La stratégie de démantèlement du groupe terroriste Daech se poursuit inexorablement. Acculé à Mossoul où la bataille « maison par maison » fait rage depuis 4 semaines, l'assaut a été lancé à Raqqa, à 400 km, par la coalition arabo-kurde et turkmène soutenue par les Etats-Unis. Tout autant que Mossoul, piégée par les engins explosifs et autres snippers, il est attendu que le la bataille de Raqqa ne sera pas aussi facile. « Mais il faut entraver la capacité de Daech à mener des attaques terroristes contre les Etats-Unis, nos alliés et nos partenaires », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter. Baptisée « Colère de l'Euphrate », l'offensive a permis une percée de 10 km, à partir des deux localités d'Aïn Issa et de Suluk, au nord de la ville assiégée. Selon la porte-parole Jihan Cheikh Ahmad, la coalition syrienne a repris le contrôle de 10 villages et de plusieurs hameaux. « Nous vaincrons comme à Kobané, Tall Abyad, Hassaké, al-Hol, Chaddadé et Minbej », a-t-elle renchéri en référence aux bastions perdus par le groupe terroriste Daech et poussé dans ses derniers retranchements. « Raqqa sera libérée grâce à ses enfants arabes, kurdes et turkmènes, des héros combattant sous la bannière des FDS, avec la participation active des Unités de protection du peuple kurde (YPG) et des Unités de protection de la femme (YPJ), en coordination avec la coalition internationale », a déclaré la porte-parole de l'offensive. La « reconquête en deux étapes » de Raqqa est fortement soutenue par la coalition internationale assurant l'armement et l'encadrement par 50 conseillers américains présents sur le terrain des opérations. Une première livraison d'arsenal et d'équipements, dont des armes antichars, a été déjà effectuée, selon le porte-parole des les Forces démocratiques syriennes (FDS), basé à Hassaké (nord-est), Tala Sello. Mais cette alliance se complique non seulement par la participation des YPG à laquelle s'oppose la Turquie voisine, mais plus la mise à l'écart d'Ankara dans l'offensive de Raqqa qui, selon le porte-parole Sello, ne prévoit « aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés ». Le risque d'affrontement est réel. Il est alimenté par la décision turque de combattre le groupe terroriste Daech et les combattants kurdes à Raqqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière. Les alliés syriens de la Turquie, contrôlant les bastions frontaliers de Daech, Jarablous et Dabiq, sont maintenant aux portes de la ville d'Al-Bab, à 140 km à l'ouest de Raqqa, vers laquelle avancent également les FDS ciblés, en octobre, par des bombardements intenses de l'aviation turque. Le face-à-face est porteur de dérapages que les Etats-Unis, délégant en urgence à Ankara son chef d'état-major interarmées, Joseph Dunford, veut à tout prix éviter. Un « contact étroit » est maintenu, selon Brett McGurk, émissaire américain auprès de la coalition internationale anti-Daech. L'enjeu kurde plane sur la bataille stratégique de Raqqa.