Au moment où l'enseignement des langues dans les universités et dans le secteur de l'éducation fait défaut, un véritable rush est enregistré dans les établissements appartenant aux ambassades des pays étrangers ainsi que certaines écoles privées. Ainsi, combien de fois, un lecteur d'un quotidien rencontre ce genre d'annonces : «Ecole… propose des formations en langues : anglais, français, espagnol, allemand, cours intensifiés durant la journée et cours du soir. Institut de hautes études… vous propose des formations diplômantes en anglais avec possibilité de continuer à l'étranger» ? Des dizaines, voire des centaines. En effet, des étudiants, des diplômés, des professeurs d'université, mais surtout des commerçants et des hommes d'affaires, s'inscrivent ainsi dans ces établissements pour améliorer leur niveau ou apprendre carrément cette langue. A l'Institut Cervantès, on nous indique que des cours «spécifiques» sont dispensés à la catégorie des hommes d'affaires. «En plus des cours de l'enseignement général dédiés à tout le monde, des cours dits spécifiques sont organisés à la demande des commerciaux. On a même des contrats avec des grandes sociétés, telles que Sonatrach, ou les entreprises espagnoles activant ici en Algérie et ce, pour faire apprendre l'espagnol à leur personnel», nous a indiqué Luis Paniagua, directeur des études de cet établissement. Et d'avouer que même le personnel de la présidence algérienne ainsi que celui relevant du ministère de la Défense nationale viennent prendre des cours. Ce responsable nous a indiqué que le nombre des Algériens désirant apprendre la langue de Neruda ne cesse d'augmenter. «Ayant travaillé au Brésil, aux Etats-Unis, je peux vous assurer que les Algériens sont plus réceptifs et apprennent plus rapidement que les autres», ajoute-t-il. Même son de cloche chez Mario Paolini, directeur de l'Institut italien en Algérie. «Les statistiques montrent qu'il s'agit d'une courbe ascendante concernant le nombre d'Algériens voulant apprendre l'italien.» Du côté des entreprises, Sonatrach vient pratiquement en tête, avec les établissements bancaires dans le volet ayant trait à l'enseignement des langues étrangères au profit de leurs cadres. «On fait cycliquement des sessions de formation en langues étrangères pour nos fonctionnaires», nous a indiqué un cadre au niveau du département des ressources humaines à Sonatrach. Quant aux chancelleries des pays anglophones, elles n'ont pas lésiné sur les moyens. En effet, l'enseignement de l'anglais -«quand on voyage sans connaître l'anglais, selon le journaliste français Philippe Bouvard, on a l'impression d'être sourd-muet et idiot de naissance»- est largement répandu en Algérie à la faveur de la vingtaine de programmes sous forme de bourses d'échanges pour des enseignants de l'enseignement secondaire ou supérieur, ainsi que des programmes destinés aux jeunes. A titre indicatif, l'Oncle Sam, via son ambassade, a proposé le Programme d'enseignants d'anglais associés et le programme Fulbright, ainsi que celui dit «le FLTA». Mais le plus important de ces programmes est incontestablement le PSP. Il s'agit d'une politique visant à former quelque 7 300 personnes.