Le Sommet sur la sécurité nucléaire, qui s'est achevé plus tôt ce mois-ci à Washington, DC, a démontré ce qu'il était possible de réaliser lorsque des chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent pour discuter d'un problème global. Cette initiative, initiée en 2010 et qui a pour objectif de prévenir le terrorisme nucléaire, a produit des résultats conséquents au point de vue de l'élimination, de la réduction et de la mise en sûreté de matériaux nucléaires et radiologiques dangereux. Le Sommet sur la sécurité nucléaire, qui s'est achevé plus tôt ce mois-ci à Washington, DC, a démontré ce qu'il était possible de réaliser lorsque des chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent pour discuter d'un problème global. Cette initiative, initiée en 2010 et qui a pour objectif de prévenir le terrorisme nucléaire, a produit des résultats conséquents au point de vue de l'élimination, de la réduction et de la mise en sûreté de matériaux nucléaires et radiologiques dangereux. Malheureusement, la menace nucléaire est loin d'être neutralisée. Les dangers posés par les groupes terroristes augmentent, ainsi que les risques liés à la concurrence et aux conflits entre Etats dotés de l'arme nucléaire. Une gouvernance ferme et une coopération mondiale doivent être mises en œuvre pour faire face à d'autres périls pressants, en particulier de nouveaux essais et la prolifération des armes nucléaires. Peu de signes d'éclaircie pointent à l'horizon. Au contraire, pratiquement tous les Etats dotés de l'arme nucléaire augmentent ou perfectionnent leur arsenal nucléaire. Il n'y a pas de négociations actives pour réglementer, limiter ou réduire davantage les stocks nucléaires. Les Etats-Unis et la Russie ont chacun déployé plus de 1 800 ogives nucléaires, sur des centaines de sous-marins, bombardiers et missiles – bien plus qu'il n'en faut pour dissuader une offensive nucléaire. Une grande partie de ces armes peuvent être lancées en quelques minutes, augmentant le risque d'une erreur de calcul. De son côté, la Corée du Nord est peut-être sur le point de pouvoir armer des missiles balistiques avec des ogives nucléaires, une évolution qui représenterait une sérieuse menace pour toute l'Asie. Compte-tenu de la gravité des menaces, il est dans l'intérêt de tous les pays de mettre fin à la compétition nucléaire et d'éliminer les risques posés par un arsenal de quelque 15 000 armes nucléaires disséminées dans le monde. Comme l'ont noté le président américain Barack Obama et le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev dans des déclarations distinctes lors du Sommet sur la sécurité nucléaire, l'un des éléments clés d'une stratégie efficace de réduction des risques est de faire en sorte que le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires (Ticen) entre en vigueur. Si les puissances nucléaires ne peuvent plus mener de nouveaux essais, elles seront également incapables de développer de nouvelles conceptions d'ogives, plus sophistiquées. De même, sans explosions nucléaires expérimentales, les pays qui ont plus récemment acquis une capacité nucléaire auront plus de difficultés à développer et à mettre en service des ogives plus petites et plus facilement utilisables. Le Ticen bénéficie d'un soutien quasi universel. Signé par 183 Etats, et ayant établi de fait l'interdiction de toute forme d'explosion nucléaire, le Traité est aujourd'hui une composante fondamentale du régime international de non prolifération nucléaire. Il a instauré un tabou contre les essais nucléaires (violé uniquement par la Corée du Nord depuis 1998) et ralenti la course mondiale aux armements. Et pourtant, près de 20 ans après son adoption par l'Assemblée générale des Nations unies, le Ticen n'est toujours pas valide en droit international – essentiellement parce que les Etats-Unis ne l'ont pas ratifié. Le vote hautement partisan et dans l'urgence du Sénat américain en 1999 contre la ratification – et l'absence de réexamen du Traité depuis – a donné des raisons dilatoires aux sept autres Etats qui doivent encore ratifier le Ticen. En conséquence, de nouveaux essais nucléaires restent encore possibles. A l'automne dernier, le secrétaire américain à l'Energie Ernest Moniz et le secrétaire d'Etat John Kerry ont suggéré que le Sénat réexamine cette question. Malheureusement, le mandat de Barack Obama arrive à échéance et son administration n'aura pas le temps suffisant pour lancer le travail pédagogique de longue haleine et la campagne de sensibilisation nécessaires à la présentation du Ticen devant le Sénat pour un nouveau vote. Son administration aurait toutefois encore le temps d'entamer le travail préparatoire – présenter de nouvelles informations, répondre à des questions détaillées et dissiper certains mythes et idées reçues – avant qu'il quitte ses fonctions. Même si le prochain président américain et le Sénat reconsidèrent la ratification du Ticen, il est probable qu'un vote n'interviendra pas avant plusieurs années. Dans l'intervalle, il est essentiel que les dirigeants mondiaux cherchent à encourager la ratification par les Etats qui doivent encore le faire et à renforcer le moratoire de fait sur les essais. La déclaration faite par les ministres des Affaires étrangères du G7 à Hiroshima le 11 avril – «Aucun Etat ne doit mener d'essais nucléaires et tous les Etats doivent signer et ratifier sans délai le Ticen» - est un bon début. Nul pays ne le sait mieux que le Japon et le Kazakhstan, qui ont tous deux souffert des conséquences effroyables des explosions nucléaires. Comme l'ont dit leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, Fumio Kishida et Erlan Idrissov, en septembre dernier, le maintien du statu quo ne sera pas suffisant. Kishida et Idrissov ont invité leurs contreparties à une réunion le 13 juin à Vienne pour explorer les options permettant l'entrée en vigueur du Ticen. Ils encourageront les Etats qui ne l'ont pas encore ratifié à réaffirmer leur soutien à un moratoire mondial sur les essais et à s'engager à considérer une ratification dans les meilleurs délais possibles. Alors que le 20e anniversaire du Ticen approche, les membres du Conseil de sécurité de l'Onu et de l'Assemblée générale peuvent prendre des mesures supplémentaires pour s'assurer que les essais nucléaires restent interdits. Ils peuvent par exemple chercher à faire adopter une nouvelle résolution du Conseil de sécurité et une proposition analogue de l'Assemblée générale appelant tous les Etats à s'abstenir de mener des essais et à agir rapidement en vue de la ratification du traité. De telles initiatives renforceraient la règle internationale en matière d'essais nucléaires et inciteraient les pays non signataires à prendre des mesures à cette fin. A l'image de la coopération affichée par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Sommet pour la sécurité nucléaire pour combattre le terrorisme nucléaire, de nouvelles relations de coopération et de gouvernance sont nécessaires pour mettre fin une fois pour toutes aux essais nucléaires. D. B./D. G. K./K. U.