Daech semble céder du terrain autour de ses deux derniers fiefs, avec l'avancée des forces gouvernementales irakiennes sur Mossoul et l'opération des kurdes visant Raqqa en Syrie. Non sans tension entre acteurs. Washington ne semble pas détenir toutes les cartes en main en raison du contexte géopolitique où d'autres acteurs sur place ont leur mot à dire. Si Moscou reste en retrait, ce n'est pas le cas de la Turquie qui veut implicitement s'impliquer dans la reprise de Raqqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière turque. Le groupe Daech semble céder du terrain autour de ses deux derniers fiefs, avec l'avancée des forces gouvernementales irakiennes sur Mossoul. En Syrie, l'opération destinée à isoler la ville de Raqqa, lancée samedi, a permis aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, d'avancer depuis le nord dans la région désertique et plate qui entoure Raqqa. La principale préoccupation des FDS est de prévenir les explosions de voitures piégées conduites par des kamikazes, une arme souvent utilisée par Daech. Les FDS bénéficient d'un soutien actif des occidentaux, dont la coalition dirigée par les Etats-Unis a déployé plusieurs dizaines de conseillers sur le terrain. Les avions de cette coalition poursuivent la campagne de frappes aériennes engagée depuis plus d'un an, mais aux résultats toujours mitigés. Le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, avait averti que, «comme à Mossoul», «la bataille ne sera pas facile et le travail qui se présente sera rude». Washington ne semble pas détenir toutes les cartes en main en raison du contexte géopolitique où d'autres acteurs sur place ont leur mot à dire. Si Moscou reste en retrait, ce n'est pas le cas de la Turquie qui veut implicitement s'impliquer dans la reprise de Raqqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière turque. Ankara voudrait garder sa main sur toute évolution significative dans les zones kurdes. Malgré les résistances des kurdes. Un porte-parole des FDS, Talal Sello, a affirmé que son groupe s'était mis d'accord avec les Etats-Unis sur le fait «qu'il n'y aurait aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés dans l'offensive» de Raqqa. La Turquie, qui craint que les milices kurdes ne prennent pied à Raqqa, a mis en garde contre tout changement démographique dans cette ville à majorité sunnite. En Irak, à Mossoul, les 3 000 à 5 000 éléments de Daech présents dans la deuxième ville du pays sont désormais quasiment pris en tenaille, trois semaines après le début de l'offensive. Après être entrées dans Mossoul par l'est, les troupes irakiennes se rapprochent nettement au sud, où elles ont conquis la ville de Hamam Al-Alil, à une quinzaine de km de la périphérie. La situation évolue aussi sur le front nord-est de Mossoul, où les unités kurdes irakiennes, les peshmergas, sont entrées dans Bachiqa et annoncé avoir commencé à vider la ville des éléments armés «maison par maison». Les Etats-Unis ont annoncé avoir engagé des hélicoptères d'attaque Apache dans la bataille de Mossoul. Les appareils sont, disent les américains, notamment utilisés pour détruire les véhicules bourrés d'explosifs que des kamikazes lancent contre les forces irakiennes. Le nombre de civils déplacés depuis le début de l'offensive sur Mossoul dépasse désormais 34 000, selon un nouveau bilan établi lundi par l'Organisation internationale pour les migrations. M. B./Agences