Le FMI recommande à la Banque d'Algérie pour la période à venir de "calibrer soigneusement sa politique monétaire de manière à prévenir les pressions inflationnistes potentielles". Le Fonds monétaire international (FMI) estime que l'Algérie fait face actuellement à un choc extérieur de grande ampleur et qui risque de s'inscrire dans la durée à la suite de la baisse drastique des prix du pétrole sur les marchés internationaux. Pour cela, suggère l'institution financière, le pays doit renforcer davantage sa capacité de résilience contre les méfaits de cette crise. "L'effondrement des cours du pétrole a mis au jour des vulnérabilités présentes de longue date dans une économie dirigée par l'Etat et excessivement tributaire des hydrocarbures. Jusqu'à présent, le choc des cours du pétrole n'a eu qu'un effet limité sur la croissance économique, mais les soldes budgétaire et extérieur se sont considérablement détériorés", indique le FMI dans son évaluation publiée jeudi en conclusion des consultations de 2016 au titre de l'article IV avec l'Algérie. Le fonds précise, toutefois, que "grâce aux marges accumulées par le passé, l'Algérie a la possibilité de mener l'ajustement au choc d'une manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance". L'Algérie, souligne encore le FMI, "a la possibilité de mener l'ajustement contre cette dégringolade des cours de l'or noir, qui jusqu'ici n'a eu qu'un effet limité sur la croissance économique". Grâce aux marges accumulées par le passé, l'Algérie a la possibilité de résister et de se réadapter à cette nouvelle donne "d'une manière progressive et de reconfigurer son modèle de croissance malgré la détérioration des soldes budgétaire et extérieurs", affirme l'organisme que dirige Mme Christine Lagarde. Le FMI propose, par ailleurs, de rétablir les équilibres macroéconomiques et de mener un assainissement soutenu des finances publiques à moyen terme. Ces mesures doivent également être accompagnées de réformes structurelles pour diversifier l'économie. D'où l'urgence, selon le FMI, de maîtriser les dépenses courantes, poursuivre la réforme des subventions tout en protégeant les populations pauvres, mobiliser davantage de recettes hors hydrocarbures, accroître l'efficacité des investissements publics et renforcer le cadre budgétaire. Aussi, les auteurs du rapport encouragent l'Algérie à augmenter le recours à l'émission de titre d'emprunts nationaux pour faire face à la diminution rapide de l'épargne budgétaire. Le Fonds évoque des "réformes clés" qui aideraient l'Algérie à s'affranchir des hydrocarbures, telles que l'amélioration du climat des affaires, le développement du marché des capitaux. Une plus grande flexibilité du taux de change faciliterait l'ajustement à la baisse des cours du pétrole, soutient le FMI. Le FMI avoue que le dinar "reste nettement surévalué", bien qu'il se soit "un peu déprécié en 2015". Le FMI recommande à la Banque d'Algérie pour la période à venir de "calibrer soigneusement sa politique monétaire de manière à prévenir les pressions inflationnistes potentielles". En 2015, le PIB réel a progressé de 3,9%, selon le FMI qui table sur une croissance de 3,4% en 2016 et de 2,9% en 2017. Les réserves de change, tout en restant élevées, ont diminué de 35 milliards de dollars en 2015, pour s'établir à 143 milliards de dollars après avoir culminé à 192 milliards de dollars en 2013. Le secteur des hydrocarbures, qui a renoué avec la croissance en 2014, après deux années de contraction, va maintenir cette tendance haussière durant les cinq prochaines années, prévoit le Fonds. Le déficit budgétaire qui a doublé en 2015 pour s'établir à 16% du PIB sous l'effet de la baisse des recettes hydrocarbures se réduira progressivement durant les cinq prochaines années pour atteindre 5,3% en 2021. L'inflation s'est établie à 4,8% en 2015 et devrait baisser à 4,3% en 2016 et maintenir cette tendance baissière jusqu'en 2021 où elle devrait se situer autour de 4%, selon les mêmes projections. B. K.