L'équipe nationale de football est une belle vitrine mais elle cache une arrière-boutique faite de friperie footballistique. Et en général, une «khorda» sportive. Pourtant, une équipe nationale est censée être mise sur pied à partir des clubs animant le championnat national du pays. C'est une logique implacable que l'on retrouve dans tous les pays du monde. Les meilleurs joueurs de chaque club sont sélectionnés pour former une équipe nationale appelée à défendre les couleurs nationales dans les tournois internationaux. Combien de joueurs issus du championnat national font partie des Fennecs ? Très peu. L'ossature des Verts est composée essentiellement de joueurs formés dans les centres et les écoles de formation européennes, en particulier françaises. Et si ce n'est cette nouvelle réglementation de la FIFA qui permet aux joueurs détenant deux nationalités de choisir une autre sélection que celle qui les a vus évoluer dans les petites catégories, l'équipe nationale algérienne continuerait d'évoluer dans le bas du tableau du football africain, comme c'était le cas dans la fin des années 1990 et au début des années 2000. A l'époque, l'équipe nationale se qualifiait difficilement aux phases finales de la Coupe d'Afrique des nations. Parfois, elle n'atteignait même pas cette phase, se faisant éliminer par des sélections modestes. Cette nouvelle disposition de la FIFA a permis à l'équipe nationale de football de se qualifier avec une rude bataille contre l'équipe égyptienne au Mondial sud-africain de 2010 et à la Fédération d'engranger des dividendes financiers qui lui ont permis d'investir dans le but d'améliorer les conditions matérielles de l'EN, notamment en recrutant un bon sélectionneur en la personne de Vahid Halilhodzic qui a pu mettre sur pied une équipe performante avec un passage historique au second tour du Mondial brésilien de 2014. Voilà pour ce qui est du football. Pour le reste des disciplines sportives, c'est quasiment le néant. Les fédérations ne sont pas aussi gâtées que celle présidée par Mohamed Raouraoua. Doit-on attendre d'autres décisions des Fédérations internationales pour encore «importer» des athlètes ? Les responsables des pouvoirs publics doivent savoir une bonne fois pour toutes qu'une action en faveur d'une professionnalisation de la scène sportive nationale est nécessaire et tous les moyens doivent être mobilisés pour ce faire. Et qu'en ces temps de crise financière, cette action serait un excellent investissement pour tout le secteur sportif. Parce que si les responsables en charge du sport à tous les niveaux comprennent que la formation est une priorité et un investissement rentable à moyen terme. Parce que c'est la formation qui offrira aux fédérations sportives les capacités financières et matérielles que possède la FAF. Et cette absence de stratégie à moyen et à long termes qui fait que les sports autres que le football (l'opium des peuples) sont les parents pauvres du monde du sport en Algérie. C'est de cette façon que les clubs algériens seront capables d'alimenter les équipes nationales en joueurs et athlètes de haut niveau. C'est la seule façon qui permettra à l'Algérie de n'importer que la crème des sportifs évoluant à l'étranger. La seule façon pour l'Algérie de revoir ses ambitions internationales dans toutes les disciplines sportives, pas uniquement dans le football. Et ce dernier, même s'il bénéficie de tous les égards, n'est malheureusement pas sorti de l'auberge, puisque certains bricolages subsistent encore dans la gestion, notamment avec cette incapacité de la fédération de Raouraoua de trouver un sélectionneur pour les Fennecs au moment où les autres sélections africaines se préparent déjà pour les éliminatoires du Mondial russe de 2018, le premier match étant programmé dès l'automne prochain. M. B.