Soixante-dix pour cent des bénéficiaires de l'hospitalisation à domicile appartiennent à la catégorie des personnes âgées, a indiqué le professeur Mansour Brouri, chef de service de médecine interne à l'Etablissement public hospitalier de Birtraria Djilali-Belkhenchir à Alger. «Comme les personnes âgées présentent souvent de maladies chroniques, ils nécessitent une prise en charge à domicile», a fait savoir le responsable en affirmant que ce type de soins ne peut en aucun cas remplacer la prise en charge de cette catégorie dans des établissements spécialisés. Après avoir passé en revue les différentes étapes de la création de cette unité qui concernait au début les communes d'El-Biar et de Bouzaréah, le Pr Bouri a dit que l'opération a été élargie à d'autres communes, en dépit du déficit en matière d'effectifs paramédicaux et de moyens et malgré les embouteillages qui caractérisent la ville d'Alger. Il a regretté l'absence d'autres unités chargées de l'hospitalisation à domicile à Alger qui compte le plus grand nombre d'habitants, soulignant qu'une seule unité ne pourrait répondre au nombre important de demandes qui lui parviennent. Pour le spécialiste, même si les activités de l'unité d'hospitalisation à domicile sont étendues à d'autres régions, ce type de soins ne garantit pas une prise en charge des maladies qui touchent les personnes âgées présentant des maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires et hypertension artérielle) aussi efficace que celle assurée par les établissements spécialisés. Il a appelé, à cet effet, les autorités publiques à envisager à l'avenir l'ouverture de ces établissements spécialisés, qu'il estime importants en raison de l'augmentation croissante du nombre de personnes âgées en Algérie (7% actuellement). En vue d'encourager ce type d'activité au sein de la société algérienne, le professeur recommande la mise en place du cadre juridique nécessaire et la coordination des efforts du personnel en charge de cette opération, afin de créer une fédération, à l'instar de ce qui est en vigueur dans les pays développés. De son côté, le directeur des établissements publics de santé de proximité au ministère de la Santé, le Dr Fawzi Benachenhou, a indiqué que le développement des soins à domicile devrait s'inscrire dans le cadre des grandes réformes du secteur. C'est devenu un impératif imposé par la phase de transition de la situation épidémiologique du pays et l'apparition de maladies chroniques, outre l'augmentation du nombre de personnes âgées, en raison de l'amélioration des conditions de vie du citoyen. Ces soins s'inscrivent dans le cadre des prestations de proximité, codifiées récemment par le ministère, à l'instar de la télémédecine, le jumelage entre les grands CHU au nord du pays et les hôpitaux des wilayas des Hauts-Plateaux et du Sud, qui a permis de prendre en charge un nombre important des citoyens de ces régions qui souffrent d'un grand manque en médecins spécialistes. Cette nouvelle expérience de soins à domicile contribue à la prise en charge des catégories dans l'incapacité de séjourner à l'hôpital, en leur permettant de rester au sein de leur famille qui participe également à leur prodiguer les soins nécessaires, aux côtés d'équipes médicales mobiles. M. Miloud Keddar, expert en économie sanitaire, a souligné que l'hospitalisation à domicile permettait au Trésor public de réaliser une économie de frais allant entre 20 et 80% par rapport à l'hospitalisation traditionnelle et quotidienne. «Si l'hospitalisation à domicile permet de rapprocher le secteur de la santé du citoyen notamment les catégories vulnérables, elle contribue à garder le patient au sein de sa famille et de lui prodiguer les soins nécessaires», a précisé l'expert. Il faut également souligner que 146 établissements sanitaires sont concernés jusque-là par les soins à domicile au niveau national, dont 67 au Nord, 50 dans les Hauts- Plateaux et 29 au Sud. Le nombre de bénéficiaires avoisine les 37 000 malades, soit 13 000 dans les régions nord, plus de 14 000 dans les Hauts-Plateaux et 10 000 au Sud. Selon les experts de la santé publique, la mise en œuvre du dispositif d'hospitalisation et de soins à domicile est une nécessité inéluctable imposée par la modernisation du système de santé et l'évolution de la société notamment avec la hausse du nombre des personnes âgées en Algérie. La mission d'hospitalisation à domicile est assurée conformément à l'arrêté du 19 avril 2003, par les services de médecine interne des CHU, les secteurs sanitaires assurant des activités hospitalo-universitaires et des secteurs sanitaires du chef-lieu de wilaya. L'arrêté ministériel du 27 décembre 2015 prévoit la création, l'organisation et le fonctionnement de l'équipe de soins à domicile au niveau des établissements publics de santé de proximité. Les soins s'adressent aux personnes âgées, handicapées, ayant des difficultés à se déplacer vers les structures de soins. Pour précision, l'hospitalisation à domicile est assurée par les CHU et les soins à domicile par les établissements publics de santé de proximité. C. C./APS