Affiliés à Al-Qaïda, les shebab ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et protégé par l'Amisom. Ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale, contre des bases de l'Amisom ou au Kenya Une position de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), a été la cible d'une attaque des insurgés shebab, hier, à Beledweyne, à 300 km au nord de Mogadiscio, dans le centre de la Somalie, ont indiqué des sources sécuritaires. Selon cette source, des tirs nourris ont précédé cette attaque au camion piégé avant que celui-ci n'explose. Mais il n'était pas immédiatement possible de déterminer si des hommes armés avaient mené ou non un assaut contre le camp tenu par les Djiboutiens. «Il y a eu une attaque-suicide visant le camp militaire djiboutien dans l'ouest de Beledweyne. Nous n'avons pas plus de détails pour l'instant, mais les informations dont nous disposons indiquent qu'un kamikaze a frappé le camp avec un véhicule rempli d'explosifs», a déclaré un responsable sécuritaire local, Abdullah Ibrahim, cité par les agences. «Ils ont utilisé un camion rempli d'explosifs et il y a des victimes, mais nous n'avons pas encore les détails», a-t-il ajouté. Les forces éthiopiennes de l'Amisom ont abandonné ces dernières semaines trois positions dans la région de Beledweyne, sans fournir d'explication, ce qui a probablement permis aux shebab d'accentuer leur pression sur la ville. Affiliés à Al-Qaïda, les shebab ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu à bout de bras par la communauté internationale et protégé par l'Amisom, forte de 22 000 hommes. Confrontés à la puissance de feu supérieure de l'Amisom, déployée en 2007, les shebab ont été chassés de la capitale Mogadiscio en août 2011, et ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides, souvent jusque dans la capitale ou contre des bases de l'Amisom. Ces derniers mois, ils ont revendiqué des attaques, tant à Mogadiscio que contre des bases de l'Amisom ou au Kenya qui partage une logue frontière avec la Somalie. Les shebab ont d'ailleurs mené dans la nuit de lundi à mardi une autre attaque à l'explosif contre une maison d'hôtes dans la ville de Mandera, dans l'extrême nord-est du Kenya, a rapporté, hier, le quotidien Le Monde. Au moins douze personnes, onze hommes et une femme, dans l'explosion d'une bombe artisanale qui a détruit une partie du bâtiment. «Des officiers de sécurité en patrouille ont accouru immédiatement, ont bouclé la zone et commencé les opérations de secours. Tous les occupants de l'hôtel ont été évacués et six ont été sortis vivants des décombres pour le moment», a précisé au journal un responsable local. Lors d'une conférence de presse, le gouverneur du comté de Mandera, entouré de plusieurs homologues des comtés voisins, a «condamné un acte odieux» revendiqué par les terroristes via le site de leur station, Radio Andalus, qui ont affirmé avoir tué 15 personnes, dans une volonté de chasser les «infidèles» du nord-est du Kenya, où vit majoritairement une population musulmane d'ethnie somalie. Le nord-est du Kenya est le théâtre depuis environ trois mois d'une recrudescence d'attaques attribuées aux shebab. Mandera a ainsi été frappée pour la deuxième fois en moins d'un mois : le 6 octobre, un commando islamiste avait tué six personnes dans un complexe résidentiel abritant des employés du secteur du bâtiment. Le 22 septembre, c'est un poste de police dans la localité de Liboï qui avait été attaqué par plusieurs dizaines de combattants, finalement repoussés par les forces de sécurité kényanes. En juillet, le poste de Diff, dans le comté de Wajir, toujours frontalier de la Somalie, avait à son tour été visé. Outre la menace shebab, les élections générales prévues en août 2017 sont susceptibles d'alimenter les tensions au Kenya, y compris dans le nord-est. Selon plusieurs sources sécuritaires, les tensions politiques sont vives dans le comté de Mandera, en vue de l'élection du futur gouverneur. «Certains hommes politiques pourraient vouloir rendre la situation difficile pour d'autres, de sorte que l'état d'urgence soit déclaré dans le comté et que les élections ne se déroulent pas en 2017 dans cette région», a estimé un haut responsable sécuritaire cité par Le Monde. R. C.