Daech a enlevé au moins 400 civils dans la ville syrienne de Deir Ezzor après y avoir tué des dizaines de personnes, la plupart exécutées, dernière atrocité en date du groupe jihadiste dans le pays en guerre. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les personnes enlevées ont été kidnappées à Al-Bagheliyeh, banlieue nord-ouest proche de la ville de Deir Ezzor et dans des secteurs alentours, avant d'être emmenées vers des régions aux mains de Daech dans la province éponyme riche en pétrole et dans celle voisine de Raqa. Il y a des craintes que Daech «n'exécute les civils ou ne réduise les femmes à l'esclavage sexuel comme il l'a fait plusieurs fois dans le passé». Samedi, Daech a lancé une offensive d'envergure sur plusieurs secteurs de Deir Ezzor, qui lui a permis d'en contrôler environ 60%. Des combats intermittents opposent les forces gouvernementales à Daech dans le nord-ouest de la ville, alors que la banlieue d'Al-Bagheliyeh a été la cible de raids nocturnes de l'aviation de la Russie active dans la lutte contre les groupes armés. Avant d'emmener les 400 civils, les éléments de Daech ont tué au moins 85 civils et 50 militaires, la plupart exécutés. L'agence officielle syrienne Sana a dénoncé un «massacre» et parlé de «300 civils tués». Si ce bilan était confirmé, il serait l'un des plus élevés pour une seule journée dans ce conflit déclenché en mars 2011 et qui a dégénéré en guerre civile complexe avec plusieurs protagonistes externe. Daech qui a profité du chaos en Syrie pour s'emparer de vastes territoires, est responsable d'atrocités - exécutions, viols, rapts, nettoyage ethnique - aussi bien en Syrie qu'en Irak voisin et a revendiqué de nombreux attentats particulièrement meurtriers dans d'autres pays. Accusé par l'ONU de crimes contre l'Humanité et cible d'une large coalition internationale, le groupe jihadiste a mené plusieurs exécutions de masse en Syrie dans le passé, dont celle qui avait coûté la vie à 900 membres de la tribu des Chaitat à Deir Ezzor en 2014. L'organisation terroriste a également massacré quelque 200 soldats syriens en août 2014 quand elle avait pris la base militaire de Tabqa dans la province de Raqa. Le nouveau bain de sang survient alors que les forces gouvernementales affrontent Daech dans la province d'Alep. L'armée syrienne a mis en échec une attaque de Daech contre ses positions près de la ville d'Al-Bab, sous la couverture de raids russes. L'Armée tente de reconquérir Al-Bab, aux mains de Daech depuis fin 2013, après avoir repris plusieurs villages aux alentours et s'y trouvent désormais à moins de 10 km. En difficulté l'été dernier, l'armée syrienne a repris l'offensive après l'intervention le 30 septembre de la Russie sur demande de Damas et qui a depuis mené des milliers de frappes. L'armée tente notamment de couper l'accès des groupes armés à la ville d'Alep, divisée entre quartiers. L'armée syrienne espère affaiblir Daech qui contrôle une partie de la province d'Alep, voisine de celle de Raqa. Depuis le début de la tragédie 260 000 personnes sont mortes en Syrie et des millions ont été poussées à l'exode. Alors que jusqu'à présent les efforts pour une solution politique ont échoué, l'ONU tente de réunir à partir du 25 janvier prochain en Suisse gouvernement et opposition pour des négociations sur un cessez-le-feu et une transition politique. R. I.