De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar L'eau est une ressource vitale qui se raréfie progressivement à travers le monde. Elle constitue de nos jours un enjeu géostratégique de taille. Anticipant les risques, l'Algérie a, conséquemment, consacré, ces dernières années, de substantielles enveloppes budgétaires pour satisfaire une demande croissante en la matière. Construction de nouveaux barrages, dessalement de l'eau de mer, exploitation des réserves souterraines, mobilisation et transfert des ressources, traitement et distribution de l'eau, de grands projets hydrauliques ont été réalisés ou sont en voie de l'être un peu partout à travers le territoire national. L'alimentation des ménages, celle des périmètres agricoles et des zones industrielles connaissent désormais une sensible amélioration en la matière. Cependant, des efforts restent encore à faire pour lutter contre le gaspillage, les fuites et la mauvaise gestion des potentialités ainsi mises en œuvre. Malgré toutes ces carences, les statistiques soulignent que la dotation quotidienne moyenne en eau potable, de l'ordre de 123 l/j/hab en 1999, est passée à 160 l/j/hab depuis 2007. Ce développement qualitatif a touché la quasi-totalité des communes à travers le pays. Avec la mise en service récente du barrage de Tichy Haf, la wilaya de Béjaïa entame une nouvelle ère de prospérité et de développement. Cette importante réserve de 81 millions de m3/an desservira sous peu 22 communes sur l'axe Akbou-Melbou. Les travaux de raccordement touchent déjà nombre de municipalités comme Tamokra, Akbou et Ouzellaguen. Un autre chantier d'envergure est également en cours de réalisation à Kherrata, et concerne le transfert des eaux du barrage d'Ighil Emda (119 millions de m3/an) vers la commune de Draa El Gaïd et les régions nord de la wilaya de Sétif. Outre ces ressources superficielles, la wilaya dispose aussi d'une nappe phréatique généreuse qui est également mise à contribution. En gros, les ressources sont disponibles en grande quantité. Le défaut réside toujours dans l'exploitation et la gestion de ces richesses. La vétusté des équipements, la mauvaise qualité des réseaux, y compris les plus récents et la gestion (souvent confiée à des régies communales peu compétentes en la matière) se traduisent évidemment par un taux de perte très élevé (40% du volume actuellement distribué), des pannes récurrentes et un service qui suscite parfois la colère des abonnés. Disposant d'un réseau de distribution long de 2 000 km, d'un réseau d'adduction de 1 000 km, de 200 forages d'AEP et de 90 chaînes de refoulement, la gestion de l'eau à Béjaïa doit être confiée à une entreprise qui a la compétence requise et le savoir-faire nécessaire. L'Algérienne des eaux (ADE) est aujourd'hui présente dans seulement une vingtaine de communes sur les 52 que compte la wilaya. Il est aujourd'hui impératif d'étendre sa couverture aux autres localités en la dotant de moyens conséquents. Des efforts complémentaires doivent être également consentis pour le renouvellement des réseaux et des installations défectueuses afin de limiter les pertes et garantir un meilleur service aux clients. Un premier programme de réhabilitation du réseau de distribution a été lancé dans le chef-lieu de wilaya. Les 22 communes, qui vont bénéficier du transfert des eaux de Tichy Haf, verront également la mise à niveau de l'ensemble de leurs chaînes d'alimentation. Les nouveaux apports en eau et les projets de réhabilitation du réseau doivent, très prochainement, permettre d'assurer une plage horaire de distribution comprise entre 16 et 20 h/jour, selon les prévisions de la direction de l'hydraulique. Il va falloir penser maintenant aux trente municipalités restantes où la qualité de la gestion et des réseaux laisse toujours à désirer. Ces communes, qui utilisent encore ce dossier de l'eau gratuite à des fins politiques –même si le service est souvent aléatoire-, doivent regarder au loin. Elles doivent impérativement passer la main aux professionnels pour le bien-être de leurs administrés, d'abord, et le développement du secteur de l'hydraulique, ensuite.