Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La couverture sanitaire au profit des habitants des bourgs et des agglomérations périphériques de la wilaya d'Oran manque d'une vision et d'une stratégie globale. Même dans la ville, il existe un certain nombre de structures désuètes et totalement déséquilibrées. Dépourvus du strict minimum, certains centres de santé dans la ville n'ont de polycliniques que le nom. Dans certains cas, le malade n'a pas intérêt à visiter ces endroits dédiés aux soins. Du coup, tout le monde se rabat sur le grand hôpital. Ce qui ne manque pas de créer des complications certaines, notamment en matière de prise en charge et d'efficience en matière de soins et de médication. Il existe à Oran beaucoup de centres de soins, de cliniques et de polycliniques qui restent sans médecins et dans l'incapacité de répondre aux besoins des populations. C'est le cas des cliniques situées dans les communes enclavées. Le cas de la polyclinique du quartier de Kaboul dans la commune d'El Kerma est assez édifiant sur ce système de santé publique et de couverture sanitaire défaillant. Depuis plus d'une année, l'établissement sanitaire en question est dépourvu de médecins. Les soins ne sont plus assurés et les visites médicales suspendues. Deux médecins femmes recrutées dans le cadre du dispositif du préemploi ont dû exercer pendant deux années. A la fin de leurs contrats, elles ont été remerciées. Du coup, le quartier, qui englobe plus de trois cités comptant plus de 5 000 âmes, se retrouve sans couverture sanitaire. Les habitants, qui avaient l'habitude de se rabattre sur ce centre pour les urgences ou autres soins immédiats, déplorent cet état de fait. «Nous sommes obligés d'aller jusqu'à la sortie de la ville de l'autre côté de la commune pour nous rendre à la seule polyclinique en activité à El Kerma. Et, là aussi, il faut faire preuve de beaucoup de tact pour pourvoir prétendre à une prise en charge. Quand ils savent que nous sommes de Kaboul, ils refusent de nous admettre, arguant du fait que nous avons une polyclinique nous aussi», confie un vieil homme. Beaucoup de communes, comme El Braya, Boufatis, Sidi Ben Yebka, Aïn El Kerma, Boutlélis et d'autres encore rencontrent les mêmes problèmes. Cela sans compter les pénuries d'ordonnanciers, de moyens et de matériels thérapeutiques notamment les pansements, les alcools sanitaires, les produits pharmaceutiques de premiers soins, etc. Du côté des cliniques de maternité, on ne peut dire que la tutelle n'ait pas mis les moyens. Pas moins de trois maternités ont fait l'objet de réaménagement et de réhabilitation de leurs structures. Une opération de rénovation qui n'a pas touché les personnels et les mentalités anciennes, malheureusement. Ainsi, la prise en charge dans ces maternités reste insuffisante. Cela va de l'accueil des malades, aux soins qui leur sont prodigués et à l'accompagnement des femmes qui viennent d'accoucher. Les complications post-naissance ne sont pas explicitées aux femmes qui viennent d'accoucher et les conseils thérapeutiques et contraceptifs restent également absents et insuffisants. Autant de lacunes dans des structures qui ont coûté des milliards pour leur réhabilitation, mais n'ont pas pris en charge le recyclage et le «reprofilage» des personnels médical et paramédical. Pour ce qui est de la santé scolaire, il reste également beaucoup à faire. Le taux de couverture sanitaire des élèves en milieu scolaire ne dépasse pas les 31% sur un ensemble de 273 583 élèves répartis à travers la wilaya. Pour ce qui est des soins bucco-dentaires, les unités de soins scolaires (UDS) ont assuré des visites à quelque 113 000 élèves. Mais la prédominance des maladies oculaires, des surdités, la progression des maladies respiratoires ainsi que les allergies de plus en plus fréquentes représentant plus de 42% de l'ensemble des élèves auscultés inquiètent les observateurs qui déplorent une mauvaise prise en charge de ces pathologies. Pas moins de 15 000 élèves souffrent de problèmes de vue et nécessitent une prise en charge urgente. C'est dire qu'il y a beaucoup de choses à faire encore.