Jugurtha, oublié dans son pays et superbement ignoré par Rome, reviendra donc cet été à Annaba et racontera, par des historiens interposés, sa vie, ses luttes, ses guerres, ses batailles et son combat pour ce pays qui est le sien. Ce ne sera que justice, certes un «peu tardive» puisque 22 siècles se sont écoulés enfonçant encore plus dans l'oubli ce grand homme parmi les grands que ce pays a donnés Pour une fois, l'Histoire de l'Algérie antique prend sa revanche et fait une incursion dans ce présent fait d'incertitudes et de doutes. Un présent qui veut se ressourcer et retrouver ses repères enfouis dans les plis du temps car sciemment oubliés et ignorés pour effacer les mémoires de ces grands hommes que l'Algérie avait enfantés et que l'ingratitude de certains a évacués par le fait d'un moule réducteur. Ainsi, cette revanche se manifeste au grand jour avec un colloque international sur le grand roi numide, Jugurtha qui sera organisé par le haut commissariat à l'amazighité du 20 au 22 mai à Annaba. Chercheurs, historiens et spécialistes se pencheront sur la personnalité de ce grand homme qui aura donné sa vie pour ce pays en mourant de faim dans les geôles de Rome pour avoir refusé de plier devant l'impérialisme romain. Ce colloque en dehors du fait qu'il réhabilite cet enfant de l'Algérie, est un hommage qu'on a voulu lui rendre en décortiquant sa vie, sa jeunesse, ses qualités d'homme d'Etat mais aussi ses talents de stratège dans les nombreuses batailles qu'il avait livrées pour s'opposer à l'envahisseur romain alors au summum de sa puissance avec ses légions qui avaient conquis de vastes territoires et soumis des peuples entiers à Rome. Sa guerre menée pendant 7 ans, entre 111 et 105 avant Jésus Christ, avait pris fin après qu'il ait été trahi, capturé et livré aux romains par son beau-père Bocchus, roi de Maurétanie. Les humiliations qu'il avait subies, traîné par un char romain, les tortures qu'il avait endurées pendant 6 jours n'avaient en rien altéré sa détermination et encore moins ses convictions quant à la justesse de sa cause préférant mourir dans cette prison qui existe encore aujourd'hui au Colisée de Rome, une prison avec deux niveaux souterrains. Jugurtha, oublié dans son pays et superbement ignoré par Rome, reviendra donc cet été à Annaba et racontera par des historiens interposés sa vie, ses luttes, ses guerres, ses batailles et son combat pour ce pays qui est le sien. Ce ne sera que justice, certes un «peu tardive» puisque 22 siècles se sont écoulés enfonçant encore plus dans l'oubli ce grand homme parmi les grands que ce pays a donnés. Ce peuple rebelle a donc de qui tenir et on aurait aimé que cette mort serve d'exemple de détermination, de volonté inébranlable, de patriotisme, d'amour pour le pays comme l'ont fait les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale avec leurs pilotes kamikazes qui faisaient crasher leurs avions bourrés d'explosifs sur les bâtiments de guerre de la flotte américaine. Kamikaze signifie littéralement vent divin qui avait balayé la flotte de Kubilai Khan et stoppé les invasions mongoles. Les pilotes japonais stimulés par leur Histoire se sont sacrifiés avec leurs aéronefs convaincus qu'ils étaient ce vent divin qui pourrait sauver leur pays. Il n'est pas question ici de faire l'apologie de la guerre ou une quelconque glorification des tueries, mais nous pensons que Jugurtha peut être un des phares les plus brillants pour cette jeunesse qui ne croit plus en rien alors que son Histoire, l'histoire de ses ancêtres lui rappelle son identité, son appartenance et surtout sa fierté, cette fierté d'être Algérien. De Jugurtha à Larbi Ben M'hidi, le peuple algérien n'a jamais plié, car son amour pour la liberté et pour son pays est irrépressible. Il y aura toujours dans ce pays des Jugurtha et des Larbi Ben M'Hidi qui se dresseront comme des remparts imprenables pour le défendre. M. R.