Réunion des ministres de l'Intérieur du G7 : M. Merad s'entretient avec son homologue italien    Italie: clôture des travaux de la réunion des ministres de l'Intérieur du G7    Jeux scolaires Africains 2025: l'Algérie abrite la 1re édition en juillet prochain    Pillage des ressources du Sahara occidental: le verdict de la CJUE constitue une "grande victoire" pour les Sahraouis (présidence sahraouie)    Energies renouvelables : production d'environ 4 Gigawatts d'ici début 2025    Algérie-BM: l'Algérie engagée dans son programme de réformes pour un développement durable et inclusif    Saihi : baisse du nombre de cas de paludisme à Timiaouine    Cas de paludisme et de diphtérie dans le Sud: vaccination impérative de tous les habitants des régions affectées    Le gouvernement palestinien presse la communauté internationale à agir contre l'entité sioniste    Le Général d'Armée Saïd Chanegriha reçu par le ministre italien de la Défense    Le recrutement des enseignants contractuels effectué dans la transparence grâce à la numérisation    Sonatrach récompense les athlètes médaillés lors des Jeux Paralympiques-2024    Le Conseil de la nation prend part aux réunions de la 82e session du Comité exécutif et de la 46e Conférence de l'UPA    Oran: lancement des travaux d'urgence pour la restauration du Palais du Bey dans les brefs délais    Le Premier ministre pakistanais félicite le président de la République pour sa réélection    Arrivé lundi à Laâyoune pour ce qui constitue sa première visite dans la région    Pluies orageuses sur plusieurs wilayas du nord à partir de jeudi    CAN-2025: une liste de 26 joueurs pour la double confrontation face au Togo dévoilée    Ligue 1 Mobilis : L'entraîneur de l'ASO Chlef Samir Zaoui suspendu un mois    Festival international d'Oran du film arabe: 18 documentaires longs et courts métrages en compétition    La narration assumée de l'histoire constitue un "socle référentiel" pour les générations    L'Algérie met en garde contre les plans israéliens    Renfort vaccinal général pour la population du Grand-Sud    Une délégation du Conseil de la nation participe à la 4e partie de la session ordinaire 2024    «L'Algérie, une boussole dans la réalisation des infrastructures énergétiques en Afrique»    De Mistura en visite, jeudi, aux camps des réfugiés sahraouis    Les impacts entre 2025/2030/2050 des politiques de la transition énergétique seront déterminantes    Nettoyage et embellissement    L'intelligence artificielle, un allié pour les journalistes    Les Verts pour un sans-faute face au Togo    Décès de l'ancien président du MC Oran Mohamed Brahim Mehadji    Scarthin Books à Cromford, antre du livre en pleine campagne    Ouverture du premier atelier national sur l'actualisation de la liste indicative    La création de l'Etat-nation algérien au fondement de l'islamisme (II)    Audience Le président du CSJ reçoit une délégation du groupe de la Banque islamique de développement    Chefs d'Etat et dirigeants du monde continuent de le féliciter    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les raisons pour lesquelles l'Etat islamique persiste
Publié dans La Tribune le 12 - 07 - 2016

Les attentats meurtriers qui ont eu lieu à Istanbul, à Dacca et à Baghdad démontrent la portée meurtrière de l'Etat islamique (EI), en Europe, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans certaines régions d'Asie. Plus l'EI maintiendra ses bastions en Syrie et en Irak, plus son réseau terroriste va infliger ce carnage. Pourtant l'EI n'est pas particulièrement difficile à vaincre. Le problème est qu'aucun des Etats impliqués en Irak et en Syrie, y compris les Etats-Unis et leurs alliés, n'ont jusqu'à présent traité l'EI comme leur principal ennemi. Il est temps qu'ils revoient cette façon de faire.
