Outre la compétition, mettant en lice de jeunes troupes talentueuses, l'édition-2016 a été marquée par un important volet académique portant la réflexion sur le classement de la musique diwan et l'exploitation de la musique comme facteur de relance touristique et de développement économique durable La clôture du 10e Festival national de musique diwan à Bechar, s'est déroulée, mardi passé, au stade du 18-Février de la ville, avec la remise des prix aux trois lauréats du volet compétition de la manifestation, à laquelle a pris part une douzaine de troupes de plusieurs régions du pays. Ainsi, c'est la jeune troupe Jil Diwan El Kandoussi de la localité de Kenadsa qui a remporté le 1er prix du concours de cette 10e édition après une prestation qui avait marqué les esprits par sa justesse et son harmonie. Fondée en 2011, cette troupe composée de jeunes musiciens âgés de moins de 23 ans, avait ébloui son auditoire avec la puissance de son jeu au tbel, une particularité des troupes de Kenadsa, sa chorégraphie Koyo, son occupation de l'espace scénique ou encore son harmonie et la puissance des voix de sa chorale, rapporte l'APS. Le jury de la compétition présidé par l'artiste Lahcen Bestam, leader du groupe Essed, a également attribué la deuxième place du concours à la troupe Mâallem Fayçal Soudani d'Alger, qui avait basé sa participation sur des textes rares, alors que la troisième place du concours est revenue aux Diwan Essarab, jeune troupe récemment créée à Tindouf. Les trois lauréats se produiront à Alger en 2017 à la faveur du 9e Festival international de musique diwan. La dernière soirée du festival avait connu l'entrée en lice de Banga Nass El Waha d'Ouargla qui a brillé par des textes en Zénète, sa maîtrise des percussions et du chant mais sans pourvoir convaincre au niveau du jeu de goumbri. Fondateur d'une école de musique diwan à Mascara, la troupe Ridjal Gnawa, qui s'était également produite en compétition lors de la soirée de clôture, avait captivé le public par une mise en scène théâtralisée de son spectacle et une grande maîtrise du chant. Cette soirée de clôture a également été marquée par des hommages rendus par le commissariat du festival à des artistes emblématiques et populaires de la ville de Bechar à savoir Hasna El Bécharia qui avait annulé son concert pour des raisons de santé et la famille Damou, des praticiens du diwan depuis plusieurs générations. Venu d'Oran, le groupe Les Jaristes, alliant le terroir à la musique contemporaine, a assuré, devant un public nombreux, le spectacle de cette dernière soirée du festival sur des tons raï, rock, jazz et diwan. Inauguré vendredi passé, le 10e Festival national de musique diwan a pris fin mardi passé, après cinq jours de spectacle qui ont vu se produire sur la scène du stade olympique du 18-Février 12 troupes en compétition et six autres groupes invités venus d'horizons musicaux différents à cet unique grand événement musical de la région. Tourisme musical et le développement économique L'exploitation de la musique comme facteur de relance touristique et de développement économique durable auront été au cœur des conférences et débats du 10e Festival national de musique diwan. Cette édition aura été marquée par un volet académique qui a rassemblé six conférenciers, entre universitaires, journalistes et praticiens du diwan qui ont débattu de ses deux principaux thèmes avec les participants de cette manifestation, souligne l'APS. Ouvrant ce cycle de conférence, le sociologue Lahcen Torki avait exposé le potentiel touristique et les retombées financières d'un tourisme musical sur l'économie nationale, une relance qui fera entrer le diwan dans une ère d'industrie culturelle productive, avait-il soutenu. L'universitaire doctorante en socio-anthropologie de la musique, Kamélia Berkani avait, quant à elle, préconisé d'initier un travail de «développement social avant d'intégrer cette musique dans un processus de développement économique». Ce travail devra passer, selon elle, par l'implication effective de la population locale qui accueille ce festival, par l'identification des détenteurs de ce legs et par l'élaboration d'une offre musicale répondant aux attentes d'un large public. Ces efforts devront également, selon la chercheur, être soutenus par des campagnes médiatiques et des activités culturelles