L'eurodéputée espagnole Paloma Lopez a exhorté l'Union européenne (UE) à prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir le respect des droits de l'Homme au Sahara occidental par les autorités marocaines d'occupation, préconisant la suspension de l'accord d'association avec le Maroc eu égard à «l'échec de la politique de dialogue». L'eurodéputée espagnole Paloma Lopez a exhorté l'Union européenne (UE) à prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir le respect des droits de l'Homme au Sahara occidental par les autorités marocaines d'occupation, préconisant la suspension de l'accord d'association avec le Maroc eu égard à «l'échec de la politique de dialogue». «Compte tenu du niveau d'utilisation de la violence contre les prisonniers politiques sahraouis et l'échec de la politique européenne fondée uniquement sur le dialogue avec les autorités marocaines d'occupation et institutions connexes tels que la Cndh, d'autres mesures sont nécessaires pour garantir le respect des obligations du Maroc en matière de droits de l'Homme, y compris la suspension de l'accord d'association», a-t-elle plaidé, citée par l'APS, dans une question écrite adressée à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Dénonçant les violations des droits de l'Homme qui s'opèrent au grand jour dans les territoires occupés du Sahara occidental et dont souffre le peuple sahraoui dans l'ensemble, et particulièrement ses défenseurs des droits humains, Paloma Lopez a cité le cas du groupe de jeunes de Sidi Ifni, arrêtés le 26 juillet dernier pour avoir manifesté afin de rappeler à l'Espagne, en tant que puissance administrante au Sahara occidental, ses obligations à l'égard du peuple sahraoui. Selon l'eurodéputée espagnole, les activistes sahraouis, Amazoz Mohamed, Mohamed Darbala, Idaris Amara, Yousaf Handa, Mabarak Fikari, Id Ali Alhosin, et Rachid Ayoub, qui manifestaient pacifiquement devant un ancien bâtiment datant du protectorat espagnol sur la ville de Sidi Ifni, ont été arrêtés et torturés au poste de police et dans la prison de Tiznit, où il sont incarcérés depuis le 27 juillet dernier. La persécution systématique des défenseurs des droits de l'Homme sahraouis par le Maroc, a-t-elle encore relevé dans une autre question, s'est accentuée, notamment avec l'arrestation de 18 étudiants sahraouis au motif de leur implication dans des activités politiques pacifiques en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, pourtant, reconnu internationalement, et dont le procès a commencé jeudi dernier à Marrakech. Elle a appelé, à ce titre, la communauté internationale à prendre position et l'UE à protéger les libertés des défenseurs des droits de l'Homme au Sahara occidental, à œuvrer pour la libération de ces jeunes et à condamner l'utilisation par les autorités marocaines du «jugement collectif» comme moyen de répression des militants sahraouis. La parlementaire européenne a invité la chef de la diplomatie européenne, en outre, à prendre toutes les mesures appropriées afin de s'assurer qu'aucun civil ne soit jugé devant un tribunal militaire et de mettre fin aux détentions arbitraires et arrestations pour des raisons politiques. Elle lui a demandé, en outre, à prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect de la dignité et des droits des prisonniers politiques sahraouis, notamment la reconnaissance de leur statut de prisonniers politiques. Citant des rapports récents de médias internationaux, Paloma Lopez a indiqué que des prisonniers sahraouis politiques,Lefkir et Mohamed El Bakai Laraabi, du groupe de Gdiem Izik, ont été attaqués violemment par des prisonniers marocains ordinaires dans la prison de Salé à Rabat, sans que les gardiens de prison marocains n'interviennent pour les protéger. Rappelant le cas du prisonnier politique M'Barek Daoudi, dont la situation a empiré après sa détention en isolement, Paloma Lopez a appelé Mogherini à «condamner publiquement» le traitement qui a été réservé par les autorités marocaines à ce prisonnier politique sahraoui, d'autant que, a-t-elle poursuivi, la délégation de l'UE à Rabat «a reconnu