Les attentats meurtriers qui ont eu lieu à Istanbul, à Dacca et à Baghdad démontrent la portée meurtrière de l'Etat islamique (EI), en Europe, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans certaines régions d'Asie. Plus l'EI maintiendra ses bastions en Syrie et en Irak, plus son réseau terroriste va infliger ce carnage. Pourtant l'EI n'est pas particulièrement difficile à vaincre. Le problème est qu'aucun des Etats impliqués en Irak et en Syrie, y compris les Etats-Unis et leurs alliés, n'ont jusqu'à présent traité l'EI comme leur principal ennemi. Il est temps qu'ils revoient cette façon de faire.
L'EI a une petite force de combat, que les Etats-Unis évaluent entre 20 000 et 25 000 en Irak et en Syrie et une autre d'à peu près 5 000 en Libye. Par rapport au nombre de militaires actifs en Syrie (125 000), en Irak (271 500), en Arabie saoudite (233 500), en Turquie (510 600), ou en Iran (523 000), l'EI est minuscule.
Malgré la promesse du président des Etats-Unis Barack Obama en septembre 2014 de «dégrader et ultimement détruire» l'EI, les Etats-Unis et leurs alliés, notamment l'Arabie saoudite, la Turquie et Israël (en coulisses), ont mis l'accent au contraire sur le renversement de Bachar el-Assad en Syrie. Selon une déclaration franche récente du Général de division israélien Herzi Halevy (qui m'a été citée par un journaliste qui a assisté au discours où Halevy l'a faite) : «Israël ne veut pas voir la situation en Syrie prendre fin avec [l'EI] vaincu, les superpuissances qui auraient quitté la région et [Israël] qui resterait avec le Hezbollah et l'Iran dotés d'une plus grande capacité.»
Israël s'oppose à l'EI, mais les plus importantes préoccupations d'Israël concernent le soutien d'Assad à l'Iran. Assad permet à l'Iran de soutenir deux ennemis paramilitaires d'Israël, le Hezbollah et le Hamas. Israël considère donc le retrait d'Assad comme prioritaire par rapport à la défaite de l'EI.
Pour les Etats-Unis, pilotés par les néo-conservateurs, la guerre en Syrie est une continuation du plan d'hégémonie américaine mondiale lancée par le Secrétaire à la Défense Richard Cheney et le Sous-secrétaire Paul Wolfowitz à la fin de la Guerre froide. En 1991, Wolfowitz a déclaré au Général américain Wesley Clark : «Mais une chose que nous avons apprise [de la Guerre du Golfe persique] est que nous pouvons utiliser nos forces armées dans la région (au Moyen-Orient), sans que les Soviétiques ne nous arrêtent. Et nous avons environ 5 ou 10 ans pour nettoyer ces anciens régimes soviétiques (Syrie, Iran (sic), Irak), avant que la prochaine grande superpuissance ne vienne nous défier.»
Les multiples guerres américaines au Moyen-Orient (en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye entre autres), ont cherché à retirer l'Union soviétique puis la Russie de la scène et à accorder aux Etats-Unis la domination hégémonique. Ces efforts ont échoué lamentablement.
Pour l'Arabie saoudite, en ce qui concerne Israël, l'objectif principal est d'évincer Assad afin d'affaiblir l'Iran. La Syrie fait partie de la vaste guerre par procuration entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite qui se joue sur les champs de bataille de Syrie et du Yémen et dans des confrontations amères entre chiites et sunnites à Bahreïn et dans d'autres pays divisés de la région (y compris l'Arabie Saoudite elle-même).
Pour la Turquie, le renversement d'Assad pourrait renforcer sa position dans la région. Pourtant, la Turquie est maintenant confrontée à trois adversaires sur sa frontière Sud : Assad, l'EI et les nationalistes kurdes. L'EI est jusqu'à présent resté à l'arrière-plan des préoccupations de la Turquie comparativement à Assad et aux Kurdes. Mais les attaques terroristes en Turquie dirigées par l'EI pourraient bien changer les choses.
La Russie et l'Iran poursuivent également leurs propres intérêts dans la région, notamment par le biais de guerres par procuration et par leur soutien aux opérations paramilitaires. Pourtant, les deux pays ont signalé leur volonté de coopérer avec les Etats-Unis pour vaincre l'EI et peut-être pour résoudre également d'autres problèmes. Les Etats-Unis ont jusqu'à présent repoussé ces offres, en préférant se concentrer sur la chute d'Assad.
