Des économistes, qui énumèrent notamment les difficultés de l'économie chinoise, les prix du pétrole, la déflation, la crise de la dette dans les pays émergents et les instabilités régionales, l'économie mondiale est plus que jamais menacée par un crash qui ne dit pas son nom. Par Smaïl Boughazi L'économie mondiale va mal et les chiffres le confirment. Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse, il y a quelques jours, ses prévisions de croissance de l'économie mondiale. Le fonds a estimé ainsi que la croissance serait de 3,6% en 2016 de même qu'en 2017. « La croissance mondiale pourrait dérailler si les transitions importantes de l'économie mondiale ne sont pas bien gérées », a mis en garde le rapport de l'institution de Breton Woods, jugeant que le ralentissement de l'économie chinoise, les tensions géopolitiques et la faiblesse de la croissance des pays émergents seraient parmi les raisons de cette débâcle. Mais, la chute des prix du pétrole reste l'élément le plus visible et menaçant pour l'économie mondiale. A première vue, cette baisse serait bénéfique pour les importateurs de cette ressource. Ce qui est en partie juste. Toutefois, cette baisse entraînera une chute du pouvoir d'achat des pays producteurs et exportateurs et, par ricochet, de leur importation des pays industrialisés. En outre, la chute des prix des matières premières peuvent être à l'origine du phénomène de la déflation que connaissent actuellement certains pays du Vieux continent. Il apparait à travers ces éléments que l'économie mondiale est au bord d'une crise qui serait plus grave que celle de 2008 en raison de la multiplication des alertes. Ainsi, les pays émergents qui sont considérés jusqu'là comme étant des moteurs de croissance montrent des signes d'affaiblissement. Pour le FMI les pays émergents, contribuant à hauteur de 70% à la croissance mondiale, traversent pour certains des turbulences. Leur croissance économique devrait être de 4,3% avec moins de 0,2 point en 2016, et 4,7% en 2017. Pour l'institution, l'économie brésilienne travers actuellement une période de récession qui «s'avère plus profonde et plus longue que prévu». Ce pays risque même un recul de l'activité de 3,5% en 2016, avant une stabilisation en 2017. La Russie, elle aussi, connaît actuellement des problèmes insurmontables en raison de la baisse continue des prix du pétrole. Le pays a même proposé la cession de 19,5% du capital de sa compagnie pétrolière Rosneft pour faire face aux conséquences de la déprime des prix de l'or noir. La monnaie russe n'a pas été épargnée également par la dépréciation. L'autre partie du monde qui inquiète les experts du FMI est le Moyen-Orient dont certains pays sont durement pénalisés par la chute des prix du baril. Les économies de cette région dont l'Arabie saoudite, subissent de plein fouet les conséquences du marché énergétique, accentuées par les tensions géopolitiques et les conflits internes. Mais le pays qui risque de faire des dégâts à l'économie mondiale reste, incontestablement le géant chinois dont l'économie est en ralentissement depuis quelques années. Selon les analystes, un ralentissement de la croissance chinois se répercutera inévitablement sur la zone euro à travers une chute sensible de ses exportations. L'exemple viendrait de l'Allemagne, dont 17% de ses exportations sont absorbées par l'économie chinoise. Globalement, la part des échanges de biens entre l'Union européenne et la Chine est passée de 7% en 2002 à 14% en 2014, selon les chiffres d'Eurostat. Contrairement aux pays industriels qui connaissent des difficultés sur plusieurs plans, des pays en voie de développement résistent à la conjoncture actuelle. Parmi ces pays qui peuvent connaître une évolution positive l'Inde qui enregistrera une croissance supérieure à 7% en 2016, voire plus en 2017. L'Afrique subsaharienne, elle aussi, connaîtra une croissance positive bien que les difficultés structurelles resteront des éléments décisifs. Pour les pays industrialisés, le FMI ne cache guère son pessimisme et estime que la croissance économique pour la zone euro à titre d'exemple, devrait s'établir à 1,7% pour 2016 et l'année prochaine. Pour l'économie américaine, les experts sont divisés sur sa situation bien que les signes d'un ralentissement sont visibles partout. Des analystes estiment qu'à moins de 1,5% de croissance, l'économie étasunienne sera en récession. En 2015, elle a enregistré une croissance légèrement supérieure à 2% mais ne devrait pas atteindre une telle performance en 2016. La croissance devrait se situer autour de 1,5%. Ce qui serait déjà une mauvaise nouvelle pour toute la planète. Pour résumer la situation, des économistes, qui énumèrent notamment les difficultés de l'économie chinoise, les prix du pétrole, la déflation, la crise de la dette dans les pays émergents et les instabilités régionales, l'économie mondiale est plus que jamais menacée par un crash qui ne dit pas son nom. Enfin, pour l'économie algérienne, inutile de rappeler que malgré sa déconnection du système financier international, les canaux de transmission de la crise et des effets de probables chocs sont multiples à commencer par les prix des matières premières. La situation des partenaires de l'économie nationale reste aussi un élément à surveiller de près. L'important actuellement pour l'économie nationale reste, indubitablement, le défi de la production et le réajustement des équilibres financiers et budgétaires trop dépendant des prix de l'or noir. S. B.