De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar En raison de son relief géographique fortement accidenté, la wilaya de Béjaïa cumule un grand retard en matière de raccordement des ménages au réseau public de gaz de ville. Elle totalise à peine 52 000 branchements, soit un taux de couverture qui frôle les 23%. Une moyenne jugée très faible par rapport à d'autres régions limitrophes. Seulement une vingtaine de communes disposent aujourd'hui de ce service sur les 52 que compte la wilaya. Toutes les municipalités situées en montagne continuent de recourir aux bonbonnes de butane et au gasoil pour se chauffer durant l'hiver. Les citoyens et les assemblées élues ne ratent aucune occasion pour soulever ce problème, notamment durant la saison froide où la demande sur les produits énergétiques est généralement très forte. Au mois de décembre dernier, une brève pénurie de gaz butane, résultant justement de cette forte demande saisonnière, avait mis à rude épreuve les populations des villages hauts perchés. Dans des localités comme Adekar, Taourirth Ighil, Taskriout, Aït Smaïl, Tamridjet, Barbacha, Darguina, Chemini, Béni Maouche ou Ighil Ali, des dizaines de milliers de montagnards ont pris leur mal en patience des semaines durant avant que la situation ne se stabilise. Cette dramatique conjoncture a, comme d'habitude, profité aux spéculateurs qui s'en sont servi pour augmenter sensiblement les prix. De vives protestations ont été alors enregistrées ici et là. La bombonne de gaz, qui valait 200 DA en temps normal, a été subitement portée à 300 DA et plus. Dans les villages éloignés, les grossistes surfacturent toujours les frais de transport. De nombreuses familles démunies cuisinent et se chauffent au bois comme au bon vieux temps. On en trouve aussi des vendeurs de bois qui «pillent» les forêts pour ces mêmes raisons. Au-delà du problème de la disponibilité du produit, il y a la lancinante question du pouvoir d'achat et de la facture énergétique. Contrairement à cette faible couverture en gaz de ville, Béjaïa compte parmi les wilayas qui affichent un taux d'électrification qui effleure les 100%. La direction des mines parle exactement d'un réseau électrique qui couvre 99,6% du territoire de la wilaya. Ces statistiques ne mentionnent cependant pas la qualité des prestations offertes et la fréquence des coupures dans de nombreux villages à cause de la saturation des transformateurs installés. En effet, la croissance démographique, les constructions illicites et les branchements sauvages qui vont avec, engendrent souvent des saturations inopinées du réseau, qui se soldent par des coupures pénalisantes pour tous les usagers. Ce sempiternel problème se pose même au chef-lieu de wilaya où de nombreux quartiers sombrent couramment dans le noir à cause de ces transformateurs «surexploités». Ces avaries interviennent généralement durant l'hiver, car de nombreux ménages se servent encore de résistances pour le chauffage. Avec la popularisation de la climatisation, il arrive que telles pannes se produisent aussi durant la saison chaude. La Sonelgaz se trouve, de ce fait, constamment interpellée pour augmenter la puissance de ces équipements un peu partout. L'entreprise publique qui, dans un passé récent, souffrait énormément des factures impayées qui se chiffraient en milliards de centimes, tarde à lancer des investissements d'envergure pour améliorer ses prestations. Dans certains cas, l'opposition des propriétaires terriens au passage des lignes de haute et moyenne tensions retarde aussi la prise en charge effective de ce dossier. Par-dessus toutes les considérations évoquées ci-dessus, un effort considérable reste aussi à faire en matière de développement des techniques de construction pour réduire cette énorme facture énergétique. Comme partout à travers le monde, on doit penser à d'autres matériaux qui garantirait une meilleure isolation thermique pour se chauffer et se rafraîchir à moindre frais.