Les lymphomes sont des maladies du sang caractérisées par la prolifération maligne de cellules lymphoïdes et réticulaires qui tendent à infiltrer tout l'organisme. Largement méconnus du grand public, les lymphomes constituent un groupe de cancers du système lymphatique qui se présente sous deux formes différentes : les lymphomes non-hodgkiniens et la maladie de Hodgkin. Ces pathologies ont fait l'objet dernièrement, d'une formation organisée par l'Institut Pasteur Algérie (IPA) et les laboratoires Roche à l'Institut IPA, à Dely Brahim. Il s'agit des 2èmes journées de diagnostic des lymphomes malins non-hodgkiniens : immuno-histochimie et hybridation in situ. Plus de 150 anatomopathologistes et techniciens algériens ont pris part à des conférences intéressantes animées, notamment par le professeur Antoine Demascarel, du CHU de Bordeaux en France, qui est une référence dans le domaine du diagnostic des lymphomes. Cette manifestation a été consacrée à l'étude des techniques de l'immuno-histochimie et de l'hybridation in situ en anatomopathologie et de leur intérêt dans le diagnostic. Les lymphomes sont uniquement traités par les hématologues, à l'exception de certains qui sont traités par les oncologues car ils sont extra-ganglionnaires. Détectées précocement, ces pathologies peuvent être soignées à hauteur de 60%. Selon le Comité algérien d'études du lymphome (GAEL), 770 nouveaux cas de lymphomes sont enregistrés par an. Les premiers signes d'un lymphome peuvent être confondus avec ceux de maladies bénignes : fièvre (particulièrement la nuit), état grippal, apparition de ganglions (cou, aisselles, aine, clavicule), perte de poids inexpliquée, inanition, fatigue, essoufflement, céphalées… Ces symptômes peuvent être passagers et liés à une autre maladie bénigne, mais quand ils persistent, ils peuvent signifier l'existence d'une maladie maligne comme le lymphome. Le dépistage se fait au niveau des médecins généralistes, ORL, internistes…. Les conférenciers ont mis l'accent sur la nécessité de développer et d'améliorer ces techniques de diagnostic en Algérie, et surtout d'étendre leur utilisation à tous les centres d'anatomopathologie à travers le pays, étant donné qu'aujourd'hui elles ne sont maîtrisées qu'au niveau de quelques centres. Ces techniques vont permettre aux pathologistes de jouer un rôle dans la prise en charge thérapeutique plus appropriée des patients. L'immuno-histochimie permet de typer le lymphome et de le classer pour déterminer son pronostic et guider le traitement. Selon le professeur Antoine Demascarel, le diagnostic précis, grâce à ces techniques, permettrait de mettre le patient sous traitement ciblé et de ne pas se tromper de traitement avec toutes les incidences que cela implique (aggravation du cas du patient, perte du patient, perte financière…) : «Pour arriver au traitement adéquat, il faut d'abord déterminer le type de lymphome (B ou T), le lymphome de type B étant le plus répandu (80%). Le bon diagnostic fait au niveau de l'anapath facilite et guide le traitement.» Il faut savoir qu'un lymphome détecté précocement peut être guéri. La chimiothérapie traditionnelle (CHOP) seule ne suffit pas pour assurer une rémission complète et de longue durée ; mais, quand elle est associée au Rituximab, le patient ne court aucun risque de rechute pendant au moins 4 ans et jusqu'à 7 ans (lymphome indolent). Les patients âgés sont traités pour guérison, et les sujets plus jeunes atteints de lymphomes et mis sous maintenance voient leur durée de rémission significativement améliorée (complète ou continue). De son côté, le professeur Belarbi, du CHU Mustapha, a souligné que «le médecin généraliste a un grand rôle dans le premier dépistage. Il est responsable de la mise sous diagnostic anatomopathologique nécessaire quand il perçoit des symptômes persistants et c'est dans ce sens que nous avons organisé l'année dernière une formation en direction des médecins généralistes». R. S.