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Rêver debout ?
Publié dans La Tribune le 19 - 05 - 2016

Tout le monde se souvient de la célèbre phrase de Gramcsi : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.»
Tout le monde se souvient de la célèbre phrase de Gramcsi : «Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.»
Cette phrase, d'une terrible actualité, résonne de manière tragique à nos oreilles. Les monstres sont ceux d'un terrorisme inhumain qui sème la mort de manière aveugle, naguère en Algérie, aujourd'hui en Tunisie, au Nigeria, au Cameroun, au Tchad, en France, en Belgique… Oui, je sais, l'habitude n'est pas de classer les pays dans cet ordre. Le classement serait inversé. Pire encore, les premiers cités ne figureraient peut-être même pas dans le palmarès de l'horreur. Eh bien, ce fait en soi serait une illustration supplémentaire de l'état de monstruosité du monde d'aujourd'hui, comme le seraient ces milliers de gens richissimes qui gouvernent la planète en n'oubliant pas de la pressurer et de planquer le fruit de leur rapine quotidienne à des «paradis» fiscaux peu regardants sur les mauvais effluves que dégagent les montagnes d'argent qu'abritent leurs banques. Il y a aussi ceux qui n'omettent pas de tirer parti du meurtre d'innocents attablés aux terrasses de cafés, ou réunis par un concert de musique, pour faire avancer des causes inavouables. Voici le Premier ministre français faisant le rapprochement obscène entre la tragédie belge et celle que vivrait selon lui au quotidien l'Etat d'Israël, sans préciser que l'Etat Belge, certes lesté d'une lourde histoire coloniale, n'opprime, n'occupe, ne massacre, ne soumet à un blocus illégal personne. Ce genre de rapprochement constitue le plus efficace des combustibles à la haine et donc à la multiplication des vocations terroristes…
Il n'y a pas que des monstres. J'ai écrit naguère que l'écologie pouvait constituer un facteur d'unité des nations et un levier pour hâter l'avènement de ce monde nouveau, égalitaire, édifié sur le primat absolu de la justice et de la démocratie pour tous («Justice et écologie» http://brahim-senouci.over-blog.com/article-32236567.html). L'écologie n'a pas de frontières. Que la forêt amazonienne disparaisse et nous risquerions de mourir asphyxiés du fait de l'absence de ce poumon qui absorbe 40% de notre gaz carbonique ! Qu'un petit volcan s'éveille en Islande et voilà que s'interrompt pour deux longues semaines le ballet des milliers d'avions qui sillonnent le ciel. Qu'un tremblement de terre détruise une centrale nucléaire au Japon et les Californiens découvrent les «joies» d'un océan Pacifique déposant des particules aux radiations pernicieuses sur leurs côtes jusque là inviolées. Le simple bon sens devrait, devra, nous dicter de nous unir pour faire face au danger de notre propre extinction.
