La Cour internationale de Justice (CIJ) s'est déclarée, hier, incompétente pour instruire la plainte des Iles Marshall contre le Royaume-Uni, de même que celles contre l'Inde et le Pakistan, à qui elles reprochaient de ne pas avoir abandonné «la course» à l'armement nucléaire. Les seize juges de la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU, ont retenu un argument du Royaume-Uni fondé sur «l'absence de différend entre les parties» et estimé «qu'elle ne peut procéder à l'examen de l'affaire au fond», a déclaré le président de la Cour, Ronny Abraham. Théâtre de nombreux essais nucléaires dans les années 1940 et 1950, les Iles Marshall, un archipel situé au cœur de l'océan Pacifique, tentent de remettre en lumière la menace des armes nucléaires. Majuro estime que les trois puissances nucléaires en question n'ont pas pris «toutes les mesures nécessaires» pour s'acquitter de leurs obligations au regard du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968. Le petit Etat les accuse de ne pas avoir respecté le TNP, ratifié par Londres mais pas par Islamabad ni New Delhi, qui oblige les Etats à «poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures relatives au désarmement nucléaire». Initialement, la démarche de l'archipel en 2014 visait également la Chine, la Corée du Nord, la France, la Russie, les Etats-Unis et Israël, qui n'a toutefois jamais confirmé officiellement détenir l'arme atomique. Mais ces autres plaintes ne peuvent être instruites que si les pays visés donnent leur feu vert. Entre 1946 et 1958, 67 armes nucléaires de différentes puissances ont explosé sur les atolls de Bikini et d'Enewetak. La bombe à hydrogène Castle Bravo, en 1954, est considérée comme mille fois plus puissante que la bombe atomique larguée sur Hiroshima en 1945.