Les étals de fortune sur les trottoirs et les principales placettes de la ville de Béjaïa ont quasiment disparu au lendemain de l'opération de grande envergure, menée par les services de l'Etat au cours de l'été 2015, pour éradiquer le commerce informel, disait-on. En vérité, il s'agissait plutôt de créer de nouveaux espaces commerciaux répondant aux normes afin de régulariser cette activité. Dans les autres villes de la région, l'initiative avait également porté ses fruits. Tazmalt, Akbou, Seddouk, Sidi Aïch, Amizour, El Kseur, Souk El Thenine et Kherrata ont été complètement «assainies» au grand bonheur des artisans et des commerçants qui criaient, depuis belle lurette, à la concurrence déloyale. Prenant leur mal en patience, les jeunes gens, qui recouraient à ce système D pour leur argent de poche, se sont éclipsés et se contentaient de fréquenter les marchés hebdomadaires, en attendant la mise en place des marchés couverts et des galeries promises. Faut-il préciser à ce propos que les véritables bénéficiaires de ce bazar illicite sont ailleurs. Les «barons», qui alimentent tous ces petits circuits en produits périmés et autres cochonneries, empochent toujours de substantiels revenus, malgré une baisse notable du volume global de leurs ventes. L'intégration des jeunes «tradendistes» dans la sphère commerciale réglementaire allait donner le coup de grâce à ce négoce criminel. Seulement, les promesses des pouvoirs publics tardent à se concrétiser. Dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014, le ministère des Finances avait, pour rappel, annoncé une enveloppe de 10 milliards de dinars pour la réalisation d'infrastructures commerciales diverses au profit de cette catégorie sur tout le territoire national. Un budget de 54 millions de dinars a été alloué à la wilaya de Béjaïa pour la construction de 28 marchés couverts et de proximité dans le cadre de la lutte contre le commerce informel. Ces équipements peinent à sortir de terre et les jeunes s'impatientent. «Nous ne demandons que notre droit, celui d'exercer notre activité commerciale dans la légalité. Quand ils sont venus nous déloger, nous n'avons pas protesté et nous nous sommes pliés aux exigences de la loi, mais les autorités n'ont pas honoré leur promesse qui consiste à mettre à notre disposition des locaux commerciaux décents», se plaint le représentant des commerçants «informels» de la ville de Béjaïa. De nombreux courriers, adressés aux services de l'APC et à la wilaya, portant sur la reconversion des anciens Souk El Fellah et autres Galeries algériennes, sont restés sans suite. Idem à Akbou, Kherrata, Amizour et Souk El Thenine où les réunions avec les chefs de Daïra et les élus locaux n'ont servi quasiment à rien. Un statu quo qui pousse certains vendeurs à transgresser la loi. Au quartier El Khemis, au chef-lieu de wilaya, le marché «informel» a timidement repris son activité. Les policiers n'interviennent que très rarement pour chasser les vendeurs, sachant que les autorités n'ont pas honoré leur part du contrat. La même situation prévaut aussi à travers les autres communes de la wilaya. Au point où nous en sommes, c'est l'anarchie qui se réinstalle doucement, mais sûrement. Et, c'est bien dommage ! K. A.