Photo : DR Par Ghada Hamrouche Après des mois de léthargie dans les discussions autour de l'avenir du Sahara occidental, Christopher Ross, le nouvel émissaire onusien, entamera la semaine prochaine une visite dans la région. Une information rendue publique vendredi dernier par M. Ahmed Boukhari, représentant du Front Polisario auprès de l'ONU. Selon la même source, M. Ross se rendra d'abord au Maroc, puis il rencontrera le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, à Tindouf le 21 février avant de se rendre à Alger et à Nouakchott. Mme Marie Okabe, la porte-parole de l'ONU s'est, quant à elle, contentée d'affirmer que M. Ross se rendrait prochainement dans la région sans toutefois donner une date précise. Selon M. Boukhari, le but de la tournée de M. Ross est de faire le point des perspectives «en vue d'une reprise du processus de négociation de Manhasset». Une allusion claire aux processus de négociations lancés en juin 2007 entre le Maroc et le Polisario à Manhasset, près de New York, sous l'égide de l'ONU. Quatre séries de ces négociations ont déjà eu lieu mais se sont révélées infructueuses. Le Polisario avait alors dénoncé le blocage marocain qui refusait de discuter toute autre option que l'autonomie.Une nouvelle série de pourparlers est prévue à une date non fixée à ce jour. M. Ross, diplomate américain chevronné, a été nommé début janvier à son poste, succédant au Néerlandais Peter Van Walsum. Ce dernier, a montré une claire position en faveur de l'option marocaine en affirmant que l'indépendance était irréaliste. Son mandat qui expirait en août n'a pas été renouvelé. Le Maroc, qui veut rallier à sa cause toutes les parties internationales passibles d'influer sur la question sahraouie, reçoit prochainement des responsables du Parti socialiste espagnol. Une visite qui ne serait pas du goût du président de la Coordination espagnole des associations de solidarité avec le peuple sahraoui (CEAS), José Taboada. Ce dernier a exprimé son «inquiétude et sa préoccupation» sur le contenu de la visite qu'effectue au Maroc la responsable des relations internationales du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Elena Valenciano. M. Taboada a exprimé, dans un communiqué, son «profond rejet» de voir inclure dans le programme de visite de cette responsable socialiste une entrevue avec des membres de «l'organe [NDLR : le Conseil royal consultatif pour les Affaires sahariennes [CORCAS] avec lequel le Maroc tente de légitimer son occupation illégale du Sahara occidental». La secrétaire chargée de la politique internationale et de la coopération du PSOE s'est rendue à Rabat pour «se réunir avec des membres du gouvernement marocain, des partis politiques et du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes [CORCAS] afin de connaître l'état du conflit du Sahara occidental», selon les médias espagnols. «Cet organe ne représente que le gouvernement marocain et le roi qui l'a désigné», affirme M. Taboada qui rappelle que «ni elle [Mme Valenciano] ni le gouvernement socialiste espagnol ne doivent oublier que, selon l'ONU, le Front Polisario est le seul représentant légitime du peuple sahraoui». «Les autorités marocaines d'occupation ne pourront jamais usurper le droit à l'autodétermination et à l'indépendance des Sahraouis, à travers l'organisation d'un référendum libre, juste et transparent comme prescrit par les Nations unies depuis plusieurs décennies», affirme encore M. Taboada dans son communiqué parvenu à l'agence de presse algérienne (APS). Il a également rappelé que le mouvement solidaire avec le peuple sahraoui a toujours souligné que les «bonnes relations hispano-marocaines ne peuvent se faire au détriment du peuple sahraoui et sous le chantage permanent des autorités marocaines». M. Taboada a estimé par ailleurs que l'Espagne et l'Union européenne (UE) «peuvent jouer un rôle très important dans la démocratisation du Maroc», bien que cette dernière, a-t-il précisé, «ne sera jamais fondée sur des bases solides si l'on récompense les bourreaux et l'on punit les victimes, et si l'on tente de donner une couverture à l'invasion illégale et par la force des armes d'un territoire voisin sur lequel nous continuons d'avoir une grande responsabilité historique, politique, voire juridique». Dans ce contexte, le président de la CEAS a rappelé que, pour l'ONU, l'Espagne «demeure la puissance administrante» de cette ancienne colonie espagnole, et que les «droits de l'Homme y continuent également d'être violés quotidiennement».