L'administration municipale tourne au ralenti en ce mois de ramadhan. On commence le travail un peu plus tard que d'ordinaire et on sonne la fin de journée un peu plus tôt. Les nouveaux horaires inspirent, dans les bureaux de nos mairies, une espèce de paresse, de lenteur et de laisser-aller où chacun agit presque à sa guise et fait-on le rappelle à l'envi- ce qu'il peut. Mais le carême n'est pour rien dans cette débandade. Bien avant l'entame du mois sacré, les choses allaient déjà en boitant. Certaines APC étaient quasiment paralysées depuis longtemps. D'autres n'assuraient que le service minimum. Le citoyen prend, désormais, tout cela avec beaucoup de philosophie. Il en a déjà testé un tas de recettes vaines qui consistaient à créer du grabuge, engager le bras de fer, faire étalage de sa force de mobilisation et dénoncer à gorge déployée. Bloquer une route ou organiser une manif qui dérape n'arrange rien à rien. Bien au contraire, cela sert d'argument aux principaux mis en cause pour mettre leur insuffisance sur le dos de ceux-là mêmes qui les désignent du doigt. Les citoyens ont appris à agir avec beaucoup de sagesse et de discernement pour mettre les points sur les «i», définir les responsabilités de tout un chacun et situer le problème avec précision. Dans le calme, sans grand bruit ni pneu en feu, la démarche citoyenne bouscule les élus et les responsables locaux. Au cours d'un simple rassemblement «autorisé» dans la cour de la mairie, les gens exigent la relance du développement local, expliquent les lacunes et les erreurs commises dans ce domaine, proposent leur service pour aller plus vite et font valoir leur droit de regard sur la conduite de leurs propres affaires. Un discours responsable, net, précis et sans aucune bavure. Une prise de conscience extraordinaire où les citoyens, mettant de côté leurs couleurs politiques, exigent des résultats tangibles sur le terrain (hygiène et qualité du cadre de vie, achèvement des projets lancés, prise en charge des doléances, écoute…) et sollicitent l'intervention des autorités hiérarchiques pour redresser les torts et sanctionner les écarts longtemps tus et tolérés. Cette nouvelle façon d'opérer fait des émules à travers toutes les communes de la wilaya de Béjaïa. Quand, par exemple, plus de trois quarts des élus d'une APC démissionnent, de quelle autorité peut se prévaloir le président de l'APC qui s'accroche mordicus à son poste ? Dans des cas similaires la population réclame, très gentiment, la dissolution de la défunte assemblée et l'installation d'un administrateur dûment mandaté pour assurer, au moins, le fonctionnement de la commune. C'est le cas présentement dans deux principales municipalités de la wilaya. Mais pourquoi le wali attend-il jusqu'à ce que la population lui intime l'ordre de faire son travail ! Il s'agit à l'évidence d'une sage décision qu'il aurait fallu prendre il y a longtemps de cela. Le rapport du citoyen à la politique et, plus précisément, à la chose publique évolue ainsi dans le bon sens. On ne se passionne plus pour les partis, comme s'il s'agissait de clubs de foot. On est dans une toute autre approche qui veut que l'élu soit à l'écoute du citoyen-électeur et œuvre sur le terrain pour un service public de qualité. C'est sur cette base uniquement qu'il sera jugé par ses administrés. L'idéologique et l'affectif n'ont plus aucune valeur quand il est question d'apprécier le bilan d'activité d'un exécutif communal. Echaudé par des expériences passées, le citoyen ne donne plus de chèque en blanc. K. A.