Cela a été l'événement de la semaine sur les marchés financiers : l'emprunt géant lancé par l'Arabie saoudite, mercredi 19 octobre, signe l'ouverture historique de la pétromonarchie aux capitaux étrangers. Avec 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) levés – et une demande des investisseurs presque quatre fois supérieure ! –, Riyad marque aussi les esprits en récoltant une somme record pour un pays émergent. Cela a été l'événement de la semaine sur les marchés financiers : l'emprunt géant lancé par l'Arabie saoudite, mercredi 19 octobre, signe l'ouverture historique de la pétromonarchie aux capitaux étrangers. Avec 17,5 milliards de dollars (16 milliards d'euros) levés – et une demande des investisseurs presque quatre fois supérieure ! –, Riyad marque aussi les esprits en récoltant une somme record pour un pays émergent. Un joli coup pour l'Arabie saoudite, mais qui s'inscrit dans une tendance plus large. Les trois plus gros emprunts jamais réalisés par des pays émergents ont tous eu lieu en 2016, en l'espace de quelques mois. En mai, le Qatar levait 9 milliards de dollars. Surtout, un mois plus tôt, l'Argentine signait un retour triomphal sur les marchés : après quinze ans d'absence, Buenos Aires réussissait à emprunter 16,5 milliards de dollars. «Globalement, on observe un vrai appétit pour les obligations émises par ces pays», abonde Lysu Paez-Cortez, chez Natixis. Indice de cet engouement : «Les investisseurs n'ont pas vendu d'autres dettes émergentes pour acquérir de la dette saoudienne mais ils ont choisi d'augmenter leur position sur cette classe d'actifs», décrit l'analyste. Les politiques monétaires ultra-accommodantes des pays industrialisés favorisent cet enthousiasme. Alors que les banques centrales continuent à arroser consciencieusement le système d'argent frais, 40% des emprunts souverains des économies avancées se traitent aujourd'hui à des taux négatifs. A la recherche d'actifs plus rentables, les investisseurs se tournent vers les régions émergentes. La dette d'Etat n'est pas seule convoitée. L'indice MSCI Emerging Markets, qui intègre les actions de 23 économies émergentes, a gagné 15% depuis janvier. Il se prépare à afficher sa meilleure performance annuelle depuis 2012. La quête de rendement «n'est pas le seul facteur» du retour en grâce des émergents, explique dans une note Nafez Zouk, du cabinet Oxford Economics. Ces pays aux profils hétérogènes, mais regroupés sous une même appellation, ont passé – et globalement réussi – «un stress test sans précédent», souligne l'économiste. Et par là démontrer une «impressionnante résilience». Faut-il rappeler qu'il n'y a pas si longtemps les capitaux fuyaient massivement les émergents ? Entre 2011 et 2016, rappelle Capital Economics, les flux ont chuté plus brutalement encore que lors de précédents épisodes comme la crise asiatique des années 1990. Le ralentissement de la Chine a noirci un tableau déjà très assombri par la fin du boom des matières premières. Pourtant, seul un petit nombre de pays est tombé en récession et aucun n'a fait défaut. Aujourd'hui, les prix du pétrole se stabilisent et les craintes d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise se sont dissipées. L'horizon s'éclaircit pour la Russie et le Brésil qui se rapprochent d'une sortie de la récession. «Les indicateurs structurels pointent un renforcement de la situation macroéconomique», confirme Bei Xu, analyste chez Exane. La dynamique reste fragile et sujette à caution. La panne du commerce mondial n'est pas une bonne nouvelle pour ces pays. Sur le front des marchés, la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait commencer en décembre à relever ses taux. Une annonce susceptible de rebattre les cartes : à l'été 2013, la simple évocation d'un resserrement monétaire de la Banque centrale des Etats-Unis avait fait détaler les investisseurs des marchés émergents… M. d. V. In lemonde.fr