L'attentat de Gaziantep est survenu le jour où le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé que la Turquie souhaitait jouer un rôle «plus actif» dans la solution à la crise en Syrie afin de «faire cesser le bain de sang». Ankara semble vouloir changer de posture dans une tragédie syrienne qui l'aura particulièrement fragilisé Au moins 50 personnes ont été tuées dans un attentat-suicide lors d'un mariage dans le sud-est de la Turquie. Le plus meurtrier cette année dans le pays et qui porte, selon certains observateurs la signature du groupe Daech. Il s'agit ainsi de l'attaque la plus meurtrière pour la Turquie endeuillée depuis un an par une vague d'attentats sanglants attribués au groupe Daech ou au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), notamment à Ankara et à Istanbul. L'attentat a visé un mariage auquel assistaient de nombreux Kurdes et a également fait près d'une centaine de blessés dans la ville de Gaziantep, proche de la frontière syrienne. Condamnant le carnage le président turc Recep Tayyip Erdogan a fustigé les ennemis de son pays. «Notre pays, notre nation ne peuvent que réitérer un seul et même message à ceux qui nous attaquent : vous échouerez!», a-t-il dit. Erdogan a jugé que les auteurs de l'attaque avaient pour objectif de semer la division entre les différents groupes ethniques vivant en Turquie. L'attentat sanglant n'a pas tardé à faire réagir. Le président russe Vladimir Poutine a condamné «la cruauté et le cynisme» de cette attaque. L'ambassadeur des Etats-Unis John Bass a «condamné l'attaque barbare de civils innocents». Un responsable turc a indiqué que le mariage «se déroulait en plein air» et dans un quartier du centre de Gaziantep à forte concentration kurde, ce qui renforce la piste Daech. D'après l'agence de presse Dogan, le kamikaze s'est mêlé aux invités (dont un grand nombre de femmes et d'enfants) avant d'actionner sa charge. Les forces de sécurité sont désormais à la recherche de deux personnes qui l'accompagnaient. Sur le plan intérieur le parti pro-kurde HDP a condamné l'attentat affirmant que «beaucoup de Kurdes ont perdu la vie». Le sud-est et l'est de la Turquie ont été secoués en milieu de semaine par trois attentats qui ont fait 14 morts et qui ont été attribués par Ankara à la guérilla kurde qui semble, après une relative trêve à la suite du coup d'Etat manqué, avoir repris une campagne intense d'attentats. Gaziantep est devenue le point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre dans leur pays et dont 2,7 millions, vivent en Turquie. Mais la zone abriterait, en dehors des réfugiés et des militants de l'opposition, un nombre significatif d'éléments de groupes armés actuellement actifs en Syrie. La Turquie est souvent accusée d'avoir abrité aux frontières, voire encouragé, les groupes armés dans l'objectif de voir tomber le régime en Syrie. L'attentat de Gaziantep est survenu le jour où le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé que la Turquie souhaitait jouer un rôle «plus actif» dans la solution de la crise en Syrie afin de «faire cesser le bain de sang». Ankara semble vouloir changer de posture dans une tragédie syrienne qui l'aura particulièrement fragilisé. Le choix politique de la Turquie et son rôle dans l'instabilité de son voisin du sud aura été désastreux. Il menace désormais de réactiver ce qu'Ankara n'a eu de cesse de redouter : la question kurde. R. I. L'attentat de Gaziantep «commis par un kamikaze qui avait entre 12 et 14 ans» Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré hier que l'attentat de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a été commis par «un kamikaze qui avait entre 12 et 14 ans et qui soit s'est fait exploser, soit portait des explosifs actionnés à distance». Le Président a fait état, lors d'une conférence de presse à Istanbul, d'un bilan de 51 morts après l'attentat le plus meurtrier en un an en Turquie, lors d'un mariage auquel assistaient de nombreux Kurdes, réaffirmant que ses soupçons se portaient sur le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique» (EI/Daech). «D'où que vienne la terreur, cela ne change rien pour nous», a déclaré M. Erdogan. «En tant que nation, nous utiliserons toute notre force, unis, main dans la main, pour lutter contre le terrorisme comme nous l'avons fait le 15 juillet», a-t-il ajouté, en référence au putsch raté mené par une faction de l'armée.