A l'ouverture de cette conférence, la 9e du genre, des centaines de manifestants, dont des survivants aux bombardements nucléaires de Hiroshima et de Nagasaki, en fauteuil roulant, ont défilé à New York. Ils exigent des neuf puissances nucléaires qu'elles réduisent leurs arsenaux. Près de 45 ans après le lancement du TNP, certains, à l'image d'Angela Kance, haute représentante de l'ONU pour le désarmement, commencent à s'interroger sur son utilité, voire sa crédibilité. Des projets, tels que la création d'une zone non-nucléaire au Moyen-Orient, sont au mieux mis entre parenthèses. Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, adopté pourtant en 1996, n'est toujours pas en vigueur, faute de ratification suffisante. Ailleurs, les arsenaux se modernisent. Des pays qui ne disposaient pas de l'arme nucléaire commencent à y songer. Jan Eliasson, secrétaire général adjoint des Nations unies, ne cache pas sa peur. « Entre 1990 et 2010, la communauté internationale a pris des initiatives audacieuses en direction d'un monde dénucléarisé. Il y a eu des réductions massives des arsenaux déployés », dit-il, déplorant que « la dynamique ne soit plus la même aujourd'hui. Je suis très inquiet de constater qu'au cours des cinq dernières années, ces efforts se sont ensablés ». « Au lieu de la poursuite de propositions pour accélérer le désarmement nucléaire, il y a eu un dangereux retour à la mentalité de guerre froide », explique-t-il, en regrettant « le peu de progrès vers la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Proche-Orient et les programmes coûteux de modernisation des arsenaux américain et russe. » « J'appelle les Etats parties au traité à travailler dur et de manière constructive dans les semaines à venir pour produire un résultat qui renforcera le traité » et notamment « ses principaux objectifs qui sont d'éviter la prolifération et de parvenir à l'élimination des armes nucléaires », soutient-il. A la tribune, Mohammad Javad Zarif, ministre iranien, ne s'est pas privé, au nom des pays non-alignés, dont il assure la présidence tournante, de rappeler que les puissances nucléaires reconnues (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité) par le TNP n'ont pas respecté leurs obligations, celles de procéder à une réduction et à l'élimination de leurs arsenaux nucléaires. Le chef de la diplomatie iranienne n'a pas oublié Israël, le seul Etat nucléaire du Moyen-Orient. Il l'a appelé à adhérer au TNP et à se soumettre aux contrôles de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ban Ki-moon a plaidé, lundi dernier, pour l'élimination totale des armes atomiques. Il a exhorté les délégués à la conférence à « travailler dur » dans cette optique. Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge, a appelé les gouvernements à prendre « sans tarder » des mesures pour détruire leurs armes nucléaires. « Soixante-dix ans après les ravages causés par les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, les armes nucléaires continuent de représenter un risque intolérable pour l'humanité », dénonce-t-il. Parmi les pays disposant officiellement ou non de la bombe, seuls l'Inde, le Pakistan et Israël n'ont pas signé le Traité. Les cinq puissances nucléaires parties au TNP sont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine. La Corée du Nord s'est retirée du TNP en 2003 et a mené depuis trois essais.