hoto : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'hygiène publique constitue un épineux problème pour toutes les villes du pays. Les services de nettoiement de l'APC n'arrivent presque plus à faire face aux tonnes de déchets qu'on déverse quotidiennement sur les trottoirs, les chaussées, les placettes et les jardins jouxtant les immeubles d'habitation. On doit dire d'emblée que le problème, en raison de son ampleur, dépasse les capacités, souvent limitées, de la mairie. Le commerçant se débarrasse tranquillement des cartons d'emballage au seuil de son échoppe. Il ne prend plus la peine de les déposer dans la benne à ordures, quelques mètres plus loin. Le passant jette négligemment son mégot, sa prise de chique ou son mouchoir en papier n'importe où. Des automobilistes, notamment de nuit, lance par la vitre leurs bouteilles vides. Certains paresseux urinent préalablement dedans avant de les balancer au beau milieu de la rue. On a l'impression que personne ne s'en offusque. Ces comportements coupables ont malheureusement tendance à se banaliser. Pour corser davantage la situation, les marchés hebdomadaires rajoutent une bonne couche de détritus et de débris divers qui envahissent généralement les espaces environnants. Dans de nombreux marchés de la wilaya de Béjaïa, les vendeurs de poulets égorgent leurs volailles à même les étals pour servir des clients peu regardants sur la question d'hygiène. A Kherrata, Souk-El Thenine ou Aokas, quand les aviculteurs quittent le souk, ils laissent derrière des flaques de sang, des plumes tâchées de boue et parfois des poulets morts. Le poissonnier fait de même en abandonnant sur place ses caisses puantes. Le boucher laisse, quant à lui, des cornes ou des viscères dont personne ne veut. On pourrait en dire autant du marchand de fruits et légumes, de l'herboriste et du quincaillier. L'aire consacrée au bétail n'est pas mieux lotie. De la bouse, de la paille et des bouts de corde usagée jonchent le sol à la fin du négoce. Au marché dit Edimco au chef-lieu de wilaya, le canal d'eau pluviale qui longe le souk déborde de cartons, de sachets en plastique, de bouteilles vides et de restes de nourriture. Les rats et les moustiques y prolifèrent au grand dam des riverains. Sur la passerelle de l'arrière-port, qui donne sur la gare routière desservant la région du Sahel, les adeptes du commerce informel squattent le passage, forçant les voyageurs à jouer des coudes pour se frayer un chemin. Des étals alignés le long de l'allée, proposent nourriture, vêtements, appareils électroniques et fruits dans des conditions d'hygiène lamentables. Des flaques d'eau stagnante, de la boue, des déchets de toutes sortes, l'air sent la pourriture. C'est aussi l'endroit choisi par de nombreux mendiants pour étaler leur misère. Le constat est le même dans les autres localités comme Akbou, Sidi Aïch, El Kseur ou Tazmalt. On se moque complètement de la propreté de l'espace commun. Il est clair que tout le monde doit faire des efforts pour mettre un terme à ce chaos ambiant. La lutte contre le commerce informel, la bonne organisation des marchés autorisés, l'installation des poubelles et la sensibilisation ne sont évidemment pas du seul ressort de l'éboueur communal. La police, la direction du commerce, les collectivités locales, l'école et le mouvement associatif ont, tous, un rôle à jouer pour changer et parfois punir ce genre d'atteintes au bien-être de la collectivité. Tous ces acteurs doivent absolument coordonner leurs efforts pour responsabiliser tout un chacun.