parallèles régulières, en plus d'un travail de terrain tout au long de l'année. Lancement du processus du classement du diwan Dans ce sens, les participants à cette édition ont émis des propositions dont celle de déplacer le festival dans une zone plus touristique, comme Taghit (100 km de Bechar), et pendant la période des vacances, ou celle d'impliquer les participants, chacun dans sa région, dans une campagne de promotion et dans la recherche de financements. Présentant le parcours de l'association Sauver l'Imzad qu'elle préside, l'universitaire Farida Sellal avait, de son côté, mis en exergue le rôle crucial de la société civile dans la préservation et la sauvegarde du patrimoine immatériel. Elle avait proposé aux adeptes du diwan de commencer à travailler pour la création de «Dar Diwan» réunissant les associations culturelles dédiées à ce genre. Exposant les différents projets portés par l'association Sauver l'Imzad et qui ont conduit au classement de cet instrument au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco en 2013, dont la construction de Dar l'Imzad ou l'organisation du 1er colloque international d'Imzad en 2005, l'universitaire avait proposé plusieurs pistes de réflexion à la société civile pour sauvegarder le diwan et trouver des financements et un encadrement scientifique. Plusieurs pistes pour le classement du diwan au patrimoine culturel national avaient été, par ailleurs, explorées avec les organisateurs et les participants comme l'établissement d'un diagnostic de la situation du diwan afin d'en recenser les détenteurs et la mise en place d'un projet de formation et de transmission autour duquel les associations devront se réunir en une seule organisation. Cette future organisation devra par la suite initier des événements artistiques et scientifiques autour du diwan, chercher des financements et des sponsors et surtout collaborer avec les équipes de chercheurs spécialisés. C'est dans cet optique que le wali de Bechar Mohamed Majdoub, avait annoncé dimanche passé que «le processus de classement au patrimoine national de la musique et danse diwane a été entamé dès ce jour, pour la préservation et la protection de cette expression musicale et chorégraphique traditionnelle» en précisant que «la wilaya de Bechar à travers la direction locale du secteur de la culture prendra en charge la constitution et le soutien du dossier de classement au patrimoine national des différents aspects du diwane (musique et chorégraphe)» lors de la deuxième journée du cycle conférences-débats initié par le commissariat du 10e Festival culturel national de la musique et danse diwane, qu'abrite la maison de la culture Kadi-Mohamed, rapporte l'APS. Cette annonce qui a été «favorablement» accueillie par les représentants des troupes participantes, vient conforter les efforts consentis depuis dix ans par les organisateurs, les musiciens et les chercheurs et autres universitaires pour le classement de cet important pan de la culture nationale. D. A./APS Création d'une école du Goumbri à Mascara Une école d'apprentissage du jeu du Goumbri a été récemment ouverte à Mascara à l'initiative de l'association locale Rachidia, Rijjal Gnawas, a annoncé Hassab Ali M'hamed, président de cette association culturelle, lors d'un débat sur «l'impact économique et culturel des festivals», organisé dans le cadre académique de cette 10e édition du festival diwane de Bechar Il a précisé à ce propos que «cette école où sont inscrits 205 filles et garçons de différents âges encadrés par quatre Maalmines (maître de musique diwane), est un espace dédié uniquement à l'apprentissage du jeu de cet instrument à cordes à la base de la musique Diwane», rapporte l'APS. Hassab Ali M'hamed a également souligné que «la création de cette école par notre association fondée en 1985 à l'initiative des adeptes de la musique et danse diwane de la région de Mascara, vise la pérennisation d'un legs ancestral en matière du jeu de cet instrument séculaire qui est le Goumbri, et offrir aux jeunes amoureux de la musique diwane un espace de formation sur les techniques de jeu de cet instrument». L'association Rachidia, Rijel Gnawas compte à l'avenir réaliser une opération de transcription des bordjs (chants diwane) et ce dans le but de la sauvegarde et préservation des composantes du patrimoine orale diwane.