En cette soirée printanière mais pluvieuse, les mélomanes de musique andalouse sont venus en nombre pour assister à la remarquable prestation de Nourreddine Saoudi. Une prestation qui a eu le mérite de réchauffer l'ambiance grâce à un chanteur qui a su s'imposer sur la scène artistique algérienne par l'entremise d'une voix de ténor qui sied si bien au genre andalou. Après une demi-heure de retard, l'artiste fait son apparition sur scène sous des salves d'applaudissements. Il salue gracieusement ses convives... et l'orchestre qui l'accompagne. Un orchestre composé d'une dizaine de musiciens chevronnés. Joignant le geste à la parole, il donne le la à son équipe. Tandis que l'ensemble des instruments musicaux traditionnels s'ébranle, l'artiste prend place. Il ajuste sa guitare et entame son répertoire. Il commence, ainsi, par enivrer l'assistance avec son dernier album, la nouba D'ziria, sorti en août 2006, aux éditions Belda Diffusion, dans les bacs des bons disquaires. D'une voix prenante, Nourreddine Saoudi, en digne élève de Abdelkrim Dali, étrenne son programme par un prélude instrumental Mestekhber Ecenaâ suivi d'un Inkilab Rahati Charb El Ôqar, d'un M'Cedder (1er mouvement) Qed Becharet et d'un B'Tayhi (2e mouvement) Ayna El Qelb. L'assistance apprécie. Elle aimera davantage avec le rythme libre de l'« istikhbar » Salamoun. Ce prélude vocal et instrumental du répertoire citadin est composé d'une mélodie qui rappelle les souvenirs délicieux d'une histoire d'amour et de folie ravie à la course insensée du temps. Saoudi enchaîne par un Inciraf (3e mouvement), El Hawa, et un Khlass (4e mouvement), Ya Ohilel Hima. Alors que la sonorisation est des plus mauvaises, Nourreddine se retire pour demander un réglage définitif. Il réinvestit la scène en annonçant à ses convives qu'il allait passer au mode zidane, qui aurait intéressé les Occidentaux. Ces derniers s'en seraient inspirés pour leurs œuvres, dont notamment Camille Saint-Saëns au XIXe siècle. La sublime voix de Nourreddine Saoudi s'élève pour prendre le dessus sur l'orchestration. Il est le maître absolu de la scène. Le public est plus que ravi avec les incontournables titres Ya Bahi El Djamel, Sali Houmoumek Fi Hadi El Achiya, Ya Achek El Faten, l'incontournable Koum Tara ou encore Mazel Mansit El Gâada Fi Fess. L'artiste use d'ironie en demandant à l'assistance qu'il va abuser de leur temps en interprétant une dernière composition qui n'aura pas, cette fois-ci, la lourdeur du premier programme. Un medley entre le tâar et la derbouka se laisse écouter avec un réel plaisir. Les autres instruments musicaux se joignent à la partie pour une osmose totale. La soirée s'achève par Marani Narfa Ndir Mâaek et Abkaw aâlakheir. Il est à noter, par ailleurs, que Nourreddine Saoudi est un universitaire, archéologue, spécialiste de la préhistoire qui a, lors de l'une de ses expériences musicales, couplé, lors de l'Exposition universelle de Lisbonne en 1998, son orchestre avec celui du plus grand maître de fado et chanté en duo avec lui.