«Cette année, l'attention se porte moins sur les smartphones et davantage sur les technologies adjacentes comme la réalité virtuelle et l'internet des objets», confirme Thomas Husson, analyste du cabinet Forrester Alors que s'ouvrait, le mois dernier, le salon mondial du mobile à Barcelone, «l'Obs» faisait le constat que le marché du smartphone a cessé d'innover. Boris Manenti, envoyé spécial dans la capitale catalane de l'hebdomadaire en ligne l'Observateur.fr, tirait la conclusion que le téléphone intelligent, puisque connecté à internet, introduit par l'iPhone en 2007, a vécu. Aujourd'hui, acquérir un nouveau smartphone devient aussi excitant que choisir un nouvel ordinateur. Tout est prévisible : depuis le design (le fameux rectangle aux bords arrondis) jusqu'à la caméra avec toujours plus de mégapixels, en passant par les processeurs aux performances dopées. Le salon mondial de Barcelone a confirmé ce constat, d'après Boris Manenti. Samsung venait de dévoiler les nouveaux Galaxy S7 et S7 edge, aux noms et design quasi-identiques à l'an dernier. Même chose du côté des autres constructeurs, de LG à Huawei, en passant par ZTE. Et c'est sans compter sur l'absent Apple qui devrait lancer, sans aucune surprise, son nouvel iPhone 7 en septembre prochain. «Le smartphone devient un produit en phase de maturité», note Paul Amsellem, président de la régie publicitaire indépendante Mobile Network Group. «Les innovations de rupture vont être plus lentes, même si les produits vont continuer d'évoluer. Et la sanction ne se fait pas attendre : à la fin d'année 2015, le marché mondial du smartphone est retombé à son rythme de progression de 2008», selon les chiffres du cabinet Gartner. Pis, les deux poids-lourds du secteur, Samsung et Apple, ont vu leurs ventes stagner ou très légèrement progresser... Cette année, le marché devrait même reculer de 2,5%, une première. Hors du smartphone Les smartphones ne sont pour autant pas près de disparaître. Désormais, près de la moitié des 7 milliards d'habitants de la planète en possède un. De quoi laisser une marge de progression. Surtout que les consommateurs actuels vont en racheter un tous les deux ans (le taux de renouvellement moyen en France est de 18 mois). Toutefois, pour faire face à une concurrence chinoise féroce qui tire les prix vers le bas, les constructeurs ont compris que se contenter de proposer des appareils plus fins et plus puissants ne suffit pas. L'avenir se trouve hors du téléphone. La véritable innovation se situe désormais du côté des objets connectés en tous genres. Et l'objectif devient de créer son écosystème intégré d'accessoires dernier cri. En marge de la présentation de son Galaxy S7, Samsung évoque «l'expérience Galaxy» avec : une nouvelle caméra filmant à 360 degrés, un casque de réalité virtuelle, et une montre connectée. LG évoque, lui, les «compagnons» de son dernier G5 : une caméra filmant à 360 degrés, un casque de réalité virtuelle, et un robot-balle-caméra-de-surveillance. «Cette année, l'attention se porte moins sur les smartphones et davantage sur les technologies adjacentes comme la réalité virtuelle et l'internet des objets», confirme Thomas Husson, analyste du cabinet Forrester. L'exemple le plus frappant est la voiture. Actuellement, si un conducteur souhaite écouter sa playlist Deezer tout en suivant les indications du GPS, alors il doit passer par son smartphone, fixé de manière bancale au pare-brise. Et quand il reçoit un appel, il déverrouille l'appareil d'un doigt tout en gardant un œil sur la route qui défile à 90 km/h. La nouvelle génération de voitures intègre désormais un tableau de bord connecté, disposant d'une palette d'applications. Tout contrôler à la voix Ce même modèle de technologies répondant à la voix s'apprête à intégrer la maison. Le géant américain de la vente en ligne Amazon a dévoilé son cylindre Echo qui écoute tout ce qui se dit dans la maisonnée pour répondre en temps réel à toutes les demandes : quelle heure est-il ? Quel temps fera-t-il cet après-midi ? Peux-tu diffuser le dernier album d'Adèle ? Peux-tu commander le livre de Christophe Boltanski ? Etc. Les assistants vocaux d'Apple (Siri), de Google (Now) et de Microsoft (Cortana) ne devraient pas tarder à lui emboîter le