Le ministère de la Culture semble disposé à agir dans le sens d'un développement réel du cinéma en Algérie. Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, l'a déclaré à plusieurs reprises et a même invité le secteur privé à investir dans le secteur de la culture. Dans le même sens, il s'engagera à faciliter les choses aux investisseurs éventuels et les accompagner dans leurs démarches pour que l'opération connaisse le succès souhaité. La réalité du cinéma algérien est loin d'être reluisante, mais il existe des potentialités capables de relever le défi de sa renaissance, si les intervenants dans le secteur prennent les mesures adéquates, à commencer par les pouvoirs publics. En effet, cette dernière décennie a vu des jeunes talents bousculer leurs aînés en réalisant de belles œuvres cinématographiques, et ce, avec des moyens dérisoires. Les pouvoirs publics ont soutenu certains d'entre eux, notamment à l'occasion du soixantième anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, mais beaucoup d'autres restent marginalisés et abandonnés à leur sort. L'Etat serait bien inspiré s'il organise au profit de tous les jeunes cinéastes des sessions de formation pour les aider à se perfectionner. La formation reste le meilleur atout pour réussir la renaissance du cinéma algérien. Elle doit être au centre de l'action des pouvoirs publics dans leur quête de réhabilitation et de développement du 7e art. La formation au profit de ces jeunes cinéastes devra cependant accompagner le retrait graduel de l'Etat de l'activité culturelle en général et du cinéma en particulier. Parce que la libération de l'initiative culturelle figure également parmi les conditions susceptibles de faire aboutir le projet de développement du 7e art, défendu par le ministre. D'ailleurs, c'est sur cette voie que s'inscrit son appel à l'investissement privé qui manque tant au secteur de la culture et qui pourrait constituer un moteur pour le développement non seulement du cinéma algérien mais aussi de tout le secteur de la culture. L'investissement privé est en outre le seul à même de créer et de développer une réelle industrie cinématographique. Le ministre de la Culture en est conscient, surtout que l'Etat ne peut plus se permettre d'être cette vache à lait, abusée de toute part, la crise économique qui frappe l'Algérie de plein fouet ayant asséché les caisses. En parallèle, avec un programme de formation ambitieux en direction des jeunes cinéastes, même des jeunes comédiens et la libération de l'initiative culturelle au profit des investisseurs privés et des animateurs associatifs et culturels, les pouvoirs publics sont contraints d'élaborer un programme tout aussi ambitieux de réouverture des centaines de salles de cinéma fermées durant les années quatre-vingt-dix et, pourquoi pas, la réalisation de nouvelles salles pour accueillir la projection de films. Le privé pourra éventuellement réaliser de petites salles de cinéma, une œuvre qui nécessitera un soutien franc des pouvoirs publics. Ces derniers pourraient aussi céder des salles de cinéma fermées à des opérateurs privés qui s'occuperaient de leur réhabilitation et leur exploitation, selon des cahiers des charges qui ne nuisent pas au trésor public. Ce n'est que de cette façon que le public retournera vers les salles sombres où il devra trouver des œuvres cinématographiques de qualité. Car seule la qualité pourra retenir le public dans les salles de cinéma et le convaincre de revenir. M. B.