De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Les réseaux d'alimentation en eau potable (AEP), à travers l'ensemble de la wilaya de Béjaïa, sont dans un état de vétusté avancé. Le constat émane de l'Algérienne des eaux (ADE) qui en assure la gestion au quotidien. Au cours d'une récente rencontre avec les médias et les acteurs de la société civile, les responsables de cet établissement public ont présenté un bilan chiffré de l'année 2009 où il était notamment question de cet épineux problème, qui réclame des investissements très lourds. Pour l'année écoulée, l'ADE avait produit 32,5 millions de mètres cubes d'eau potable. Elle en a distribué seulement 25,808 millions de mètres cubes, soit un taux de perte de 20,6% dans les canalisations d'amenée (adductions). Le volume réellement facturé est de 18 millions de mètres cubes, soit les deux tiers de la quantité d'eau distribuée. Cela donne un taux de 30,25% de fuite dans les réseaux de distribution. Cette «hémorragie» coûte évidemment très cher à l'entreprise et engendre d'énormes désagréments aux abonnés. Rien que dans la ville de Béjaïa, les services de l'ADE ont recensé au cours de la même année pas moins de 2 097 fuites d'eau. La moitié seulement de ces avaries a été réparée. Un diagnostic établi par un bureau d'études portugais avait souligné l'impératif de rénover complètement 222 kilomètres de conduites (adduction/distribution), la réparation de 29 réservoirs de stockage d'une capacité totale de 40 770 mètres cubes, la réalisation de 7 nouveau châteaux d'eau et la réhabilitation de 11 stations de pompage pour améliorer la qualité des prestations. «Cela nécessite naturellement des investissements très coûteux que l'entreprise ne pourrait pas supporter seule. Les pouvoirs publics, à travers le ministère de tutelle, ont été sollicités pour apporter leur contribution dans ce sens», explique M. Dahdouh, directeur de l'unité locale de l'ADE dont la situation financière, faut-il le souligner, est fragilisée en raison de l'ampleur des créances cumulées. Les factures impayées totalisent en effet plus de 440 millions de dinars. Les ménages et les administrations publiques figurent en tête de liste «des mauvais payeurs» avec respectivement 183 millions de dinars et 152 millions de dinars. Ce défaut de recouvrement retarde également le redéploiement de l'ADE qui ne couvre actuellement que 19 communes sur les 52 que compte la wilaya. Les 33 localités restantes disposent de leur propre régie communale des eaux où l'alimentation est généralement offerte gracieusement aux citoyens. «Inclure d'autres communes dans notre organigramme revient à mettre en place des dispositifs qui reviennent très cher. A titre d'exemple, l'intégration récente de la ville d'Akbou a nécessité un investissement de 58 millions de dinars», précise M. Dahdouh. Le transfert progressif des eaux du barrage de Tichy Haff, qui alimente déjà les communes de Tamokra, de Akbou et de Ouzellaguen, permettra à l'ADE d'achever la couverture des municipalités de la vallée de la Soummam où elle est peu présente. K. A. Fiche technique L'unité ADE de Béjaïa (ex-EDEMIA) compte 841 travailleurs, 5 centres de distribution, un centre de production, un centre de travaux, 15 agences technico-commerciales et 20 équipes d'intervention et de maintenance. Elle gère 250 réservoirs totalisant 81 820 m3 d'eau desservant 482 898 habitants. Son réseau est constitué de 311 562 mètres linéaires à l'adduction et de 521 514 ML à la distribution. Elle compte aussi 72 stations de traitement et de pompage entièrement équipées pour assurer le service en 7/7 et 24/24. Pour le contrôle qualité, l'unité ADE de Béjaïa dispose d'une équipe de 17 biologistes et chimistes, répartis sur deux laboratoires dûment équipés, pour veiller à la qualité bactériologique et physico-chimique de la ressource distribuée (normes OMS).