Il n'y a pas que des monstres. Dans ce clair-obscur s'élève une clameur mondiale contre la corruption. Autant que les atteintes à l'écologie, la prédation généralisée, qui concerne aussi bien l'Occident «vertueux» que le Sud, est de nature à mettre en cause le contrat qui lie, qui devrait lier, gouvernants et gouvernés. La corruption est ancienne. Elle a toujours fait partie du paysage. Les régimes dictatoriaux du Sud muselaient leurs peuples pour permettre à leurs dirigeants de s'enrichir en toute tranquillité. Les régimes «démocratiques» du Nord assuraient à leurs concitoyens une croissance ininterrompue (en grande partie par l'exploitation des pays du Sud) qui les incitait à fermer les yeux devant des écarts jugés «minimes». La corruption explose aujourd'hui, sur fond de recul des dictatures et d'appauvrissement relatif des peuples en Occident. Plus grave, elle n'est plus un défaut, une perversion du système. Elle lui est consubstantielle. Elle est le système. La corruption doit être désormais comprise dans son sens premier, qui est le pourrissement. Il y a en effet un lien étroit, une fusion, entre le monde de la finance et la classe politique. La conséquence est gravissime. La classe politique ayant lié, voire confondu, ses intérêts avec ceux d'une coterie financière interlope, elle n'est plus en mesure de défendre les intérêts du peuple et de la Nation. Ce phénomène trouve peut-être son expression la plus aiguë en Algérie. Dans cet Eldorado de la corruption, cette dernière s'étale au grand jour. La presse, locale et internationale, a beau en pointer les scandales de corruption, en désigner les acteurs, ceux-ci ne sont pas inquiétés. Ils le sont d'autant moins que la corruption s'est «démocratisée» ; elle s'étend en effet à une grande partie de la population qui y a trouvé, accessoirement, une manière d'arrondir ses revenus, mais aussi un exutoire à son ressentiment contre ses dirigeants. Elle se venge en les imitant, en détournant à son profit une infime partie de la rente, en trichant avec la carte Chiffa, en campant aux abords des mairies pour offrir ses services de «témoins professionnels», en soutirant une fiche communale, une sinécure dans une entreprise publique… Tout cela se fait dans une atmosphère de religiosité maladive. C'est par un surcroît d'ostentation, se dit sans doute cette partie de la population, qu'elle croit se racheter du mensonge quotidien, de l'hypocrisie, de la cupidité. Elle tient un compte sourcilleux des hassanates qu'elle accumule en multipliant les prières surérogatoires, en suivant les enterrements, en jeûnant les lundis et jeudis… Le sacré est évacué au profit d'une pratique dogmatique, d'une répétition étouffante de rituels coulés dans le marbre du conservatisme le plus étroit…
Cette pratique ne diffère guère de celle qui a cours à des niveaux plus élevés. Cet ex-ministre lié au scandale de la Sonatrach, dont on croyait qu'il avait choisi la fuite aux Etats-Unis pour ne pas répondre de ses actes devant la justice algérienne, revient en Algérie pour échapper à la justice étasunienne ou européenne. Loin d'observer l'attitude discrète qui devrait lui être dicté par son statut de justiciable, il écume les zaouïas d'Algérie en espérant leur arracher une bénédiction. Il est ainsi dans une démarche analogue à celle du bon peuple. C'est vrai, il n'est pas le bienvenu partout mais il est un des acteurs de la perte de sens que subit notre pays. Il ne faut guère s'étonner de constater l'immense frustration, l'immense colère qui sourdent, annonciatrices d'un déferlement de violence.
En fait, un ras-le-bol généralisé parcourt à peu près l'ensemble de la planète, comme un frisson sur une échine épuisée. Il y a une exigence nouvelle de justice, de sens. Elle se traduit à Paris par cette magnifique initiative de «Nuit Debout», initiative qui a essaimé dans toute la France et en Europe. Retenons que ces militants d'un genre nouveau proposent une innovation radicale. Ils ne revendiquent rien. Ils n'ont que faire d'une classe politique ringarde, médiocre, ne s'occupant que de sa propre pérennité et comptant pour cela sur ses «amitiés» fortunées. Ils inventent de nouveau le débat, l'échange, l'élargissement de la perspective. Les mots Palestine, boycott, migrants, trouvent vie et sens Place de la République !
Rêver debout ? La véritable utopie serait de croire que le monde peut continuer ainsi, que des millions de Congolais peuvent continuer de mourir pour que nous ayons du coltan pour nos portables, que des centaines de milliers de Palestiniens continent de vivre parqués dans la dernière des réserves du monde, sous la férule israélienne et avec la complaisance de l'Occident, que des peuples croulent sous la misère, que, d'après un rapport de l'ONG Oxfam publié en 2015, 62 personnes (juste de quoi remplir un autobus !) possèdent les mêmes richesses que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres dans le monde. Le réalisme commande de mettre fin à cet ordre des choses mortifères et de se mettre vraiment à travailler à l'avènement de ce nouveau monde exempt de monstres, riche de promesses…
B. S.


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