La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu'elle a, dit le proverbe français. La Fédération algérienne de football (FAF), aussi. Et elle vient de le prouver encore en donnant aux Fennecs un nouveau sélectionneur qui est un vieux cheval de retour, en la personne de George Leekens (67 ans). Le Belge est ainsi le 56e sélectionneur national de football en 53 ans de vie des Verts ! Mac the Knife, ainsi que fut surnommé l'ex-défenseur rugueux du FC Bruges, connaît un peu la sélection algérienne qu'il a déjà entraînée en 2003. Il l'avait qualifiée à la phase finale de la CAN-2004, après sept matchs en seulement six mois de travail. Officiellement, des «raisons familiales» seraient à la base de la rupture à l'amiable de son court contrat. Côté palmarès de joueur, «Long Couteau», comme on le surnommait également, a été cinq fois champion de Belgique et une fois vainqueur de la Coupe du Roi avec le FC Bruges. Dans les championnats nationaux, il a entraîné 11 clubs en Belgique et deux à l'étranger, en Turquie et en Arabie saoudite précisément. En guise de titres, il fut une fois champion avec le FC Bruges et deux fois vainqueur de la Coupe de Belgique avec les deux clubs de Bruges, le FC et le KSV. Son expérience à l'étranger et comme sélectionneur national est assez limitée : trois clubs entraînés et trois sélections coachées, les Diables Rouges, les Verts algériens et les Aigles de Carthage. La FAF n'a sans doute pas déniché un mouton à cinq pattes ! Il est vrai qu'elle n'a pas assez de sous pour attirer une grosse pointure du football mondial, si tant est que cet oiseau rare aurait été disponible et n'aurait pas été rebuté par l'idée même de venir travailler en Algérie ! Cela étant dit, ce n'est pas le profil de Leekens ou sa longévité à la tête des sélections entraînées qui pose problème. La sélection algérienne a en effet vu défiler à sa barre des entraîneurs beaucoup moins huppés que celui qui a déjà entraîné la Belgique, la Tunisie et l'Algérie. Le vrai problème c'est surtout cette incapacité de la fédération à donner à l'EN un entraîneur stable et d'un certain standing. Ou à la rigueur un technicien algérien de qualité comme les Verts en ont déjà eu et qui furent d'ailleurs les seuls à avoir obtenu des titres importants. Plus problématique encore que la stature du coach, l'instabilité, très forte, à la direction des Verts, est un vrai cancer. Non seulement le foot de sélection, à de rares exceptions près, n'a jamais eu à sa tête une référence internationale, mais il avait compté, avant ce retour de Leekens, 55 sélectionneurs en 53 ans, dont 13 étrangers, 62 au total en comptant les duos ! Record mondial absolu ! On a même eu des techniciens qui auront fait des passages d'un, deux ou trois mois ! Autre record dans le record, celui de Mohamed Raouraoua comme «bouffeur de sélectionneurs» qui frappe tout aussi fortement les esprits : Rajevac aura été finalement le 10e entraîneur et le 5e étranger à travailler sous son règne absolu en à peine sept ans ! Avec les nationaux et les étrangers, le président de la FAF n'a jamais gagné quoi que ce soit, sauf d'avoir obtenu deux qualifications de suite au Mondial : il est vrai, une première dans l'histoire du foot algérien. Jusqu'ici, aucun entraîneur étranger n'a gagné quelque chose avec les Verts ou fait mieux que Vahid Hallilhodzic qui a qualifié l'Algérie au second tour d'un Mondial. Le choix d'un étranger n'est donc pas la panacée, c'est évident. Et si nul n'est prophète en son pays, une hirondelle étrangère n'a jamais fait non plus le printemps du foot de sélection, malade, entre autres, de l'instabilité chronique de son encadrement. Et souffrant notamment des faiblesses structurelles du football algérien en général : organisation antédiluvienne, management approximatif, formation quasi inexistante et infrastructures indignes d'un pays aussi riche et aussi jeune que l'Algérie. Le pays n'a pas encore de sélection apte à gagner une autre CAN ou de se qualifier de nouveau pour le second tour d'une Coupe du monde. Elle n'a pas de stades en nombre suffisant et aux normes internationales. Elle ne possède même pas un terrain gazonné ressemblant à autre chose qu'un champ de patates. Alors, finalement, Leekens ou un autre… N. K.