Les programmes pédagogiques de deuxième génération, que le ministère de tutelle s'apprête à mettre en œuvre dès la prochaine rentrée scolaire dans les deux paliers du primaire et du moyen, suscite un vif débat dans la société algérienne. Les échanges entre les pour et les contre frisent très souvent la polémique politicienne. Les opposants à cette mise à jour du système pédagogique adoptent un discours franchement idéologique qui ne cadre pas avec l'essence même du sujet. En effet, la discussion d'une telle thématique requiert des arguments scientifiques se référant à des recherches académiques sérieuses. Les considérations strictement doctrinales restent très vagues et sollicitent la sensibilité de l'auditoire et non pas son esprit critique. C'est d'ailleurs l'enjeu essentiel de cette refonte. Les promoteurs du projet le présente comme une évolution positive qui plaide pour le passage de l'«apprentissage» classique, basé sur la récitation mécanique et le «parcœurisme», vers le développement des capacités cognitives de l'élève en faisant appel à son esprit analytique. En clair, il ne s'agit plus de «bombarder» l'apprenant de vérités scientifiques, mais plutôt de le pousser à user de son intelligence propre pour découvrir, par lui-même, la réalité de ces phénomènes et les vérités qui en découlent. L'approche consiste à nourrir la curiosité de l'élève, l'inciter à la réflexion et à l'analyse pour l'aider, en fin de compte, à tirer de lui-même les conclusions adéquates. Perçue ainsi, les enseignants assimilent le projet à une mutation qualitative du système scolaire à même d'améliorer les performances de l'école et d'élever le niveau intrinsèque de chaque élève. «L'idée me paraît, a priori, généreuse. En tant qu'enseignant, on n'est pas encore bien imprégné des détails pratiques de ces programmes dits de deuxième génération, mais la notion essentielle, qui veut que l'on sollicite l'intelligence et la capacité d'analyse de l'élève, me semble pertinente pour un réel ancrage de la connaissance et une meilleure maîtrise du processus intellectuel et analytique menant à cette connaissance», estime Chérif, un enseignants des sciences de la nature dans un CEM de la wilaya de Béjaïa. Cette opinion sommaire est largement répandue dans le corps enseignant, même si l'on estime que cela nécessiterait des cycles de formation et des efforts supplémentaires en matière de préparation et d'élaboration des cours. Le même son de cloche est perceptible chez les parents d'élèves, même, il est vrai, s'ils ne comprennent pas grand-chose aux détails techniques de la réforme projetée. «Ces dernières années, on a enregistré des améliorations indéniables. Il y a de moins en moins de conflits dans le secteur. Des mesures ont été prises pour l'égalité des chances et la lutte contre la fraude et les tricheurs. On a également mis des moyens notables au profit de la famille éducative. Il me semble que ces programmes de deuxième génération participent au parachèvement de ce processus de modernisation de l'école et d'amélioration de ses performances», se hasarde Abdelkrim, président d'une association de parent d'élève dans une école primaire de la région est de la wilaya de Béjaïa. Les personnes interrogées à ce propos se réfèrent généralement aux avancées graduelles réalisées ces dernières années, faute de connaître suffisamment le fond de la refonte en question. En somme, une large tendance de l'opinion locale s'accorde sur la crise bien réelle de l'école et insiste sur la nécessité d'adapter et de mettre à jour ses méthodes, ses programmes et ses systèmes d'évaluation afin d'aller de l'avant. Les lectures politiciennes et idéologiques n'intéressent apparemment plus grand monde. Enseignants et parents d'élèves ne se soucient pas visiblement de la qualité de l'enseignement, de sa performance, de son efficacité et du niveau scolaire des élèves. Une préoccupation légitime. La seule qui compte vraiment. K. A.