L'OCDE appelle les gouvernements à agir vite pour sortir l'économie mondiale du piège de la «croissance molle», en constatant que l'activité globale devrait progresser pour la deuxième année consécutive à son rythme le plus lent depuis la crise financière. L'OCDE appelle les gouvernements à agir vite pour sortir l'économie mondiale du piège de la «croissance molle», en constatant que l'activité globale devrait progresser pour la deuxième année consécutive à son rythme le plus lent depuis la crise financière. Dans ses perspectives économiques de printemps publiées hier, l'Organisation de coopération et de développement économiques a confirmé sa prévision de l'hiver d'une croissance mondiale limitée à 3,0% cette année, tout comme en 2015. Il faut remonter à 2009 pour retrouver un chiffre aussi faible et les perspectives sont à peine meilleures pour 2017, avec 3,3% attendu. Les économistes de l'OCDE sont plus pessimistes que ceux du FMI, qui voient l'économie mondiale progresser de 3,2% cette année et de 3,5% l'an prochain. Pour l'organisation basée à Paris, l'atonie de la demande globale combinée à la faiblesse de la dynamique de l'offre, avec notamment des investissements en berne, expliquent cette situation. Si une croissance aussi faible se prolonge, le risque est que les perspectives d'emploi soient moindres pour les jeunes et que les engagements pris envers les personnes âgées en matière de santé et de retraite ne puissent être tenus, estime Catherine Mann, chef économiste de l'OCDE. Avec une croissance inférieure en moyenne de moitié à son potentiel dans les pays de l'OCDE, il faudra 70 ans à leurs populations pour doubler de niveau de vie, deux fois plus qu'il y a vingt ans. Ne pas compter que sur la politique monétaire «La conséquence est que nous ne tenons pas les promesses faites aux jeunes et aux personnes âgées. Les responsables politiques doivent donc agir pour nous sortir du piège de cette croissance molle», a déclaré à Reuters Catherine Mann. Dans ce contexte, l'organisation pousse les gouvernements à agir en actionnant les leviers structurels mais aussi budgétaires, et à ne pas se reposer sur les politiques monétaires ultra-accommodantes des Banques centrales, «levier depuis trop longtemps exclusif de l'action publique». «S'attacher uniquement à redynamiser la croissance économique sans s'appuyer parallèlement sur des politiques budgétaires ou structurelles compromet l'équilibre qui existe entre les avantages et les risques» de cette politique monétaire, estime-t-elle. Les politiques ne doivent donc pas hésiter à investir, en profitant des taux bas, dans des infrastructures matérielles (numérique, énergie, transport) ou immatérielles (éducation préscolaire, innovation), qui produisent de «puissants effets multiplicateurs» pour la croissance. «L'environnement de taux faibles créé par les Banques centrales ouvre une marge budgétaire pour les gouvernements et nous leur disons de l'utiliser», souligne Catherine Mann. Le «brexit» affaiblirait l'économie européenne Par rapport à ses prévisions de février, l'OCDE revoit en baisse de 0,2 point la croissance attendue pour les Etats-Unis, première économie mondiale, cette année, à 1,8%, en raison du passage à vide de la fin 2015. A l'inverse, elle relève ses anticipations de 0,2 point pour la zone euro, à 1,6%, et de 0,3 point pour l'Allemagne, à 1,6% également. Elle est aussi un peu plus optimiste pour l'économie française (+0,2 point à 1,4% en 2016) mais elle la voit croître cette année comme l'an prochain à un rythme légèrement inférieur à celui de la zone euro. L'OCDE avertit au passage qu'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne «pourrait affaiblir considérablement la croissance dans l'ensemble de la zone euro». Dans une étude publiée fin avril, l'organisation a évoqué le «choc négatif majeur» que constituerait le «Brexit» pour l'économie britannique. Elle souligne dans ses dernières prévisions - fondées sur l'hypothèse d'un maintien dans l'UE - que l'incertitude sur le résultat du référendum du 23 juin sur la question a déjà pénalisé la croissance du pays, qu'elle a revue à nouveau en baisse à 1,7% (-0,4 point) pour 2016, après une première révision négative de 0,3 point en février. Les économistes de l'OCDE abaissent aussi leurs prévisions pour le Japon (-0,1 point à 0,7% en 2016 et -0,2 point à 0,4% en 2017) tout en estimant que la trajectoire trimestre après trimestre de la croissance devrait y être instable en raison de la nouvelle hausse de la TVA à venir. Mais leur étude a été publiée avant que la presse nipponne n'évoque un report de cette hausse, une décision officialisée hier. Du côté des grands pays émergents, l'OCDE ne change rien à ses attentes pour la Chine, relève un peu la marque prévue en Inde l'an prochain et table dorénavant sur une prolongation en 2017 de la récession au Brésil. Reuters.com