pas, permettant ainsi de contrôler tous les objets connectés de l'habitant (le thermostat, les luminaires, les volets...). Et à chaque fois, il n'y aura pas besoin de passer par son smartphone, facilitant le contrôle. Thomas Husson de Forrester résume : «L'innovation se fera dans des écosystèmes logiciels qui permettront de relier le smartphone aux autres univers connectés (de la voiture, de la maison, etc.) à travers l'intelligence artificielle et ces assistants personnels.» Dans la voiture comme à la maison, le mobile n'aura plus de raison d'être, remplacé par des logiciels d'intelligence artificielle dans le cloud. Chaque objet connecté aura son usage propre : le bracelet connecté pour contrôler son nombre de pas, les lunettes connectées pour filmer ses vacances à vélo. Mais le smartphone ne disparaîtra pas. Il deviendra plutôt un écran de poche, une sorte de fenêtre portative, permettant de regarder des vidéos ou lire l'actualité en déplacement, mais aussi de prendre des photos rapidement. Il n'y a pas si longtemps, toute notre vie était enregistrée sur le disque dur de notre ordinateur portable. Actuellement, c'est le smartphone qui joue ce rôle de centre névralgique de toute une activité. Bientôt, l'ensemble sera absorbé par le cloud et accessible sans difficulté sur une multitude d'écrans. Voire dans un monde parallèle, la réalité virtuelle, accessible depuis un casque dédié. «Ceux qui sauront le mieux s'adapter à ces nouveaux enjeux seront les gagnants d'une industrie dont le paysage va encore évoluer», conclut le site spécialisé VentureBeat. Au nom de l'antiterrorisme Eric Ciotti, député français du parti Les Républicains, s'attaque à la marque à la pomme. Il a déposé un amendement visant à forcer le déchiffrement des smartphones dans les enquêtes antiterroristes des géants de l'informatique comme Apple. En cas de refus, il souhaite tout simplement l'interdiction de la commercialisation de ces outils en France... Alors que le bras de fer entre Apple, qui refuse de communiquer aux autorités les données pour déchiffrer le smartphone des auteurs de la tuerie de San Bernardino, et le FBI fait rage aux Etats-Unis, un député français prend part au débat. Eric Ciotti a déposé, dans le cadre de la loi sur la réforme de la procédure pénale, un amendement qui devrait crisper le géant américain. Une interdiction de commercialisation Le député Républicains des Alpes-Maritimes, souhaite modifier le code pénal et faire en sorte que «dans le cadre d'une enquête relative à une infraction terroriste, les opérateurs de télécommunications, les fournisseurs d'accès à internet, tout fabricant d'outils de télécommunications, soient tenus de communiquer l'ensemble des informations pertinentes pour la résolution de celle-ci», peut-on lire dans Le Figaro.Eric Ciotti va même plus loin. En cas de violation de cette obligation, l'entreprise qui refuse de coopérer «sera punie d'une amende de 2 millions (d'euros) maximum et de l'interdiction de la commercialisation de ces outils pendant une durée d'un an». En résumé, tous les iPhone sécurisés ne seraient plus autorisés en France. «Nous savons qu'Internet et les nouvelles technologies jouent un rôle fondamental dans le prosélytisme, l'apologie du terrorisme et l'organisation des attentats. Le procureur François Molins a dit que le cryptage des smartphones nous rendait aveugles pour lutter contre le terrorisme. Les sites djihadistes les plus dangereux sont aujourd'hui fermés avec difficulté et lenteur. Et le patron de la NSA a révélé que les attentats de Paris auraient pu être évités si nous avions été capables de forcer ces outils de communication», a ajouté le député. Est-ce faisable Pour obtenir le déchiffrement des outils cryptés, la justice française doit passer par le biais des commissions rogatoires internationales puisque les constructeurs de ces appareils sont de nationalité américaine, et donc soumis à la loi américaine. Eric Ciotti veut l'interdiction de la commercialisation des marques refusant de coopérer avec la justice antiterroriste. Un souhait qui risque de ne jamais voir le jour puisqu'il ira à l'encontre des normes internationales sur les importations. Le député se mettrait également à dos une bonne partie des utilisateurs d'iPhone...