Photo : S. Zoheir Par Ali Boukhlef «[…] J'ai décidé, à la grâce de Dieu, de me présenter aux élections présidentielles d'avril prochain comme candidat indépendant.» En prononçant cette phrase jeudi dernier à 15 heures au sein de la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, Abdelaziz Bouteflika savait qu'il venait de prononcer la phrase la plus importante de son discours de candidature. Cela a suffi aux 5 000 invités pour enflammer une salle déjà largement ornée pour accueillir un événement qui, sans être historique, a ceci d'atypique : l'équipe qui a préparé la cérémonie n'a rien laissé au hasard. C'était tellement bien préparé que même les bus qui ont transporté ses milliers de partisans n'ont pas fait grand bruit autour d'une enceinte olympique souvent inaccessible à cause des embouteillages. Les processions de bus –ceux du transport universitaire essentiellement- et des véhicules réquisitionnés pour l'occasion ont commencé tôt le matin et les organisateurs ont fait en sorte que la mise en place se fasse en douceur. Et pour mettre tout le monde à l'aise, 8 000 sandwichs ont même été acheminés de la résidence d'Etat de Club des Pins. Mais parmi ces invités, certaines têtes se distinguent. A côté des chefs des partis de l'Alliance présidentielle étaient présents d'anciens ministres, cadres, ambassadeurs, officiers de l'armée et même d'anciens opposants, à l'image du général de corps d'armée, Mohamed Lamari, et des députés, venus parfois de partis de l'opposition. Mais tous les partisans, anciens et nouveaux, du chef de l'Etat étaient là. Certains, à l'image de Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, n'ont pas fait le déplacement, à cause apparemment de couacs survenus la veille entre les membres du comité d'organisation sur des problèmes protocolaires, notamment. Ce ne sont pourtant que de petits détails. Mais le plus remarquable est sans doute le caractère grandiose de cette cérémonie. Car les organisateurs ont mis de gros moyens pour réussir un tel événement : trois écrans géants, des projections data show, jeux de lumière, caméras à profusion… et le tout sur un fond bleu prédominant, ce qui donne l'impression, pour beaucoup de personnes présentes, que nous étions dans un meeting de Barack Obama ou de Nicolas Sarkozy. La boîte événementielle belge qui a concocté cela a tellement voulu bien faire que même les couleurs nationales ont été oubliées. Mais pas le slogan, bien choisi, lui aussi. Puisque Abdelaziz Bouteflika est passé de «Algérie de la dignité» en 1999 à «Algérie forte et digne» en 2004 et à … «Algérie forte et sereine» en 2009. L'autre moment fort de cette cérémonie, en plus de la projection d'un film documentaire retraçant le parcours du président candidat, est l'entrée, fracassante, de Abdelaziz Bouteflika. Sorti du bout de la salle, parcourant d'un pas alerte tout le parterre au milieu d'une foule hystérique, le maître de la cérémonie a achevé son parcours sur une belle estrade où est installé un beau pupitre transparent. Salutations d'usage pendant cinq minutes et le discours commence. Les premières phrases, prononcées avec un peu plus d'aisance que ce dont nous avions l'habitude ces derniers temps, ont mis les supporters dans l'ambiance d'un meeting électoral. Une ambiance qu'ils ont sauvegardée tout au long des 40 minutes de l'allocution qui a brassé de tout : de la carrière de l'homme à son bilan à la tête de l'Etat, jusqu'à ses propositions pour le mandat qui va venir. Le discours terminé, Bouteflika promet à ses partisans d'être plus précis les prochaines semaines. La foule, qui semblait le prendre au mot, a quitté la belle salle dans le calme.