Les décideurs de la politique étrangère des Etats-Unis accusent le Président russe Vladimir Poutine de défendre Assad, tandis que la Russie accuse les Etats-Unis d'avoir tenté de le renverser. Ces plaintes peuvent sembler symétriques, mais elles ne le sont pas. La tentative des Etats-Unis et de leurs alliés en vue de renverser Assad violent la Charte des Nations unies, tandis que le soutien de la Russie à Assad est compatible avec le droit de légitime défense de la Syrie en vertu de cette Charte. Oui, Assad est un despote, mais la Charte de l'ONU n'autorise pas n'importe quel pays à choisir les despotes qu'il entend destituer.
La persistance de l'EI souligne trois défauts stratégiques dans la politique étrangère des Etats-Unis, ainsi qu'un défaut tactique fatal. Premièrement, la quête d'hégémonie américaine des néo-conservateurs par le biais d'un changement de régime ne témoigne pas seulement d'une arrogance butée : c'est un abus impérialiste classique. Cette manœuvre a échoué partout où les Etats-Unis l'ont essayée. La Syrie et la Libye en sont les exemples les plus récents. Deuxièmement, la CIA a longtemps armé et formé des djihadistes sunnites grâce à des opérations secrètes, financées par l'Arabie saoudite. À leur tour, ces djihadistes ont donné naissance à l'EI, qui est une conséquence directe, sinon imprévue, des politiques menées par la CIA et ses partenaires saoudiens.
Troisièmement, la perception américaine de l'Iran et de la Russie comme étant des ennemis implacables de l'Amérique est à bien des égards dépassée. Elle est également une prophétie auto-réalisatrice. Un rapprochement vers ces deux pays est possible.
Quatrièmement, sur le plan tactique, la tentative des Etats-Unis de mener une guerre sur deux fronts contre Assad et l'EI a échoué. Chaque fois qu'Assad a été affaibli, des sunnites djihadistes, l'EI et le Front al-Nusra, sont venus de combler le vide.
Assad et ses homologues irakiens peuvent vaincre l'EI si les Etats-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran fournissent une couverture aérienne et un appui logistique. Oui, Assad doit rester au pouvoir. Oui, la Russie doit conserver un allié en Syrie. Et oui, l'Iran doit avoir une influence dans la région. Les attaques terroristes vont sans doute continuer, peut-être même au nom de l'EI pendant un certain temps. Mais le groupe se verra refuser sa base d'opérations en Syrie et en Irak.
Un tel résultat ne va pas seulement mettre un terme à l'EI sur le terrain au Moyen-Orient : de manière plus générale, il pourrait préparer le terrain à une réduction des tensions régionales. Les Etats-Unis et la Russie pourraient commencer à inverser leur nouvelle guerre froide récente grâce à des efforts communs pour éradiquer le terrorisme djihadiste. (Une promesse que l'Otan ne propose pas l'adhésion à l'Ukraine, ni une escalade dans les défenses antimissiles en Europe orientale, pourrait également être des éléments favorables.)
Il y a plus. Une approche coopérative pour vaincre l'EI donnerait une raison et une possibilité à l'Arabie saoudite et à la Turquie de trouver un nouveau modus vivendi avec l'Iran. La sécurité d'Israël pourrait être améliorée en intégrant l'Iran au sein des relations de coopération économique et géopolitique avec l'Occident, en renforçant ainsi les chances d'un règlement à deux Etats avec la Palestine, attendu depuis longtemps.
La montée de l'EI est un symptôme des lacunes de la stratégie actuelle de l'Occident, en particulier des Etats-Unis. L'Occident peut vaincre l'EI. La question est de savoir si les Etats-Unis vont entreprendre la réévaluation stratégique nécessaire pour réaliser cet objectif.
J. D. S.
*Professeur de développement durable, professeur de politique de la santé et de la gestion, directeur de l'Institut de la Terre à l'université Columbia et Directeur du Développement durable et solutions réseau des Nations unies.
In project-syndicate.org


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.