Malgré des millions de dollars de dépenses et l'appui de personnalités conservatrices, le front anti-Trump n'a pas trouvé de porte flambeau efficace. Donald Trump a enchaîné les victoires sans jamais adoucir son ton ni changer de tactique. Le face à face Trump-Clinton se dessine. Le milliardaire populiste Donald Trump a terrassé mardi Ted Cruz, son dernier rival de poids, et a désormais la quasi-certitude d'être le candidat des républicains à la présidentielle de novembre, laissant présager un match contre la démocrate Hillary Clinton. Dans l'Indiana, Donald Trump a remporté 53% des voix républicaines contre le sénateur du Texas (37%), qui a annoncé dans la foulée, «le cœur lourd», qu'il suspendait sa campagne, constatant que sa candidature n'était plus viable. Au terme d'une campagne extraordinaire de dix mois et demi, Donald Trump a ainsi éliminé 15 candidats plus qualifiés les uns que les autres, des gouverneurs, sénateurs et chefs d'entreprise dont les compétences n'ont pu rivaliser avec ce qui a justement fait le succès de l'homme d'affaires : son absence totale d'expérience politique, le New-Yorkais de 69 ans n'ayant jamais exercé de mandat électif. En cas de duel Clinton-Trump à la présidentielle, Hillary Clinton, 68 ans, partirait favorite. Elle recueille 47% des intentions de vote des Américains contre 40,5% pour Donald Trump, selon la moyenne des six derniers sondages réalisés. Mais le monde politique craignait que les six prochains mois ne soient aussi imprévisibles que les dix derniers. Malgré des millions de dollars de dépenses et l'appui de personnalités conservatrices, le front anti-Trump n'a pas trouvé de porte flambeau efficace. Donald Trump a enchaîné les victoires sans jamais adoucir son ton ni changer de tactique. Omniprésent sur les chaînes d'information, il se présente comme un négociateur hors pair, promettant de rétablir «le rang» des Etats-Unis sur la scène internationale. Son discours est populiste, protectionniste et isolationniste. Il promet de construire un mur à la frontière mexicaine contre les clandestins, défend les ouvriers dont les usines sont délocalisées au Mexique et menace de représailles la Chine, qu'il accuse de «violer» l'Amérique. Mais la droite américaine est loin d'être apaisée. Des républicains menacent de voter pour Hillary Clinton, d'autres entretiennent le rêve d'une convention disputée. Les premiers signes sont de mauvais augure. Le noyau intellectuel du parti républicain lui reste irrémédiablement hostile. Chez les démocrates l'investiture semble, sauf coup de théâtre, promise à Hillary Clinton, qui a toutefois subi un revers mardi face au sénateur du Vermont Bernie Sanders. Il a remporté près de 53% des voix dans l'Indiana, mais cela ne suffira pas à rattraper son grand retard dans la course aux délégués (Clinton en a 2 215 contre 1 442 pour Sanders, la majorité requise étant de 2 383). Le succès du septuagénaire socialiste démocrate auprès des moins de 30 ans sera le grand défi de l'après-convention pour Hillary Clinton, qui doit ses victoires aux démocrates noirs et hispaniques, et aux femmes plus âgées. Sa stratégie consiste à unifier la gauche autour d'un programme progressiste et d'un message de compassion. R. I.