implicitement l'existence d'irrégularités dans son arrestation et qu'il a été victime d'un mauvais traitement». L'eurodéputée espagnole a exhorté, par ailleurs, la haute représentante de l'UE aux affaires étrangères et à la politique de sécurité à «protester officiellement» auprès du Maroc sur la «répression violente» qui s'est abattue sur les manifestants à Dakhla et à exiger une enquête impartiale sur l'assassinat, le 10 août dernier, du jeune sahraoui Mohamed Fadel Khatri Ould Ahnan par un colon marocain. Les militants sahraouis qui prônaient l'autodétermination du Sahara occidental et revendiquaient leurs droits socioéconomiques, continuent d'être la cible de répression afin de les empêcher d'exprimer leurs revendications légitimes, a soutenu Paloma Lopez. Elle en veut pour preuve, la «force excessive» utilisée par les forces marocaines lors des manifestations du 11 et 22 juin dernier, respectivement, à Laâyoune et à Smara. Elle a appelé, à ce titre, la chef de la diplomatie européenne à «condamner l'usage disproportionné de la force par les autorités marocaines d'occupation contre les manifestants sahraouis», jugeant «cette politique coloniale incompatible avec le principe du respect des droits de l'Homme sur lequel se base l'accord d'association UE-Maroc». La chef de la diplomatie de l'UE a, dans sa réponse à la question soulevée par Paloma Lopez, a affirmé que l'UE soutient les efforts du Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans un contexte d'arrangements conformes avec les buts et principes de la Charte de l'ONU. Mogherini a assuré également que l'UE suit de près la situation des droits de l'Homme au Maroc et au Sahara occidental dans le cadre de son dialogue politique avec les autorités marocaines. Il y a lieu de signaler, par ailleurs que la Mission des Nations unies pour l'Organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso) va rendre compte prochainement de ses conclusions sur la violation de l'accord de cessez-le-feu au Sahara occidental par le Maroc. Selon un responsable de l'ONU «conformément aux procédures en place, à savoir sur la base des observations de la mission et de l'appréciation des obligations des parties prévues dans l'Accord militaire no 1, la Minurso rendra compte par écrit de ses conclusions aux deux parties» du conflit. Interrogé hier par l'APS sur les efforts déployés par la Minurso pour désamorcer cette crise, le responsable onusien a répondu que la mission de l'ONU avait «intensifié ses capacités de surveillance aérienne et terrestre et a déployé ses observateurs dans la zone» tampon située à Alguergarat au sud du Sahara Occidental, où le Maroc a déployé des éléments armés en violation de l'accord de cessez-le-feu de 1991. «Tout au long de la crise, le leadership de la mission est resté en étroite concertation avec les parties, les enjoignant à maintenir le calme et à éviter toute action susceptible de provoquer une reprise des hostilités», a ajouté cette source onusienne proche du dossier. La Minurso, qui dit suivre de près la situation a confirmé dans une note interne en août dernier la présence de policiers marocains dans cette zone sensible située à la frontière avec la Mauritanie. Dans cette note confidentielle transmise pour information au Conseil de sécurité le 28 août, le Secrétariat général de l'ONU a affirmé que le Maroc a mené du 16 au 25 août une opération sécuritaire sans avertir au préalable la Minurso, violant l'accord militaire numéro un. Le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, cité dans ce document, s'est dit préoccupé par ces événements et a souligné l'importance de respecter les obligations de l'accord de 1991. En réponse, le Front Polisario a demandé au Conseil de sécurité d'exercer des pressions sur le Maroc pour retirer ses forces de la zone d'Alguergarat et mettre en place un poste de contrôle permanent de la Minurso pour empêcher d'autres incursions des forces marocaines. Le Front Polisario a également averti des répercussions de l'approche agressive de Rabat et ses conséquences dévastatrices pour la sécurité et la stabilité dans la région. R. N.