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La Théorie générale de Keynes a 80 ans
Publié dans La Tribune le 29 - 02 - 2016

En 1935, John Maynard Keynes écrivait à George Bernard Shaw : «Je crois que je suis en train d'écrire un livre sur la théorie économique qui révolutionnera en grande partie – non pas, je suppose, d'un coup, mais au cours des dix prochaines années – la manière dont le monde réfléchit à propos de ses problèmes économiques.» Et, en effet, le magnum opus de Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, publié en février 1936, a transformé la science économique et la politique économique. Quatre-vingts ans plus tard, la théorie de Keynes tient-elle encore debout ?
Deux éléments de l'héritage de Keynes semblent solides. Tout d'abord, Keynes a inventé la macroéconomie – la théorie de la production dans son ensemble. Il a appelé sa théorie «générale» pour la distinguer de la théorie pré-keynésienne, qui suppose un niveau de production unique – le plein emploi.
En montrant comment l'économie pouvait rester coincée dans un équilibre de «sous-emploi», Keynes a contesté l'idée centrale de la science économique orthodoxe de son époque, selon laquelle l'offre et la demande sont égalisées par les prix simultanément sur tous les marchés, y compris le marché du travail. Sa remise en cause impliquait une nouvelle dimension en matière d'élaboration de politiques : les gouvernements peuvent avoir besoin d'enregistrer des déficits pour maintenir le plein emploi.
Les équations agrégées qui sous-tendent la «Théorie générale» de Keynes peuplent encore les manuels d'économie et continuent de façonner la politique macroéconomique. Même les économistes qui soutiennent que les économies de marché gravitent vers le plein emploi sont obligés de défendre leur cause dans le cadre que Keynes a créé. Les banquiers centraux ajustent les taux d'intérêt pour assurer un équilibre entre la demande et l'offre globales, parce que, grâce à Keynes, on sait que l'équilibre pourrait ne pas se produire automatiquement.
Le deuxième héritage majeur de Keynes est la notion que les gouvernements peuvent et doivent éviter les dépressions. L'acceptation généralisée de ce point de vue est évidente lorsque l'on compare la forte réponse politique à l'effondrement de 2008-2009 et la réaction passive à la Grande Dépression de 1929-1932. Comme le prix Nobel Robert Lucas, un adversaire de Keynes, l'a admis en 2008 : «Je suppose que tout le monde est keynésien dans les tranchées».
Cela dit, la théorie de Keynes de l'équilibre de «sous-emploi» n'est plus acceptée par la plupart des économistes et des décideurs. La crise financière mondiale de 2008 en témoigne. L'effondrement de l'économie a discrédité la version la plus extrême de l'auto-ajustement optimal de l'économie ; mais il n'a pas restauré le prestige de l'approche keynésienne.
Bien sûr, les mesures keynésiennes ont enrayé la tendance à la baisse de l'économie mondiale. Mais elles ont également imposé aux gouvernements d'importants déficits, qui se sont vite révélés être un obstacle à la reprise – à l'inverse de ce que Keynes avait enseigné. Malgré un chômage toujours élevé, les gouvernements sont retournés à l'orthodoxie pré-keynésienne, réduisant les dépenses pour diminuer leurs déficits – et affaiblissant la reprise économique au cours du processus.
Il y a trois principales raisons qui expliquent ce retour en arrière. Tout d'abord, la croyance que les prix puissent égaliser offre et demande sur le marché du travail dans les économies capitalistes n'a jamais été totalement renversée. Ainsi, la plupart des économistes ont commencé à considérer la persistance du chômage comme une circonstance extraordinaire qui n'existe que lorsque les choses vont terriblement mal, et certainement pas comme l'état normal de l'économie de marché. Le rejet de la notion d'incertitude radicale de Keynes est au cœur de ce retour à la pensée pré-keynésienne.
Deuxièmement, les politiques keynésiennes d'après-guerre de «gestion de la demande», qui ont le mérite généralement admis d'avoir produit le long boom d'après 1945, ont provoqué une forte inflation à la fin des années 1960. Face à l'aggravation du compromis entre inflation et chômage, les décideurs politiques keynésiens ont essayé de faire durer le boom au moyen d'une politique des revenus – maîtriser les coûts salariaux en concluant des accords nationaux avec les syndicats.
Des variantes de politique des revenus ont été essayées dans de nombreux pays entre les années 1960 et la fin des années 1970. Au mieux, il y a eu quelques succès temporaires, mais ces politiques ont toujours fini par échouer. Milton Friedman en a fourni une explication, qui concordait avec le désenchantement croissant face au contrôle des salaires et des prix, et qui réaffirmait le point de vue pré-keynésien de la façon dont fonctionnent les économies de marché. L'inflation, selon Friedman, est causée par les tentatives des gouvernements keynésiens de maintenir artificiellement le chômage sous son taux «naturel». La clé pour retrouver la stabilité des prix était d'abandonner l'objectif de plein emploi, émasculer les syndicats et déréglementer le système financier.
C'était la renaissance de la vieille orthodoxie. L'objectif de plein emploi a été remplacé par un objectif d'inflation et le chômage a été laissé libre de trouver son taux «naturel», quel qu'il soit. C'est à cause de cet équipement de navigation défectueux que les politiciens ont navigué à toute vapeur dans les icebergs de 2008.
La dernière raison de la chute en disgrâce du keynésianisme est le basculement à droite de l'idéologie politique, qui a commencé avec le Premier ministre britannique Margaret Thatcher et le président américain Ronald Reagan. Ce retournement était moins dû à un rejet de la politique keynésienne qu'à une hostilité envers l'élargissement de l'Etat suite à la Seconde Guerre mondiale. La politique budgétaire keynésienne a été prise entre deux feux, un grand nombre de personnes à droite la condamnant comme une manifestation de l'intervention «excessive» du gouvernement dans l'économie.
Deux réflexions finales suggèrent un regain, même si plus modeste, de la doctrine keynésienne. Un coup porté à l'orthodoxie d'avant 2008 encore plus fort que l'effondrement lui-même a été la révélation du pouvoir corrompu du système financier et la mesure dans laquelle les gouvernements ont permis que leurs politiques soient dictées par les banquiers après la crise des subprimes. Contrôler les marchés financiers pour favoriser le plein emploi et la justice sociale relève fondamentalement de la tradition keynésienne.
Deuxièmement, pour les nouvelles générations d'étudiants, la pertinence de Keynes réside peut-être moins dans ses solutions spécifiques pour le chômage que dans sa critique de sa profession qui modélise l'économie sur la base des hypothèses irréalistes. Les étudiants en économie désireux d'échapper à l'univers squelettique des agents maximisateurs au profit d'un monde constitué d'êtres véritablement humains, ancrés dans leurs histoires, cultures et institutions, trouveront la science économique de Keynes intrinsèquement sympathique. Voilà pourquoi je pense que Keynes sera encore bel et bien vivant dans 20 ans, lors du centenaire de la Théorie générale, et bien au-delà.
R. S.


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