les activités futures de l'Opéra d'Alger», rapporte l'APS. Le ministre a également ajouté que «le nouvel établissement aura pour défi de consacrer la diversité culturelle». Lancé en 2012 à Ouled Fayet le projet de l'Opéra d'Alger est financé par un don de la République populaire de Chine à l'Algérie d'une valeur de 30 millions d'euros. D'une capacité de 1 400 places, la réalisation de l'édifice a été confiée au groupe chinois Beijin Construction Engineering Group, alors que la partie algérienne du projet s'occupe des travaux d'aménagement de l'assiette foncière estimée à 1 800m2. L'Opéra d'Alger comprend l'Orchestre symphonique national, le Ballet national ainsi que le groupe de musique andalouse. Chercheur en préhistoire et en géologie, Nourredine Saoudi était de 1994 à 2001 à la tête du Centre national de recherches anthropologiques, historiques et préhistoriques (Cnrph), avant de se consacrer à la recherche au sein du même centre. Enseignant de musique au Conservatoire d'Alger, il est membre fondateur des associations de musique andalouse Fakhardjia et Essendoussia. Le directeur de l'Opéra se distingue par la richesse de son parcours académique et artistique ainsi que son audace à revivifier le patrimoine musical algérien tout en préservant sa transmission auprès des jeunes générations. Pour rappel, il y a plus d'une dizaine d'années, Noureddine Saoudi, avait surpris les férus de musique andalouse avec une expérience musicale inédite en composant, «La Nouba D ́ziria». Apportant un nouveau souffle à la musique andalouse, il a levée le tabou de la créativité dans ce genre musical imposé par les conservateurs et les ainés. «La Nouba D ́ziria», respecte toutefois la structure andalouse en quatre mouvements (M ́cedder, B ́tayhi, Inciraf et Khlass en plus d ́un Inkilab), mais s ́en distingue par son utilisation du mode sahli, inspirée du chaâbi, tel un hymne à l'héritage d'Alger la cosmopolite aux influences, africaine et méditerranéenne. Le compositeur anthropologue avait confié à l'époque aux médias lors des premières représentations publics de cette expérience musicale inédite: «C ́est une nouba qui me tient à cœur parce qu'elle m'a pris beaucoup de temps pour l ́écrire, mais je lui ai consacré toute mon âme», ajoutant que «L ́innovation est que, outre les instruments de l ́andalous, j ́ai rajouté les instruments modernes tels que la basse, le synthétiseur, l'accordéon, la guitare classique et d ́autres sonorités). J ́ai aussi gardé deux parties lentes et ce qui change, c ́est le nesraf et le khlass». Depuis des années, Nouredine œuvre également à promouvoir l'idée de la transcription de la musique andalouse en soutient à la transmission orale. A ce sujet, récemment lors d'une conférence organisée en marge de l'exposition «De Aswat à la Nouba» sur le parcours historique de la musique arabe, initiée dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», Noureddine Saoudi avait affirmé qu'«il faut mettre en place de véritables règles d'apprentissage de la musique. Il est clair que pour faire ce travail, il faut des structures. Ce n'est donc pas la volonté d'une ou de deux personnes. C'est une volonté collégiale, une stratégie. Et dans cette stratégie s'inscrit la mise en place d'un centre qui aura la mission de collecter, d'archiver, de donner du sens aux archives et d'aller ensuite vers la recherche et l'analyse». S. B./APS