«L'effondrement des cours du pétrole a mis au jour des vulnérabilités présentes de longue date dans une économie dirigée par l'Etat et excessivement tributaire des hydrocarbures. Jusqu'à présent, le choc des cours du pétrole n'a eu qu'un effet limité sur la croissance économique de l'Algérie, mais les soldes budgétaire et extérieur se sont considérablement détériorés». C'est la conclusion des consultations de 2016 du Fonds monétaire international (FMI) au titre de l'article IV avec l'Algérie, publiée sur son site électronique. Grâce aux marges accumulées par le passé, l'Algérie, selon cette institution multilatérale, a la possibilité de mener l'ajustement au choc d'une manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance. Pour rétablir les équilibres macroéconomiques, le FMI préconise à l'Algérie de procéder à un assainissement soutenu des finances publiques à moyen terme accompagné d'une masse critique de réformes structurelles pour diversifier l'économie. Les politiques de change, monétaire et financière devraient appuyer ces efforts. Il sera important de bien expliquer l'action des autorités pour réunir un consensus autour des réformes nécessaires et assurer ainsi leur mise en œuvre dans les meilleurs délais, souligne le Fonds. L'assainissement budgétaire devra être soutenu à moyen terme afin de rétablir la viabilité des finances publiques, assurer l'équité entre générations et promouvoir la stabilité extérieure. Il faudra pour cela, selon le FMI, maîtriser les dépenses courantes, poursuivre la réforme des subventions tout en protégeant les populations pauvres, mobiliser davantage de recettes hors hydrocarbures, accroître l'efficacité des investissements publics et renforcer le cadre budgétaire. «La diminution rapide de l'épargne budgétaire signifie que l'Algérie devra emprunter davantage pour financer les déficits futurs. Outre le recours accru à l'émission de titres d'emprunt nationaux, les autorités devraient aussi envisager d'emprunter à l'extérieur et d'ouvrir, dans la transparence, le capital de certaines entreprises publiques à des acteurs privés», suggère t-il. Aussi, des réformes structurelles de grande envergure sont nécessaires pour soutenir l'activité économique pendant l'assainissement des finances publiques et pour diversifier l'économie. Des réformes qui comprennent l'amélioration du climat des affaires, une plus grande ouverture de l'économie aux échanges internationaux et à l'investissement étranger, l'amélioration de l'accès au financement et le développement des marchés de capitaux ainsi que le renforcement de la gouvernance, la concurrence et la transparence. Il convient également, selon cette institution, de donner une plus grande souplesse au marché du travail tout en alignant mieux les compétences produites par le système éducatif sur les besoins du secteur privé. Abordant la politique monétaire, le FMI relève que la Banque d'Algérie «s'adapte de manière appropriée à l'évolution des conditions de liquidités» en réactivant ses instruments de refinancement et en renforçant ses capacités de prévision et de gestion des liquidités. Une plus grande flexibilité du taux de change faciliterait l'ajustement au choc des cours du pétrole, soutient le FMI qui relève, par ailleurs, que le secteur bancaire algérien est dans son ensemble bien capitalisé et rentable, mais la persistance de faibles cours du pétrole accroît les risques pesant sur la stabilité financière. De plus, les liens étroits entre le secteur financier, le secteur des hydrocarbures et le secteur public accentuent la vulnérabilité des banques aux risques systémiques et appellent des mesures préventives. Les autorités devraient continuer à renforcer le cadre prudentiel, notamment en étoffant le rôle de la politique macroprudentielle et en améliorant leurs préparatifs d'urgence et les capacités de gestion des situations de crise, conclut le rapport du FMI publié jeudi dernier. B. A. La croissance économique de l'Algérie rebondira à partir de 2019 Dans son rapport annuel sur l'économie algérienne publié jeudi dernier, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance de 3,4% en 2016 et de 2,9% en 2017. La croissance rebondira à partir de 2019 pour atteindre 3,4% en 2021. Le secteur des hydrocarbures qui a renoué avec la croissance en 2014, après deux années de contraction, va maintenir cette tendance haussière durant les cinq prochaines années, prévoit le Fonds. Le déficit budgétaire qui a doublé en 2015 pour s'établir à 16% du PIB sous l'effet de la baisse des recettes hydrocarbures se réduira progressivement durant les cinq prochaines années pour atteindre 5,3% en 2021. L'inflation s'est établie à 4,8% en 2015, et devrait baisser à 4,3% en 2016 et maintenir cette tendance baissière jusqu'au en 2021 où elle devrait se situer autour de 4%, selon les mêmes projections. Les réserves de change, tout en restant élevées, ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015, pour s'établir à 143 milliards de dollars après avoir culminé à 192 milliards de dollars en 2013. Le niveau de la dette extérieure demeure très bas. Selon les mêmes anticipations, la production des hydrocarbures devrait amorcer une hausse à partir de l'année en cours à 145 millions de tonnes équivalent pétrole (Tep) et préserver la progression jusqu'en 2021 à 163 millions de Tep. Les exportations pétrolières suivront cette tendance haussière et devraient augmenter à 1,3 million de barils/jour en 2018. Les investissements directs étrangers devraient s'inscrire à la hausse en 2016 à 1,4 milliard de dollars contre -0,7 milliard en 2015 et devraient progresser à 3,6 mds de dollars en 2021.