«Je peux vous dire que depuis que nous avons commencé à travailler, le 12 janvier, les ministres sont là, je peux vous dire que personne n'a touché un franc de salaire jusqu'au moment où je vous parle», a déclaré récemment le président burkinabé, Roch Marc Christian. M. Kaboré, qui vient d'être élu, dès le premier tour de la présidentielle du 29 novembre 2015, avec 53,63% des suffrages, et son Premier ministre ont par ailleurs décidé de plafonner leurs crédits de communication à 400 000 F CFA (près de 610 euros) par mois. Cette mesure, une première au Burkina Faso, concerne également certains ministres, notamment ceux chargés de la Défense, de la Sécurité et des Affaires étrangères. Les présidents d'institution et d'autres personnalités ayant rang de ministre verront aussi leurs crédits de communication limités à 200 000 F CFA (près de 300 euros). Le gouvernement a, en outre, annoncé des mesures d'économie des dépenses de consommation d'eau, d'électricité et de téléphone des administrations publiques. Pour réduire le train de vie de l'Etat, engagement qu'il avait pris dès son arrivée à la tête du pays, le président du Burkina Faso a commencé par lui-même et ses ministres, donnant ainsi l'exemple à ses concitoyens et une leçon à ses pairs. Un petit pays de ce grand continent dont le nom est souvent accolé à différents fléaux sociaux (maladies, malnutrition…) et économiques (corruptions, détournements…) vient de montrer la voie au reste du monde. L'annonce de M. Kaboré a d'autant plus valeur d'enseignement qu'elle a été faite à la vieille du scandale qui a révélé un système mondial de fraude fiscale, le Panama papers, où trompent des chefs d'Etat, des ministres et des personnalités censées donner l'exemple, ce n'est au monde, du moins à leurs peuples. Pis, ces transferts amoraux de capitaux ont été facilités par l'inaction des Etats (UE, G8, G20…) qui se sont contentés de déclarer la guerre aux paradis fiscaux, sans la mener réellement. Corruptions, collusions, lobbyings en faveur de géants de l'industrie, groupes de pression et fraudes sont devenus les caractéristiques de ces économies qui peinent à renouer avec la croissance. Elles devraient s'inspirer de la leçon burkinabé. Il en est de même pour l'Algérie qui veut diminuer ses dépenses. Une réduction des salaires des hauts fonctionnaires, parlementaires et autres dépenses de l'Etat permettrait, si ce n'est compenser le manque à gagner induit par la chute des prix du pétrole, faire au moins passer la pilule de la restriction et rationalisation que le citoyen supporte.